A quatre, l’avenir du G5 Sahel est-il réellement « compromis » ?

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A quatre, l’avenir du G5 Sahel est-il réellement « compromis » ?
A quatre, l’avenir du G5 Sahel est-il réellement « compromis » ?

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Niger. Le retrait annoncé du Mali de la coalition regroupant cinq pays du Sahel engagés dans la lutte contre le terrorisme, dénommée G5 Sahel, regroupant le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie, et le Burkina Faso, continue de susciter des interrogations sur l’avenir de cette organisation.

Si certains pensent que l’organisation peut continuer à travailler avec les quatre pays membres restants, d’autres soutiennent que le retrait du Mali sonne le glas du G5 Sahel qui est « un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité créé en 2014 par les cinq pays concernés ».

L’une de ses missions est d’assurer l’intégration régionale en matière de développement et de lutte contre le terrorisme, sachant que le G5 Sahel s’est doté, depuis 2017, d’une force conjointe composée des armées des différents pays membres.

L’organisation sous-régionale bénéficie du soutien de l’Union européenne, à travers la France, des Etats-Unis et des Nations unies.

Toutefois, il semble que le retrait soudain du Mali du Groupe des Cinq, le 16 mai dernier, ait été motivé par un ensemble de justifications, notamment :

• Le retrait des forces françaises du Mali

Certains ont considéré que le comportement des autorités maliennes venait en réponse au retrait de la France de ses terres, et avec une décision qualifiée d’unilatérale, en quittant toutes les alliances et accords dans lesquels l’autorité malienne la considère comme une alliance avec la France.

• Répercussions du retrait

Il est bien évident qu’à la suite de la décision du retrait du Mali du groupe, certaines conséquences apparaîtront à différents niveaux, et peut-être que les plus importantes d’entre elles résident dans ce qui suit :

-/-Un changement dans la forme des alliances
-/-Une désintégration possible.

Enfin, on peut dire que la décision des autorités maliennes de se retirer du G5 Sahel signifie que l’isolement politique et militaire du Mali s’est accru plus qu’avant, surtout après les sanctions économiques que lui ont été imposées par la CEDEAO, ce qui le rend plus dépendant de la Russie, laquelle a trouvé au Mali un nouveau pied à terre stratégique en Afrique.

Ceci nous laisse croire que cette séparation entre le Mali et l’ensemble sahélien peut avoir des répercussions sur la sécurité, non seulement en termes de lutte contre le terrorisme, mais dans l’échange d’informations liées aux opérations de contrebande, de trafic d’êtres humains et de migration irrégulière vers l’Europe, étant donné que le Mali est un point clé d’où les combattants se déplacent vers les pays voisins, et de là également vers l’Algérie et la Libye.

Même si l’avenir du G5 Sahel semble incertain, certains observateurs pensent que le groupe sahélien peut et doit continuer son chemin, et ce, malgré le retrait du Mali.

Cependant, selon d’autres observateurs, le retrait du Mali aura un impact certain sur le fonctionnement et l’avenir du G5 Sahel.

Comme par exemple Moussa Aksar, journaliste nigérien spécialiste des questions des conflits, qui s’est exprimé ainsi sur le sujet : « Il est vrai que le Mali n’a pas intérêt à quitter le G5 Sahel. Mais il a été acculé par la France qui parraine cette organisation, depuis qu’il a fait appel aux mercenaires russes pour l’aider dans la lutte contre les groupes armés.

La même source a tenu à clarifier que le G5 Sahel ne peut pas prospérer à « quatre » parce que, d’une part, le Mali est un de ses piliers et, d’autre part, cette organisation n’a réussi à venir à bout de l’insécurité dans aucun de ses pays membres ».

Dans le même contexte, l’analyste géopolitique, Ibrahim Hamidou, a déclaré à son tour que : « Le G5 Sahel est une création de la France pour servir de supplétif à sa force Barkhane pour pérenniser sa présence au Sahel ».

Il estime entre-autres que : « le Mali a plus intérêt à quitter le G5 Sahel étant donné que c’est en réalité Barkhane qui se cache derrière cet improbable regroupement qui n’a pas encore produit de résultats probants dans la lutte contre le terrorisme au Sahel », tout en soutenant que l’organisation sous-régionale « mourra de sa belle mort », expliquant que le Mali quant à lui a une « position géostratégique » au sein du G5 Sahel.

Par ailleurs, Mme Ornella Moderan, Responsable du Programme Sahel chez “Institute for Security Studies” à Bamako, qui dirige actuellement le programme Sahel d’ISS, couvrant le Mali, le Niger et le Burkina Faso, a fait cette déclaration : « Cette décision, qui s’inscrit par ailleurs dans une volonté politique, ajoute de l’eau au moulin du discours souverainiste qui a pris de l’ampleur ces derniers mois et qui brosse le portrait d’un Mali anti-impérialiste qui s’érige contre un ordre régional présenté comme injuste et manipulé par l’Occident. »

Une question nous est venue à l’esprit :
Si les membres du G5 Sahel s’étaient réunis au mois de février 2022, comme il était déjà prévu, pour céder la présidence du groupe au gouvernement malien, tout ce « micmac » aurait-il mené, quand même, au retrait du Mali du Groupe 5 Sahel ???

En vous invitant à lire nos articles ci-après, vous découvrirez certainement les réponses que vous attendez.

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