Africa-Press – Benin. L’entrée de l’Union africaine (UA) dans le groupe des économies les plus puissantes du monde, le G20, souligne l’influence croissante du continent sur l’échiquier mondial et offre une opportunité aux pays africains de peser enfin sur les décisions internationales.
Les dirigeants africains ont largement applaudi cette intégration, alors que seule l’Afrique du Sud était jusqu’ici représentée au G20, dont le sommet s’est tenu à New Delhi samedi 9 et dimanche 10 septembre. Ils espèrent ainsi que la voix du continent comptera davantage dans les décisions concernant la finance mondiale, le commerce international ou encore le changement climatique.
Cette adhésion intervient au moment où l’ordre mondial est largement rebattu, où la Chine et la Russie voient leur influence grandir, et alors que le groupe commercial des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) s’élargit pour inclure deux nouvelles nations africaines, l’Egypte et l’Ethiopie.
Cette entrée au G20 « contribuera certainement à inscrire les questions africaines à l’ordre du jour international en plaçant l’UA au cœur des discussions », affirme Steven Gruzd, de l’Institut sud-africain des affaires internationales. En intégrant l’UA, le G20 accueille le continent qui connaît la croissance la plus rapide, dont la population est la plus jeune et qui dispose d’un énorme potentiel pour contribuer aux transitions environnementales. « Il est important pour l’Afrique d’être reconnue et incluse. Il reste à voir ce qu’elle fera réellement de cette adhésion », nuance le chercheur.
Car selon les analystes, si l’UA dispose déjà de structures pour parvenir à des positions communes entre ses membres, elle aura besoin de travailler en commun pour parler d’une seule voix au G20. L’UA, dont le siège se trouve à Addis-Abeba, en Ethiopie, compte 55 Etats membres, mais plusieurs d’entre eux sont actuellement suspendus à la suite de coups d’Etat qui ont mis en place des gouvernements militaires.
Du statut d’« objet » à celui d’« acteur » La pression en faveur de l’adhésion au G20 s’était accélérée cette année, le président sénégalais, Macky Sall, ayant déclaré qu’un siège de l’UA permettrait de réparer une « injustice » et la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, ayant insisté pour que l’Afrique ait plus de poids au sein des institutions financières.
« L’adhésion permanente de l’Afrique au G20 signifie qu’elle a été reconnue comme un acteur clé du paysage économique mondial, a déclaré le président zambien, Hakainde Hichilema, après la décision. Les pays africains doivent maintenant tirer parti de cette position pour accélérer le développement de leurs économies et de leurs jeunes populations. »
Pour Solomon Ayele Dersso, directeur du groupe de réflexion Amani African Media and Research Services, le G20 permet à l’Afrique de changer de statut en passant d’« objet » à « acteur » de la décision : « Cela apporte au groupe une certaine légitimité, dont il avait grand besoin étant donné que certaines des décisions qu’il adopte ont des conséquences considérables sur des personnes qui n’ont jusqu’ici pas vraiment eu leur mot à dire. »
Le changement climatique est certainement l’une des questions sur lesquelles les pays africains chercheront à mieux faire entendre leur voix. Car si le continent est l’un des plus touchés par les conséquences du changement climatique, il a été l’un des moins consultés dans les décisions prises au niveau mondial. Les dirigeants africains se sont réunis à Nairobi, ce mois-ci, pour un sommet sur le climat au cours duquel ils ont insisté sur la nécessité de modifier le financement mondial et de soutenir le développement des énergies renouvelables sur le continent.
Selon William Gumede, président de la Democracy Works Foundation, un groupe de réflexion basé à Johannesburg, les nations africaines pourraient également chercher à avoir davantage leur mot à dire dans les décisions financières mondiales qui ont un impact sur le continent. « L’Afrique mettra également sur la table le fait que la politique monétaire des pays occidentaux doit être menée de manière à ne pas nuire aux pays africains », estime-t-il.
L’émergence de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis, les efforts de la Russie pour étendre son influence et la croissance des Brics en tant que groupe économique concurrent ont également souligné l’importance de l’Afrique. « Le moment choisi souligne le rôle renouvelé du continent en tant que champ de bataille diplomatique », selon William Gumede.
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