CE Qu’Il Faut Savoir
Mamadi Doumbouya, leader de la Guinée, a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle prévue le 28 décembre. Après avoir pris le pouvoir par un coup d’État en 2021, il a mis en œuvre des réformes économiques significatives.
Africa. Mamadi Doumbouya, le leader de la Guinée, a officiellement présenté sa candidature devant la Cour suprême en vue des élections présidentielles prévues à Conakry le 28 décembre. Ces élections sont considérées comme une étape cruciale pour mettre fin à la phase de transition et revenir à un gouvernement civil.
Depuis qu’il a pris le pouvoir par un coup d’État en septembre 2021 contre l’ancien président Alpha Condé, Doumbouya a entrepris d’importantes réformes dans le secteur minier et a lancé un vaste projet d’extraction de minerai de fer à Simandou, tout en renforçant les investissements dans le secteur de la bauxite, dont la Guinée possède les plus grandes réserves mondiales.
Ces réalisations économiques sont perçues comme un atout pour sa campagne électorale, surtout après avoir marginalisé ses principaux concurrents.
Doumbouya, ancien commandant des forces spéciales et âgé d’une quarantaine d’années, a bénéficié d’un large soutien populaire après son coup d’État contre Condé, qui avait suscité des manifestations en raison de sa tentative de briguer un troisième mandat controversé.
Contrairement aux pays voisins du Sahel, qui souffrent de coups d’État et de rébellions jihadistes, la Guinée a connu une relative stabilité sous son règne, accompagnée de réformes économiques notables.
Cependant, l’Occident se trouve face à un dilemme dans ses relations avec lui, car critiquer le recul démocratique pourrait l’inciter à se rapprocher de la Chine ou d’autres partenaires, tandis que sa réussite à passer de chef de coup d’État à président civil pourrait encourager d’autres armées de la région à suivre le même chemin.
Doumbouya est originaire de l’ethnie malinké de la ville de Kankan, à l’est de la Guinée. Il a reçu une formation militaire en Israël, au Sénégal, au Gabon et en France, où il a servi dans la Légion étrangère française et épousé la policière française Loriane Doumbouya.
Son expérience militaire s’étend sur 15 ans et comprend des missions en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, à Djibouti et en République centrafricaine.
Sa décision de se porter candidat marque un changement par rapport à ses promesses antérieures de ne pas se présenter aux élections, car la charte post-coup d’État interdisait aux membres du conseil militaire de se porter candidats. Cependant, une nouvelle constitution adoptée lors d’un référendum en septembre dernier a levé cette restriction.
Doumbouya a axé sa campagne sur ses réalisations en matière d’infrastructure et a promis de lutter contre la pauvreté et la corruption.
Ses opposants estiment que sa candidature vise à consolider le pouvoir entre les mains de l’armée, tandis que des critiques issus de la société civile l’accusent de réprimer les manifestations et de restreindre la liberté de la presse et l’activité politique de l’opposition.
Il a également accordé une grâce à l’ancien chef de coup d’État Moussa Dadis Camara, condamné pour le massacre du stade en 2009, ce qui a été perçu comme une démarche pour renforcer le soutien dans la région de la Guinée forestière.
En revanche, le principal leader de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, vit en exil après avoir été poursuivi dans une affaire de corruption, tandis que l’ancien président Alpha Condé a été écarté de la compétition en raison de son âge, ayant atteint 87 ans, dépassant ainsi le nouveau plafond d’âge pour se présenter, fixé à 85 ans.
Ainsi, les prochaines élections semblent être une opportunité pour Doumbouya de consolider son pouvoir et de transformer son image de chef de coup d’État en président élu, dans un contexte de débats internes et externes sur l’avenir de la démocratie en Guinée.
Depuis l’indépendance de la Guinée en 1958, le pays a connu plusieurs coups d’État et des transitions politiques difficiles. Le coup d’État de 2021, dirigé par Mamadi Doumbouya, a marqué un tournant dans l’histoire récente de la Guinée, alors que le pays cherchait à sortir d’une période de gouvernance contestée sous Alpha Condé. Les élections à venir sont perçues comme un test crucial pour la démocratie guinéenne et la stabilité régionale.





