Africa-Press – Benin. En dehors des gènes, notre ADN est jonché d’éléments génétiques disparates qui se sont intégrés au cours de notre histoire évolutive. Parmi les plus scrutés, les HERV (Human Endogenous Retrovirus) d’anciens virus ayant infecté les cellules germinales et qui se sont ainsi transmis de génération en génération. Il en existe différents types et la plupart sont fragmentaires, inactifs et dormants. Très nombreux, ils constituent environ 8% du génome humain.
Il ne faut plus les appeler « ADN poubelle »
Jusque très récemment, les différents HERV étaient considérés comme de “l’ADN poubelle“, n’ayant aucune fonction dans notre organisme. Mais cette vision est aujourd’hui totalement caduque et il s’avère que ces vestiges de rétrovirus ne sont pas tous anodins.
Parmi ceux qui se sont intégrés le plus “récemment“ (6 millions d’années plus tôt tout de même) figurent les HERV-K et tout porte à croire que dans certaines situations ces virus anciens puissent se réactiver avec des conséquences néfastes pour l’individu.
Jusqu’à présent, la famille des HERV-K avait été associée à plusieurs tumeurs malignes et notamment des testicules. Une étude de l’équipe de Ashish Shah (Université de Miami, EU) parue dans le Journal of Clinical Investigation, dévoile maintenant leur contribution à la formation de tumeurs cérébrales très violentes. L’objet de leur attention : HML-2, un rétrovirus de la famille des HERV-K qui possède un génome pratiquement intact, dont des séquences virales majeures susceptibles de se réveiller. Pour conduire leur étude, les chercheurs se sont notamment penchés sur les analyses cellulaires de patients atteints de glioblastome.
Ce dernier est le plus agressif des cancers du cerveau avec une durée de survie moyenne d’à peine plus d’un an pour celui qui en est atteint. Une telle virulence, explique les biologistes américains est amplifiée par les protéines de HML-2.
Côté sombre, et côté positif
Dans les cellules saines, HML-2 est maintenu à l’écart par l’organisme de l’hôte notamment grâce à des mécanismes épigénétiques et il ne peut donc pas synthétiser ses protéines malignes.Toutefois, la situation change drastiquement lorsque des cellules deviennent cancéreuses. Les verrous épigénétiques se voient alors fracturés et les protéines de ces rétrovirus antédiluviens peuvent devenir actives à nouveau. Les expériences des scientifiques ont montré que, dès les premiers stades du processus de cancérisation, HML-2 altère encore plus les cellules souches cancéreuses les rendant beaucoup plus agressives et résistantes aux traitements.
En ciblant ces niches tumorales, les chercheurs espèrent pouvoir diminuer l’activité de ce rétrovirus et ainsi limiter les mutations des cellules souches afin de réduire la virulence des glioblastomes et les rendre plus sensibles aux thérapies. Mais, si les HERV ont donc un côté sombre, n’oublions pas qu’ils possèdent également un aspect positif. Vital même. En effet, sans l’intégration d’un de ces rétrovirus, HERV-W voilà plusieurs millions d’années dans le génome de nos lointains ancêtres, les mammifères, et par conséquent l’être humain, n’existeraient tout simplement pas.
En effet, ce sont les protéines, des syncytines, codées par ces rétrovirus qui permettent la mise en place de l’architecture placentaire et rendent possible le développement de l’embryon chez la mère…
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