Pourquoi l’Afrique intéresse la BRED-Banque populaire

Pourquoi l’Afrique intéresse la BRED-Banque populaire
Pourquoi l’Afrique intéresse la BRED-Banque populaire

Nadoun Coulibaly – à Abidjan

Africa-Press – Burkina Faso. La banque française, encouragée par son plan de développement à l’international, veut surfer sur la croissance en Afrique. Une stratégie à contre-pied de celles de ses concurrents tricolores qui, eux, désinvestissent le continent.

Pour la BRED-Banque populaire, le développement à l’international passe aussi par les marchés africains. Et ce, à rebours des autres groupes français qui accélèrent leur retrait stratégique du continent. Crédit agricole, BNP Paribas et maintenant Société générale désinvestissent l’Afrique, mettant en avant des risques de compliance, des pertes de parts de marché ou encore la complexité des financements internationaux en devises des banques locales (Coris Bank, NSIA, BGFIBank…).

Les ambitions de la BRED, qui appartient au groupe BPCE et est implantée en Asie du Sud-Est et dans les îles du Pacifique, tranchent en effet avec celles des autres acteurs du secteur bancaire français. Dirigée depuis mai 2023 par Jean-Paul Julia, la BRED convoite désormais le marché africain, porté par l’entrée en vigueur de la Zone de libre-échange continentale en Afrique (Zlecaf).

L’Indo-Pacifique au cœur du déploiement international

« L’Afrique est en croissance, avec des opportunités de développement intéressantes, portées par la hausse de la bancarisation un peu partout sur le continent. Nous sommes déjà présents à Djibouti. Nous regardons ce qu’il est possible de faire ailleurs », déclarait récemment le directeur général de la BRED dans la presse. Selon le classement des 300 Champions de la finance 2024 établit par Jeune Afrique, en moyenne, le rendement des fonds propres (ROE) des principaux groupes bancaires du continent s’établit autour de 19 %, un score bien plus élevé que ce que l’on retrouve en Europe (11-12 % environ).

Dans son offensive, en tout cas, la BRED est d’autant plus confortée que son activité à l’international est de plus en plus profitable. D’après les responsables de la banque, celle-ci affiche une progression de son PNB d’environ 19 % à taux de change constant, tiré par les performances de la banque commerciale dans le Pacifique et dans la corne de l’Afrique, ainsi que par l’activité de trade finance de BIC-BRED Suisse (+15 %). Une dynamique appelée à se poursuivre cette année et au-delà, avec l’entrée sur un nouveau marché africain: Madagascar.

En juillet dernier, le groupe a en effet annoncé avoir conclu un accord avec Société générale pour la reprise de la totalité des participations du groupe (70 %) dans Société générale Madagasikara. Cette acquisition confirme le regain d’intérêt du groupe BPCE pour l’Afrique, après avoir pris le contrôle de Banque pour le commerce et l’industrie Mer-Rouge (BCIMR) à Djibouti en 2007.

Pour Jean-Paul Julia, la filiale djiboutienne doit être le point d’appui dans l’arc indo-pacifique du déploiement de la stratégie internationale de la BRED. Première et seule banque européenne de la Corne de l’Afrique, BCIMR, qui opère depuis 1954 à Djibouti, est dotée d’un capital social de 3,592 milliards de francs Djibouti (18,5 millions d’euros). L’État djiboutien en contrôle 33 % des parts aux côtés de BRED-Banque populaire, qui y détient une majorité de 51 %. Le reliquat, soit 16 % des participations, reviennent à Yemen Bank for Construction and Development.

Des perspectives de développement à long terme

Détenue par 200 000 sociétaires, BCIRM, qui compte quelque 1,3 million de clients, entend poursuivre sa conquête commerciale, bâtie autour de valeurs coopératives fondant le modèle et l’identité centenaire de la BRED-Banque Populaire. Les capitaux propres ont atteint 6,7 milliards d’euros, permettant de dégager un profil de liquidité avec un ratio de solvabilité (CET1 ou Common Equity Tier 1, c’est-à-dire le rapport entre les fonds propres d’une banque et ses actifs pondérés) qui s’établit à 16 %.

En perspective, le plan stratégique 2024-2027 de la banque prévoit ainsi la poursuite de son développement à l’international dans des territoires à fort potentiel de croissance. Pour l’instant, les détails de cette expansion africaine ne sont pas communiqués. « Il s’agit d’un coup d’essai sur un gros actif – SG Madagascar étant dans le top 3 sur la Grande Île – en Afrique. Il faudra voir comment la BRED va évoluer sur ce nouveau marché, alors que la banque est davantage portée sur le retail que Société générale, qui cumule retail et corporate », décrypte un financier basé à Madagascar. Un défi pour le groupe bancaire qui possède essentiellement des filiales de taille modeste. « Qu’un groupe financier comme la BRED-Banque populaire rachète ici, cela devrait rassurer d’autres investisseurs potentiels », précise notre interlocuteur.

Mais le projet offre, à terme, des perspectives de développement commercial important et sur lesquels la banque estime que ses valeurs coopératives de proximité, de solidarité et d’engagement ont du sens. Pour rappel, le groupe BRED-Banque populaire a engrangé un produit net bancaire estimé à 1,33 milliard d’euros au 31 décembre 2023, pour un bénéfice de 319 millions d’euros.

Source: JeuneAfrique

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burkina Faso, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here