Africa-Press – Benin. Ils sont doux, affectueux et faciles à éduquer. Les golden retrievers font partie des espèces de chien les plus appréciées. Créé à l’origine pour rapporter le gibier, le comportement du golden retriever serait aujourd’hui influencé par les mêmes gènes que nous, les humains. Une étude menée par des chercheurs de l’Université de Cambridge (Royaume-Uni) offre une fenêtre sur les émotions canines, révélant pourquoi certains golden retrievers sont plus craintifs, énergiques ou agressifs que d’autres. Ces travaux montrent pour la première fois que certains gènes associés au comportement canin sont également liés à des traits tels que l’anxiété, la dépression et l’intelligence chez l’être humain.
L’équipe a utilisé les données comportementales de 1.300 chiens, âgés de trois à sept ans, ainsi que des échantillons sanguins afin d’examiner l’ensemble du génome de chaque golden retriever. Ils ont pu identifier des marqueurs génétiques plus fréquents chez les chiens présentant chacun des 14 traits comportementaux, comparés à ceux qui ne les ont pas. Cela a permis d’identifier les gènes sous-jacents à des caractéristiques telles que la facilité d’entraînement, les niveaux d’énergie, la peur des étrangers et l’agressivité envers d’autres chiens. En comparant leurs résultats à une analyse similaire chez l’humain, les chercheurs ont découvert que 12 des gènes de golden retrievers identifiés sous-tendent également des traits comportementaux et émotionnels chez les humains.
Un seul gène, plusieurs comportements
Les gènes canins identifiés par l’équipe ne conduisent pas directement à un comportement ou à une émotion spécifique. Ils influencent plutôt la régulation comportementale ou des états émotionnels plus larges. Evidemment, le gène n’entraîne pas exactement le même comportement chez l’Homme et chez l’animal. Par exemple, les chiens présentant une « peur non sociale », c’est-à-dire la peur d’objets comme les bus ou les aspirateurs, possèdent un gène qui, chez les humains, influence l’irritabilité, la sensibilité et l’anxiété. Le gène, PTPN1, lié à l’agressivité envers d’autres chiens chez les golden retrievers, est également associé à l’intelligence et à la dépression chez les humains. ROMO1, qui est lié à l’intelligence et à la sensibilité émotionnelle chez les humains, est associé chez le chien à sa « capacité d’entraînement ».
Mais le golden retriever n’est pas le seul animal chez qui des gènes impliqués dans le comportement ont été retrouvés. Beaucoup de gènes qui influencent l’humeur, le stress, l’agressivité, la sociabilité ou l’apprentissage sont anciens et conservés dans l’Evolution, comme ceux de la sérotonine (surnommée l’hormone du bonheur) ou l’ocytocine (l’hormone de l’attachement). Cette étude identifie toutefois pour la première fois des gènes canins spécifiques à des comportements et montre qu’ils ont des équivalents dans les émotions humaines.
Qui se ressemble, s’assemble?
Si le chien et l’humain se ressemblent tant, est-ce parce qu’ils ont évolué ensemble depuis des milliers d’années? La recherche a montré qu’il y a au moins 20.000 ans, voire 40.000 ans pour certaines estimations, les loups et les humains ont commencé à se rapprocher. C’est à ce moment que la domestication du loup a démarré et que le chien a commencé à diverger de cette espèce. Une cohabitation qui aurait pu nous faire évoluer ensemble.
« Les deux espèces sont de grands mammifères ayant des ancêtres communs dans un passé lointain, ce qui signifie qu’elles partagent une biologie cérébrale, tout comme une grande partie de la physiologie du chien ressemble à celle des humains. Mais aussi, les chiens comme les humains sont des espèces sociales qui dépendent de la vie en groupe — et de la vie les uns avec les autres — pour prospérer. Il peut donc également exister des pressions évolutives communes qui ont conduit à une biologie partagée », explique à Sciences et Avenir la Dr Eleanor Raffan, chercheuse au Département de physiologie, de développement et de neurosciences de l’Université de Cambridge et auteure principale de l’étude publiée dans la revue Pnas.
A la lumière de ces résultats, les propriétaires pourraient faire évoluer leur façon d’éduquer le chien. En plus de récompenser les comportements souhaités, les chercheurs espèrent contribuer à prendre en compte la dimension émotionnelle de l’éducation du chien. « Si votre golden retriever se cache derrière le canapé chaque fois que la sonnette retentit, vous pourriez peut-être faire preuve de plus d’empathie en sachant qu’il est génétiquement prédisposé à se sentir sensible et anxieux », a déclaré la Dr Anna Morros-Nuevo, chercheuse au Département de physiologie, de développement et de neurosciences de l’Université de Cambridge, également impliquée dans l’étude. Ces connaissances pourraient aussi avoir des implications en médecine vétérinaire: comprendre qu’un comportement comme la peur, par exemple chez un golden retriever, est lié à un gène associé à l’anxiété humaine suggère qu’un médicament anxiolytique pourrait être utile.
Ces résultats, éclairants pour la psychologie canine, en disent aussi beaucoup sur nous, les humains. « Peut-être que cela peut aider à changer la perception selon laquelle les émotions négatives ou les « mauvais comportements », chez l’humain comme le chien, seraient entièrement liés à l’éducation », suggère la Dr Raffan. Elle espère qu’à l’avenir, ces travaux pourront aussi contribuer à mieux comprendre la biologie qui sous-tend les troubles de la santé mentale.





