Africa-Press – Benin. C’est une bouffée d’oxygène pour le monde agricole béninois. La Banque africaine de développement (BAD) vient d’approuver un financement de 30,25 millions de dollars, soit plus de 16,7 milliards de francs CFA, en soutien aux efforts du Bénin pour protéger ses agriculteurs face aux effets grandissants du changement climatique et à l’insécurité alimentaire.
Ce financement s’inscrit dans une stratégie de résilience climatique multisectorielle, portée par le gouvernement béninois avec l’appui de ses partenaires techniques. Objectif: réduire la vulnérabilité des petits exploitants agricoles, renforcer leur accès au crédit et éviter les pertes de récoltes dues aux chocs climatiques à répétition.
« Cet investissement témoigne de notre engagement à renforcer la résilience climatique du secteur agricole béninois tout en répondant aux besoins urgents des communautés agricoles vulnérables », a souligné Robert Masumbuko, représentant pays de la BAD au Bénin.
150 000 exploitants agricoles concernés
Au cœur de cette initiative figure la mise en place d’un système d’assurance agricole innovant, structuré à deux niveaux: une couverture souveraine contre les aléas climatiques, gérée par la Mutuelle panafricaine de gestion des risques, et un mécanisme de micro-assurance destiné directement aux petits producteurs.
Ce dispositif devrait toucher 150 000 exploitants agricoles, dont la plupart sont situés dans les zones septentrionales du pays, particulièrement exposées aux épisodes de sécheresse, d’inondations et à l’instabilité sahélienne.
Selon les projections de la BAD, si aucune mesure d’adaptation n’est prise, le pays pourrait enregistrer une baisse de 22 % de sa production cotonnière et une chute de 6,3 % de la production de maïs, pour des pertes économiques estimées à plus de 201 milliards de francs CFA.
La mise en œuvre du projet est confiée au Fonds national pour le développement agricole (FNDA), déjà chargé de la phase pilote de l’assurance agricole au Bénin. En plus de la couverture assurantielle, le projet prévoit:
la mise à disposition d’équipements agrométéorologiques modernes,
le déploiement de systèmes d’alerte précoce,
et la promotion de pratiques agricoles dites « intelligentes face au climat ».
Ces composantes visent à renforcer la capacité d’adaptation des producteurs et des structures d’encadrement agricole, tout en favorisant l’investissement privé dans le secteur.
Une réponse sociale dans les zones sensibles du nord
Outre l’aspect strictement agricole, le projet s’ancre aussi dans une logique de cohésion sociale, notamment dans les régions frontalières du nord Bénin où les tensions sont exacerbées par les déplacements forcés de populations fuyant les violences au Sahel.
Des actions spécifiques seront engagées pour favoriser l’intégration des déplacés dans les villages hôtes, prévenir les conflits fonciers et renforcer le tissu social local.
Ce financement vient appuyer la vision du gouvernement béninois qui, depuis quelques années, s’attèle à moderniser et sécuriser son agriculture, tout en répondant aux défis du climat. À travers des outils de gestion des risques novateurs, le projet ouvre également la voie à une bancarisation accrue du monde rural, en rendant les petits exploitants plus « crédibles » auprès des institutions financières.
Avec ce nouvel appui de la BAD, le Bénin confirme ainsi son positionnement comme l’un des pays les plus actifs de la sous-région en matière d’adaptation climatique et de transformation agricole.
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