Africa-Press – Benin. En octobre 2023, la France est devenue le premier pays de l’Union européenne à mettre en œuvre une campagne nationale de vaccination contre l’infection aviaire hautement pathogène (IAHP) chez les canards. « Le pays n’a subi que 10 foyers au lieu des 700 prévus par la modélisation de l’École nationale vétérinaire de Toulouse », rappelle Emmanuelle Soubeyran, directrice générale de l’Organisation mondiale de la Santé animale (OMSA) lors de la présentation du tout premier rapport sur la situation mondiale de la santé animale, le 23 mai 2025 à Paris.
Alors que les maladies animales émergentes et réémergentes présentent des menaces pour la santé, les experts soulignent le rôle majeur de la vaccination dans la réduction de la morbidité.
« Les maladies n’ont pas de frontières »
En 2024, 42 pays ont signalé des foyers de grippe aviaire chez les volailles, et 55 chez des mammifères. La peste porcine africaine (une maladie virale mortelle à 100% et très contagieuse, uniquement chez les porcs) a parcouru plus de 1800 km jusqu’au Sri Lanka, marquant l’un des sauts géographiques les plus spectaculaires. Des maladies rarement observées refont aussi surface: la fièvre aphteuse (une maladie virale très contagieuse provoquant fièvre, salivation excessive et lésions et sur les pieds) est réapparue en Allemagne et la peste des petits ruminants (une maladie virale très contagieuse et mortelle pour les chèvres et moutons autrefois confinée au Sud) a récemment refait son apparition en Europe, avec des foyers en Grèce, en Roumanie, en Bulgarie et en Hongrie.
Si le risque d’infection humaine reste faible voire inexistant pour la plupart de ces maladies, plus le nombre d’espèces de mammifères touchées est élevé, plus la possibilité que le virus s’adapte à une transmission entre mammifères, et donc à l’humain, est grande. Les mammifères réservoirs de grippe aviaire hautement pathogène ont plus que doublé l’année dernière par rapport à 2023, passant de 459 à 1022.
Pour les experts présents, « les maladies n’ont pas de frontières ». Le changement climatique, la mondialisation des échanges, les flux de population participent à l’évolution de la distribution et de la gravité des pathogènes. « Il ne s’agit pas d’empêcher les déplacements des humains ni ceux des animaux, précise Susana Guedes Pombo, présidente du conseil de l’OMSA. Mais de renforcer la coordination entre les pays, la surveillance et la gestion des risques. »
La vaccination, un outil crucial mais inégalement accessible
Face à ces menaces, l’OMSA mise sur la prévention et la surveillance. Selon les experts vétérinaires, la vaccination reste la réponse la plus efficace. Pourtant, l’accès aux vaccins demeure inégal, freiné par le manque de financement, les conflits politiques et la réticence de certains pays.
Emmanuelle Soubeyran donne l’exemple de la rage. « Un enfant meurt encore de la rage toutes les neuf minutes alors que nous pouvons éradiquer la maladie ». En effet, le vaccin contre la rage, inventé par Louis Pasteur en 1885, est très efficace, « mais une fois les symptômes installés, il n’y a plus aucun traitement », précise la directrice générale. 29,3 millions de doses de vaccin antirabique canin ont été distribuées par les banques de vaccins de l’OMSA à des pays d’Afrique et d’Asie depuis 2012, mais cela ne compense pas les besoins.
Si les normes de l’OMSA ne sont pas contraignantes, l’organisation encourage ses 183 pays membres à partager leurs données de surveillance et développer les outils de vaccination et de diagnostic. « La santé animale est au cœur de la santé mondiale, précise la directrice. Lorsque collectivement nous l’améliorons, nous avons un impact sur la santé publique, la sécurité alimentaire, la biodiversité et le changement climatique. »
La perspective « One Health, Une seule santé » nécessite des investissements qui seront défendus lors de la 92e Session générale de l’Assemblée mondiale des Délégués de l’OMSA, entre le 25 et le 29 mai 2025.
ANTIBIOTIQUES. L’utilisation d’antimicrobiens chez les animaux a diminué de 5 % entre 2020 et 2022. Si les agriculteurs du monde entier réduisaient leur utilisation d’antibiotiques de 30 % grâce à une meilleure hygiène, à la vaccination et à la biosécurité, l’économie mondiale pourrait gagner 120 milliards de dollars d’ici 2050, selon un rapport de 2024 copublié par l’OMSA et la Banque mondiale.
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