Des ForêTs du Congo au Centre de Motubo: le Retour des Combattants

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Des ForêTs du Congo au Centre de Motubo: le Retour des Combattants
Des ForêTs du Congo au Centre de Motubo: le Retour des Combattants

Laith Mushtaq

CE Qu’Il Faut Savoir

Dans le centre de Mutobo, au Rwanda, des anciens combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda partagent leurs récits de retour après des années de conflit en République démocratique du Congo. Le programme de réhabilitation vise à intégrer ces combattants dans la société, offrant un soutien psychologique et économique pour favoriser la paix durable.

Africa. Dans l’une des salles du centre de Mutobo, au nord du Rwanda, Mbali Hafashimana Amos, ancien combattant des Forces démocratiques de libération du Rwanda, raconte son parcours depuis les forêts de l’est de la République démocratique du Congo jusqu’à l’intérieur du Rwanda.

Amos est d’origine hutu et a combattu au sein des Forces démocratiques de libération du Rwanda, formées par des restes de l’armée rwandaise responsable du génocide contre les Tutsis en 1994, avant de fuir de l’autre côté de la frontière.

Il déclare à une source locale: “En avril dernier, lors des combats contre le mouvement M23, nous avons dû nous retirer dans une zone difficile où nous n’avons rien pu trouver à manger.”

Il ajoute que lorsqu’il a décidé de se rendre cette année, il pensait qu’il serait tué, mais il a été surpris d’apprendre qu’il avait été transféré dans un centre de réhabilitation à Mutobo, où il suit un programme civil et économique complet.

Un témoignage similaire est fourni par Nzaizinga Ivariste, un ancien sergent des Forces démocratiques de libération du Rwanda, qui est arrivé au Rwanda en septembre dernier. Il déclare: “Tendre la main à l’ennemi était terrifiant”, citant sa direction qui leur disait que le Rwanda “était un pays pour les Tutsis et qu’il n’y avait pas de place pour les Hutus, et que si nous y allions, nous serions tués”, qualifiant ce récit de “mensonges”.

Cybrian Mudiye, un officier à la retraite qui dirige le centre de Mutobo, explique que les combattants “sont généralement dans un état de peur intense à leur arrivée en raison de l’idéologie qu’ils ont reçue”, mais il ajoute que “la peur s’estompe progressivement” au fur et à mesure que les étapes de réhabilitation commencent.

Rwanda: Intégration des anciens combattants

Depuis 2001, le Rwanda a entrepris des efforts sérieux pour intégrer les anciens combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda dans la société.

Le processus commence dès que les combattants traversent la frontière depuis l’est de la République démocratique du Congo. Après avoir remis leurs armes, ils sont transférés dans un centre spécialisé pour leur réhabilitation et faciliter leur retour à la vie normale.

Le centre de Mutobo pour le désarmement et la réintégration est situé près de la ville de Musanze, au nord du Rwanda, et fonctionne sous la supervision de la Commission rwandaise pour le désarmement et la réintégration.

Sa mission est de désarmer les anciens combattants des groupes armés venant de l’est de la République démocratique du Congo, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda, et de les préparer à un retour à la vie civile grâce à une formation et un soutien financier.

Les autorités rwandaises estiment que des dizaines de milliers de personnes ont passé par le centre depuis sa création, et elles indiquent qu’elles ont enregistré depuis janvier 2025 le retour volontaire d’environ six mille Rwandais en provenance de l’est de la République démocratique du Congo.

Paix après des décennies de troubles

Les efforts d’intégration n’ont pas été à l’abri des évolutions régionales. Le 27 juin dernier, le Rwanda et la République démocratique du Congo ont signé un accord de paix sous l’égide du Qatar et des États-Unis.

L’accord comprend un engagement à cesser le soutien aux groupes armés, à respecter la souveraineté et à coordonner la sécurité, ainsi que des plans pour l’intégration économique régionale.

L’origine de ce processus remonte à une rencontre à Doha entre l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, le président rwandais Paul Kagame et le président congolais Félix Tshisekedi le 18 mars dernier.

De cette rencontre a émergé un processus de négociation rwandais-congolais aux États-Unis, accompagné d’un processus congolais-congolais qui a abouti à la signature de l’accord-cadre de paix de Doha entre le gouvernement de Kinshasa et l’alliance du fleuve Congo/M23 le 15 novembre 2025.

Programme de réhabilitation

Le programme de réhabilitation fait partie du programme national rwandais de désarmement et de réintégration, et se compose de trois étapes successives.

Les combattants suivent dans la première étape des cours d’éducation civique, d’histoire et de conseil psychologique, avec des services de base fournis.

La deuxième étape dure environ trois mois, durant lesquels les combattants reçoivent une aide financière et matérielle leur permettant de rejoindre leurs familles immédiatement après avoir quitté le centre.

La troisième étape, qui est à long terme, consiste à former les combattants professionnellement et à leur fournir les outils nécessaires pour les métiers qu’ils apprennent, ainsi que des subventions financières pour les aider à lancer de petites entreprises ou à trouver des emplois.

Mécanismes de suivi et mise en œuvre de l’accord de paix

Pour garantir l’application des dispositions de l’accord, les gouvernements du Qatar, des États-Unis, de la République démocratique du Congo, du Rwanda et du Togo, en tant que médiateur de l’Union africaine, ainsi que la Commission de l’Union africaine, ont créé un comité de suivi conjoint de l’accord de paix, qui se réunit généralement à Washington.

Le 7 novembre, le comité a déclaré que les deux parties avaient convenu de mesures d’exécution à court terme pour neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda et les groupes qui leur sont associés, ainsi que de mettre en œuvre des mesures de désengagement et de lever les mesures de défense du côté rwandais.

Bien que le chemin des forêts congolaises au centre de Mutobo ne puisse effacer des années de conflit ou d’idéologie enracinée, l’augmentation des retours volontaires suggère un changement plus profond qui dépasse les frontières.

Le succès des programmes de réhabilitation dépendra de la capacité de l’accord de paix à tenir, alors que beaucoup espèrent que Mutobo se transformera d’un point de passage temporaire en un nouveau départ vers une stabilité durable qui profitera aux communautés des deux côtés de la frontière.

Depuis 2001, le Rwanda a mis en place des efforts significatifs pour réintégrer les anciens combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda. Ce processus commence dès leur retour en traversant la frontière depuis la République démocratique du Congo, où ils sont désarmés et transférés dans des centres de réhabilitation comme celui de Mutobo. Ces initiatives visent à réduire les tensions et à promouvoir la paix dans la région.

Les efforts de réhabilitation s’inscrivent dans un contexte plus large de paix régionale, notamment avec l’accord de paix signé en juin dernier entre le Rwanda et la République démocratique du Congo.

Source: Al Jazeera Net

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