Africa-Press – Burkina Faso. À l’université Joseph Ki-Zerbo, Sibiri Clément Ouédraogo a soutenu une thèse de doctorat en démographie portant sur les liens entre planification de la grossesse et santé des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne. Distingué par la mention Très honorable, ce travail mobilisant des données issues de 34 pays met en lumière des enseignements majeurs pour les politiques de santé de la reproduction.
Intitulée « Planification de la grossesse et santé des enfants de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne », la thèse de Sibiri Clément Ouédraogo s’inscrit dans un contexte régional marqué par des défis persistants en matière de mortalité infantile et d’accès aux services de santé. En s’appuyant sur les Enquêtes démographiques et de santé (EDS), le doctorant a cherché à comprendre comment le caractère planifié, non planifié ou non désiré d’une grossesse influence le suivi prénatal, postnatal et, plus largement, la santé des enfants.
Contrairement aux approches centrées sur un seul pays, la recherche a agrégé des données issues de 34 États d’Afrique subsaharienne, afin d’obtenir non seulement des résultats plus robustes et comparables à l’échelle régionale, mais aussi de dégager des similitudes et des spécificités locales.
Un travail salué par le jury
Le travail a été salué par un jury international composé de Jean-François Kobiané, professeur titulaire de démographie, président de l’université Josep Ki-Zerbo (président du jury) ; Dr Moussa Bougma, maître de conférences en démographie à l’université Joseph Ki-Zerbo (directeur de thèse), Dr Kodjopatapa Messan Amegee, maître de conférences en démographie de l’université de Lomé, de Dr Aristique Romaric Bado, maître de recherche en démographie à l’Institut de recherche en sciences de la santé/CNRST, et Dr Roger Zerbo, directeur de recherche en sociologie et en anthropologie de la santé à l’Institut national des sciences de sociétés/CNRST.
Le président du jury, le professeur titulaire de démographie Jean-François Kobiané a souligné la qualité scientifique du travail présenté. « L’appréciation du jury a été très positive. Le candidat s’en sort avec la mention Très honorable, qui est la plus grande mention, et cela reflète la qualité du travail », a-t-il indiqué. Selon lui, la thèse met en évidence des différences notables, à la fois entre les régions et entre les pays, dans la manière dont les grossesses planifiées ou non influencent l’utilisation des services de santé. « Les résultats ont des implications énormes en matière de politiques de santé de la reproduction, aussi bien pour le Burkina Faso que pour l’ensemble de l’Afrique subsaharienne », a-t-il ajouté, tout en évoquant des pistes d’approfondissement proposées au candidat pour ses recherches futures.
Son directeur de thèse, le maître de conférences en démographie Moussa Bougma est revenu sur le cheminement académique du doctorant. Il rappelle avoir connu Sibiri Clément Ouédraogo dès 2020, dans le cadre de projets de recherche sur les méthodes d’échantillonnage et les réseaux familiaux. « Il s’est illustré comme un bon démographe, aussi bien dans les analyses que dans la rédaction », explique-t-il.
Convaincu de ses aptitudes à conduire une recherche doctorale, il a accepté de l’encadrer. La thèse, entamée en octobre 2022 et soutenue en décembre 2025, a respecté les délais universitaires. « C’est l’une des thèses qui a respecté la programmation de trois ans, ce qui n’est pas toujours le cas », souligne-t-il. Tout en reconnaissant certaines limites, notamment liées à la contextualisation régionale, il estime que le travail démontre clairement que « la planification de la grossesse est un élément central pour préserver le bien-être futur des enfants ». Le rapporteur du jury, Dr Romaric Bado a, pour sa part, mis en avant l’apport de l’analyse qualitative. « Elle a permis de solidifier le travail. C’est une thèse de qualité », a-t-il affirmé, soulignant la cohérence entre les données quantitatives et qualitatives mobilisées.
Pour Sibiri Clément Ouédraogo, l’objectif principal était de comparer la prise en charge des grossesses planifiées et non planifiées. « Est-ce que l’on pratique les mêmes soins prénatals, postnatals, l’allaitement ou la vaccination les grossesses planifiées et celles non planifiées? », s’interroge-t-il. L’agrégation des données issues de plusieurs pays lui a permis de dépasser les limites des études isolées. Satisfait de la mention obtenue, le nouveau docteur reconnaît toutefois les difficultés rencontrées, notamment en matière de financement et de collecte de données qualitatives. « Il y a des limites liées aux données, mais nous avons essayé de les surmonter », confie-t-il, tout en se disant honoré du soutien de sa famille, de ses collègues et de ses encadreurs.
Au-delà de la distinction académique, cette thèse apporte des éléments de réflexion concrets pour l’orientation des politiques de santé maternelle et infantile. En établissant un lien clair entre planification familiale et santé des enfants, elle rappelle que l’accès à des services de planification de qualité constitue un levier essentiel pour améliorer durablement le bien-être des populations en Afrique subsaharienne.
Farida Thiombiano
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