CAN 2022 : Aboubakar Vincent, le capitaine « sauveur » de l’équipe nationale du Cameroun

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CAN 2022 : Aboubakar Vincent, le capitaine « sauveur » de l’équipe nationale du Cameroun
CAN 2022 : Aboubakar Vincent, le capitaine « sauveur » de l’équipe nationale du Cameroun

Africa-Press – Niger. Il est « l’enfant chéri de la ville », « l’idole », « l’homme providentiel », « le Lion indomptable “inarrêtable” »… A Garoua, capitale de la région Nord du Cameroun dont il est originaire, Vincent Aboubakar, capitaine de l’équipe nationale de football, est adulé. Il suffit de prononcer son nom dans un marché bondé ou un carrefour pour que les passants, hommes femmes et enfants, se bousculent pour prendre la parole. Il y a ceux qui assurent avoir rencontré « cet homme si simple et toujours prêt à apporter une aide ». Ceux, comme ces écoliers passionnés de football, qui aimeraient « jouer demain comme Aboubakar » ou encore ces joueurs de clubs locaux qui « appliquent ses très bons conseils pour être performants sur le terrain ».

« C’est l’exemple parfait du jeune parti de rien et qui a réussi honnêtement à travers un parcours transparent et un travail acharné »,

souligne Ousmaila Souleymanou, 27 ans, rencontré dans un restaurant du quartier Bibémiré. « Il est aimé parce qu’il est le grand frère qui se bat sans jamais se décourager, assure de son côté Ibrahim Halil, jeune footballeur de deuxième division. Nous sommes tous témoins de son évolution. Malgré les difficultés qu’il a rencontrées, ses nombreuses blessures, il se relève à chaque fois. Pour moi, il est l’exemple à suivre. C’est notre capitaine, notre sauveur. »

Dimanche 9 janvier, lors du match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football au stade Olembé de Yaoundé, Vincent Aboubakar a été l’auteur de deux buts sur penalty, permettant ainsi au Cameroun de battre le Burkina Faso (2-1). Trois jours plus tard, les Lions indomptables terrassaient les Ethiopiens sur un score de quatre buts à un. Là encore avec un doublé d’« Abou ». Une large victoire qui a permis au Cameroun d’être le premier pays qualifié pour les huitièmes de finale.

Meilleur buteur

Avec quatre réalisations, l’attaquant de 29 ans est pour l’heure le meilleur buteur de la CAN. Sur les réseaux sociaux, les remerciements n’en finissent plus. Certains internautes ont changé leur photo de profil et leur nom en hommage au « capi » qui évolue aujourd’hui au club de première division Al-Nassr Riyad, en Arabie saoudite.

« Il a la capacité de faire la différence sur le terrain. Il est très talentueux et charismatique. Il a toujours été déterminé. Il aime le football depuis l’âge de 6 ans ! », explique Michel Dior, le frère aîné de Vincent Aboubakar. A l’époque, le petit Vincent joue au gardien de but dans les rues du quartier Roumdé Adjia, à Garoua. La famille n’y prête guère attention, convaincue que comme la plupart des gamins camerounais, « il n’ira pas loin et finira par laisser tomber », se souvient son aîné. On le presse plutôt de se concentrer sur ses études.

Mais, très vite, « Abou » est remarqué par un coach qui le fait participer à plusieurs tournois entre quartiers. Son talent d’attaquant éblouit les spectateurs. Il participe au début des années 2000 avec l’équipe de son quartier à la « Coupe Top » régionale, une compétition organisée par les Brasseries du Cameroun.

C’est à cette occasion qu’Alain Kada Djibrilla, à l’époque éducateur sportif et dénicheur de talents, le remarque, « impressionné par son aisance technique ». « Je vois un gamin qui sort du lot. Il pouvait éliminer trois joueurs facilement », raconte l’actuel coordonnateur du centre de formation de Coton Sport de Garoua, célèbre club de première division camerounais, qui finit par recruter en 2006 Vincent Aboubakar dans l’équipe junior. Son talent « précoce » le propulse en équipe première du club. Les dirigeants saluent son « ardeur au travail », « sa concentration », « ses capacités techniques ».

« Grande discipline »

« Il faisait des choses impressionnantes comme des amortis de balles aériennes ou des reprises de volée. Il faisait ça plusieurs fois par jour. Ça m’a marqué », se remémore Bouba Lenta, intendant du Coton Sport de Garoua. Bouba Oussoumanou, directeur du complexe sportif, n’a pas oublié « son immense calme devant le but ou lors des actions sur le terrain ». « C’est son point fort : Vincent fait du ballon tout ce qu’il veut », sourit l’ancien joueur et capitaine du Coton qui loue « surtout sa grande discipline ». « Aboubakar se réveillait à 5 heures pour aller s’entraîner tout seul. Pendant que nous courions derrière les femmes ou dans les bars de bili-bili [bières artisanales], il passait son temps libre à s’entraîner encore et encore », s’étonne encore Etienne Ngombe, son ami d’enfance.

Ce travail acharné finit par payer. Vincent Aboubakar est appelé en équipe nationale des cadets et se rend même en Espagne, au club Real Valladolid, qui souhaite l’engager. « L’essai est concluant, mais les dirigeants de Coton Sport trouvent que c’est trop tôt. On ne pouvait pas brader un tel talent », raconte M. Djibrilla. En 2010, c’est le grand saut : appelé à 18 ans en équipe nationale, il participe à la Coupe du monde en Afrique du Sud. Juste après, il est recruté par le club de Valenciennes en France. Il jouera tour à tour à Lorient, à Porto (Portugal) et à Besikas, en Turquie. En 2017, à la finale de la CAN au Gabon, il marque le but libérateur contre l’Egypte, ce qui permet au Cameroun de gagner sa cinquième coupe d’Afrique des nations.

Mais, pour beaucoup, Vincent Aboubakar n’a pas eu la carrière qu’il méritait, celle d’un Samuel Eto’o ou encore d’un Patrick Mboma. « Il y a le facteur chance, mais aussi ces blessures qui l’ont éloigné des stades ou de la CAN 2019. Mais je ne serai pas surpris de le voir revenir en Europe. Il n’a pas fini de nous montrer l’étendue de son immense talent », assure Alain Kada Djibrilla. Un avis partagé par Hervé Ngomo, jeune footballeur du Coton Sport de Garoua qui a été appelé en sélection nationale en 2021 pour un match de qualification. A l’en croire, il a été « touché par l’humilité d’Aboubakar et son abnégation » : « Quand je suis arrivé, il m’a dit : “Si tu es là, c’est parce que tu le mérites. Travaille !” Il m’a montré l’exemple. Il continue de s’entraîner très dur. C’est ce qui fait sa force. »

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