CE Qu’Il Faut Savoir
L’Érythrée a annoncé son retrait de l’IGAD, invoquant l’incapacité de l’organisation à garantir la stabilité régionale. Le gouvernement a exprimé des préoccupations concernant l’utilisation politique de l’IGAD contre certains États membres, notamment l’Éthiopie. Le secrétaire général de l’ONU a également fait part de son inquiétude face à cette décision.
Africa. L’Érythrée a annoncé son retrait de l’Organisation intergouvernementale pour le développement (IGAD), tandis que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a exprimé son inquiétude face aux tensions entre Asmara et Addis-Abeba.
Dans un communiqué, le ministère érythréen des Affaires étrangères a indiqué qu’Asmara avait informé le secrétaire général de l’IGAD que sa décision de se retirer était motivée par la perte du mandat légal de l’organisation et son incapacité à assurer la stabilité régionale ou à répondre aux aspirations des peuples de la Corne de l’Afrique.
L’Érythrée a accusé l’organisation d’être devenue un instrument politique utilisé contre certains États membres, faisant référence à l’Éthiopie avec laquelle elle entretient des relations tendues.
Le gouvernement érythréen a affirmé que la persistance de l’IGAD à se soustraire à ses obligations légales rendait sa présence au sein du bloc inutile.
Le communiqué a rappelé que l’Érythrée avait réactivé son adhésion en juin 2023 dans l’espoir de stimuler le processus de réforme de l’organisation, mais qu’elle n’avait constaté aucune amélioration dans ses performances.
Décision regrettable
De son côté, l’IGAD a exprimé son regret face à la décision du gouvernement érythréen de se retirer de l’organisation.
Dans un communiqué, elle a rappelé que l’Érythrée avait déjà suspendu son adhésion pendant deux décennies, et que le sommet de l’IGAD en juin 2023 avait décidé du retour de l’Érythrée au sein de l’organisation, dans un geste de solidarité confirmant un engagement collectif en faveur de l’intérêt régional et du renforcement de la coopération. Le secrétariat général, souligne le texte, est resté ouvert et a agi de manière positive pour le bien de l’organisation.
Le communiqué précise que la décision de retrait a été prise sans présenter de propositions concrètes ni engager de consultations sur des réformes institutionnelles ou des politiques spécifiques, affirmant que les canaux consultatifs existants sont toujours demeurés ouverts au dialogue.
Il ajoute que l’IGAD poursuivra ses contacts avec le gouvernement érythréen et l’encouragera à reconsidérer sa décision et à revenir pleinement dans l’organisation de bonne foi, afin de servir les objectifs communs de paix, de stabilité et de développement dans la région.
Enfin, le communiqué réaffirme l’engagement de l’IGAD à œuvrer pour renforcer la coopération régionale et le dialogue collectif au service des peuples de la Corne de l’Afrique.
Rancunes de l’histoire et de la géographie
Il est à rappeler que le premier retrait de l’Érythrée de l’IGAD a constitué une étape cruciale dans l’histoire des relations entre les deux parties.
En 2007, Asmara avait annoncé son retrait de l’organisation pour protester contre les accusations portées contre l’Érythrée de soutenir le mouvement somalien Al‐Shabaab. L’Érythrée avait rejeté ces accusations et accusé l’Éthiopie d’agression contre elle et contre la Somalie. À l’époque, Asmara avait reproché à l’IGAD de s’aligner sur Addis‐Abeba.
À la suite de l’accord de paix entre l’Érythrée et l’Éthiopie en 2018, les relations se sont améliorées et l’Éthiopie a demandé à l’IGAD, aux Nations unies et à l’Union africaine de coopérer avec l’Érythrée et de lever les sanctions à son encontre, ouvrant la voie au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays. L’Érythrée a officiellement repris son adhésion et participé au 14e sommet ordinaire de l’IGAD.
Le retrait actuel suscite des inquiétudes quant à une possible montée des tensions entre l’Érythrée et l’Éthiopie, qui avaient mené une guerre frontalière terminée il y a 25 ans par un accord signé en Algérie.
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a exprimé son inquiétude face aux tensions entre l’Éthiopie et l’Érythrée, soulignant que toute nouvelle escalade entre les deux pays menacerait la stabilité fragile de la Corne de l’Afrique.
Le premier retrait de l’Érythrée de l’IGAD en 2007 a marqué un tournant dans les relations entre les deux parties, Asmara protestant contre des accusations de soutien à Al‐Shabaab. Après un accord de paix en 2018, les relations s’étaient améliorées, mais le retrait actuel soulève des inquiétudes quant à une nouvelle escalade des tensions avec l’Éthiopie.
Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a exprimé son inquiétude face aux tensions persistantes entre l’Éthiopie et l’Érythrée, rappelant que toute escalade pourrait menacer la stabilité fragile de la Corne de l’Afrique.





