Marchés Des Matières Premières Menace Pour Économies

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Marchés Des Matières Premières Menace Pour Économies
Marchés Des Matières Premières Menace Pour Économies

Africa-Press – Benin. La dernière édition du rapport Commodity Markets Outlook de la Banque mondiale tire la sonnette d’alarme. Sous l’effet d’un ralentissement global de la croissance économique et d’une surabondance de l’offre pétrolière, les prix des produits de base sont appelés à plonger à leur plus bas niveau depuis 2020. Loin d’être une bonne nouvelle, cette tendance pourrait s’avérer lourde de conséquences pour les économies en développement.

D’après les prévisions, les prix mondiaux des produits de base devraient diminuer de 12 % en 2025 et de 5 % en 2026. En valeur corrigée de l’inflation, ces prix devraient passer pour la première fois sous la moyenne enregistrée entre 2015 et 2019. Cette chute marque la fin de l’envolée provoquée par la reprise post-Covid et le conflit russo-ukrainien. Mais elle ouvre une période d’incertitude marquée par la combinaison explosive de tensions géopolitiques, de conflits commerciaux et de chocs climatiques. Pour les pays d’Afrique de l’ouest, exportateurs de matières premières telles que le pétrole, le coton, le cacao, l’or, le phosphate, cette baisse des cours menace directement les équilibres budgétaires. Alors que les revenus tirés des exportations permettent souvent de financer les infrastructures, les services sociaux et les subventions agricoles, la contraction des recettes publiques pourrait générer de nouveaux déficits et accroître la dépendance aux bailleurs de fonds. La hausse des prix avait été une aubaine, mais la donne a changé déjà et aujourd’hui, le continent est confronté à une volatilité extrême qui déstabilise les économies. Déjà confrontés à des chocs sécuritaires et à des transitions politiques fragiles, plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine, comme le Nigéria, le Ghana ou le Burkina Faso, pourraient être exposés à de nouvelles tensions financières et sociales.

Actions à mener

Le recul des prix de l’énergie prévu à -17 % en 2025 affectera aussi les pays exportateurs de pétrole comme le Nigéria, dont les recettes pétrolières représentent une part importante du budget. En parallèle, la baisse des prix des denrées alimentaires de -7 % prévue en 2025 ne profitera pas automatiquement. Car dans un contexte d’inflation importée, de chaînes logistiques fragiles et d’insécurité alimentaire persistante, les prix à la consommation restent élevés, notamment dans le Sahel. La Banque mondiale met en garde contre la volatilité des prix qui n’a jamais été aussi forte depuis les années 1970. Elle recommande aux États de renforcer leur discipline budgétaire, d’ouvrir davantage leurs économies au commerce et de stimuler l’investissement privé. Mais ces réformes, pourtant urgentes, sont difficiles à mettre en œuvre dans des contextes de tensions politiques, de faible gouvernance et de déficits de confiance entre les citoyens et leurs institutions. Enfin, si le prix de l’or reste élevé, les métaux industriels sont eux aussi en baisse, affectant les pays miniers comme le Mali, la Guinée ou le Niger. Or ces ressources jouent un rôle stratégique dans la diversification économique que recherchent les pays ouest-africains. La baisse des prix, couplée à une demande mondiale en repli, annonce une ère de croissance faible et de fortes contraintes budgétaires pour l’Afrique de l’ouest. Pour résister à la tempête, les économies de la région devront repenser leurs modèles de développement, renforcer leurs institutions et mieux protéger les populations vulnérables contre les chocs exogènes.

Pas de navigation à vue

Alors que les prix des produits de base chutent à des niveaux historiquement bas, l’Afrique de l’ouest se retrouve une fois de plus face à sa vulnérabilité structurelle. Le Bénin, à l’instar de ses voisins, vit au rythme d’une économie trop exposée aux chocs exogènes. Quand les marchés vacillent, ce sont les recettes fiscales, l’emploi et les projets de développement qui fléchissent. Mais ces secousses ne doivent pas être une fatalité. L’heure n’est plus aux politiques de survie mais à la refondation profonde comme c’est le cas déjà avec les projets d’industrialisation, de souveraineté alimentaire, de renforcement de la chaîne de valeur locale, de promotion d’un secteur privé fort. La volatilité des marchés mondiaux sonne donc comme une alerte. Elle appelle à une transformation audacieuse et concertée des économies ouest-africaines. Car sans une vision claire, les turbulences extérieures continueront de dicter leur loi.

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