Benjamin Roger
Africa-Press – Burkina Faso. Le jeune président de transition burkinabè a recours à des Bayraktar TB2 pour lutter contre les groupes jihadistes. Une arme efficace, qui permet aussi de faire la promotion d’une armée moderne et offensive.
Les images sont souvent les mêmes. Une vue aérienne en noir et blanc, des individus qui bougent autour d’arbres ou de véhicules, une explosion… et plus rien. Ces derniers mois, ces vidéos de frappes de drones apparaissent régulièrement dans les journaux télévisés de la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Objectif : montrer aux Burkinabè que leur armée est à l’offensive et qu’elle neutralise des jihadistes.
Les drones, une arme efficace mais aussi un outil utile de propagande ? Certains le pensent. « Ces images ont un certain effet auprès de la population et sont reprises en boucle sur les réseaux sociaux, estime un observateur. Elles montrent une armée moderne, qui frappe et qui tue des dizaines de personnes, sans que l’on sache toujours très bien s’il s’agit de jihadistes ou non. »
Commandés en 2021 sous Roch Marc Christian Kaboré, les premiers drones turcs Bayraktar TB2 ont démarré leurs opérations au début de 2022 au Burkina Faso, sous le régime de transition du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, auteur du coup d’État contre Kaboré.
Bonkoungou en facilitateur
Dans le rôle d’intermédiaire pour ces acquisitions de drones auprès du groupe Bayraktar : l’homme d’affaires burkinabè Mahamadou Bonkoungou, patron du groupe Ebomaf. Après avoir fait fortune dans le BTP, la banque et l’aviation, il s’est lancé dans l’achat d’équipements militaires pour les régimes successifs de Kaboré, de Damiba et, aujourd’hui, pour celui du capitaine Ibrahim Traoré.
Jusqu’alors soufflée par plusieurs sources à Ouagadougou, son implication dans l’achat de ces drones turcs a été officiellement confirmée en avril dans un rapport de la commission des finances de l’Assemblée législative de transition (ALT).
D’après ce document, sa banque IB Bank a obtenu une garantie souveraine de l’État burkinabè de 252,795 milliards de francs CFA (environ 382 millions d’euros) dans le cadre d’un contrat d’achat de matériel de défense et de sécurité, dont des drones de surveillance et d’attaque. Ce rapport précise que le choix de Bonkoungou a été fait à la demande du fournisseur turc, « au regard de la relation de confiance » qui existe entre eux.
Nouvelle base à Saponé
Une nouvelle livraison de drones Bayraktar TB2 a été faite à l’aéroport de Ouagadougou, à la mi-juin. Le 15 de ce mois, un Antonov An-124 de la compagnie Maximus Air Cargo, localisée à Abou Dhabi, a atterri en provenance de l’aéroport de Tekirdağ, en Turquie, utilisé par la compagnie Bayraktar pour ses livraisons.
Les 17 et 19 juin, rebelote : deux autres vols similaires sont effectués entre Tekirdağ et Ouagadougou. Les avions « transportaient de nouveaux drones mais aussi des munitions », affirme une source militaire.
Ces récentes livraisons porteraient à une dizaine le nombre de drones dont dispose l’armée burkinabè. La principale base, un temps installée sous le régime de Damiba à l’aéroport de Bobo-Dioulasso, a ensuite été transférée à Saponé, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale.
Construite par Mahamadou Bonkoungou, cette base discrète abrite des pilotes et mécaniciens burkinabè, ainsi que leurs formateurs turcs. Depuis le début de l’année, plusieurs opérateurs burkinabè ont par ailleurs été formés en Turquie au maniement et à l’entretien des Bayraktar TB2.
La Source: JeuneAfrique.com
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