Les autorités tanzaniennes ont lancé une campagne d’arrestations contre des leaders de l’opposition suite aux violences des élections récentes. Dix membres du parti Chadema sont recherchés pour des accusations de trahison et de planification d’actes de violence. Plus de 800 personnes auraient été tuées lors des manifestations, selon des sources.
Les autorités tanzaniennes ont lancé une vaste campagne d’arrestations contre des personnalités de l’opposition, suite aux manifestations qui ont suivi les élections présidentielles et législatives le mois dernier, lesquelles ont fait des centaines de morts, selon le principal parti d’opposition et des organisations de défense des droits humains.
La police tanzanienne a déclaré dans un communiqué qu’elle avait inscrit dix dirigeants du parti d’opposition Chadema sur une liste de personnes recherchées, y compris le secrétaire général du parti, John Mnyika, sa vice-présidente et la directrice des communications. Ils sont accusés de “planifier des actes de violence menaçant la sécurité publique”.
Le communiqué a confirmé que “les forces de police, en collaboration avec d’autres agences de défense et de sécurité, poursuivent une chasse sérieuse pour retrouver tous ceux qui ont planifié, coordonné et exécuté cet acte malveillant”.
Ce développement survient un jour après que le procureur général a porté des accusations de “trahison” contre 145 personnes, alors que des sources judiciaires ont indiqué que le nombre total de personnes accusées dans des affaires liées aux troubles dépassait 250 dans trois affaires distinctes, incluant des accusations de “trahison et de complot pour trahison”.
Selon les actes d’accusation, la plupart des personnes arrêtées sont accusées d’avoir tenté “d’entraver les élections générales de 2025” le jour du scrutin, prévu pour le 29 octobre, en commettant des “actes d’intimidation contre l’exécutif”.
Des centaines de personnes ont comparu devant le tribunal de Dar es Salaam hier vendredi, tandis que l’avocat de la défense, Peter Kibatala, a affirmé que les autorités cherchaient à “criminaliser l’opposition” et à étouffer tout mouvement de protestation futur.
Le parti Chadema a déclaré que les forces de sécurité avaient tué plus de 800 personnes lors de la répression des manifestations, tandis que des sources diplomatiques et sécuritaires estiment que le bilan pourrait être plus élevé, atteignant des milliers.
Le gouvernement a qualifié ces chiffres de “surestimés” et a refusé de publier un bilan officiel des victimes.
La présidente Samia Suluhu a été officiellement élue avec 98 % des voix après l’exclusion de ses principaux concurrents de la course, ce que l’opposition a qualifié de “farce électorale”. Les autorités ont également coupé l’accès à Internet pendant cinq jours consécutifs et ont interdit la diffusion des images des victimes, avant que celles-ci ne circulent largement sur les réseaux sociaux au début de la semaine.
Le leader du parti Chadema, Tundu Lissu, qui a été exclu de la course présidentielle en avril dernier, avait déjà été accusé de trahison, et son exclusion, ainsi que celle d’autres concurrents, est considérée comme le déclencheur de la récente vague de colère populaire dans le pays.
La Tanzanie a connu des tensions politiques croissantes, surtout après les élections présidentielles et législatives. Les accusations de fraude électorale et la répression des voix dissidentes ont exacerbé les conflits.
Les partis d’opposition, notamment Chadema, ont dénoncé des violations des droits humains et des tentatives de museler la contestation. La situation actuelle est le résultat d’années de tensions accumulées entre le gouvernement et l’opposition, exacerbées par des mesures répressives.





