Africa-Press – Burkina Faso. En 2023, le taux d’intérêt des DTS a augmenté pour atteindre les 4,14%. Cette situation reflète l’impact des politiques monétaires mondiales et pèse sur les économies africaines qui sont confrontées à des coûts d’emprunt accrus et à des défis sur les marchés obligataires internationaux.
Au terme de la semaine qui s’est achevée le 4 décembre 2023, le taux d’intérêt applicable sur les droits de tirage spéciaux (DTS), les principales unités de ressources utilisées par le Fonds monétaire international (FMI) pour répondre aux besoins des pays membres, était de 4,14%. Bien que loin du record de 9% atteint fin 1990, ce taux contraste fortement avec les 0,05% en vigueur au 6 décembre 2021.
Selon les informations du site internet du FMI, « les taux d’intérêt des DTS sont influencés par plusieurs facteurs, dont la composition du panier de devises (Yuan chinois, Euro, Dollar américain, Livre sterling, et Yen japonais), leurs taux de change par rapport aux DTS, et les taux d’intérêt des obligations à trois mois émises dans ces monnaie ».
La hausse des coûts des ressources du Fonds peut s’expliquer par les politiques monétaires des banques centrales des Etats-Unis, de la zone Euro et du Royaume-Uni. Face à une inflation croissante, ces institutions maintiennent des taux directeurs élevés, impactant ainsi les coûts des emprunts à court terme sur leurs marchés obligataires.
Le Dollar américain et l’Euro, qui représentent plus de 80% de la valeur des DTS et affichent les taux d’intérêt les plus élevés pour les obligations à trois mois, ont une influence significative sur le coût des ressources du FMI. Parallèlement, les DTS ont perdu jusqu’à 13,7% de leur valeur par rapport au Dollar américain au cours des dix dernières années, selon xe.com.
Cette situation crée un double défi pour de nombreux pays en développement, notamment en Afrique. Ils font face à des coûts accrus pour le remboursement des ressources empruntées auprès du FMI, tout en devant contribuer davantage en monnaie locale, en raison de l’appréciation du Dollar. De nombreux pays africains semblent cependant n’avoir autre choix qu’emprunter auprès du FMI dans un contexte d’incertitudes économiques marqué par la fin des crédits à taux zéro dans les économies développées et une défiance croissante des marchés internationaux envers l’Afrique.
Le Cameroun qui envisageait une émission d’eurobond de 333,2 millions de dollars avant la fin de l’année a dû reporter l’opération. Bien que les raisons officielles n’aient pas été divulguées, des sources du marché indiquent des conditions défavorables. D’après les estimations de l’Agence Ecofin, basées sur les informations du marché des obligations internationales, 2023 marquera une troisième année consécutive de baisse pour les émissions africaines d’eurobonds, avec seulement 4,5 milliards de dollars émis par les gouvernements de la région entre janvier et octobre.
Dans ce contexte, le caractère concessionnel des facilités accordées par le FMI prend toute son importance, même si de nombreux pays appellent à la réforme de l’institution, un sujet qui fait l’objet de longs débats internationaux. Les banques centrales africaines continuent donc à surveiller attentivement les taux et le marché obligataire des grandes puissances qui influencent les DTS du FMI, des décisions parfois prises sans égard pour les économies indirectement affectées.
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