Africa-Press – Burkina Faso. Réunis à l’Assemblée législative de transition (ALT), les députés ont adressé des questions au ministre des affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur sur la contribution de la diaspora burkinabè à l’essor économique national ainsi que sur les mesures envisagées pour renforcer la structuration de cette diaspora. C’était ce mardi 11 novembre 2025. Au sujet du premier pan de la question, Jean-Marie Karamoko Traoré est revenu sur les domaines dans lesquels ces derniers interviennent, chiffres à l’appui.
La diaspora burkinabè à l’extérieur est estimée à environ 16 millions de personnes. Cette dernière intervient dans plusieurs domaines dont les plus importants sont les suivants: les transferts de fonds, la participation à l’actionnariat populaire et la contribution à l’effort de paix, les investissements productifs, les transferts de compétence, la réalisation d’infrastructures socioéconomiques et les dons divers aux communautés locales, la coopération décentralisée et le développement local, ainsi que la promotion de la destination Burkina Faso.
Concernant les transferts de fonds, M. Traoré montre une grande contribution de la diaspora au Produit intérieur brut et à la résilience des ménages. « Selon la Stratégie nationale de gestion de la diaspora (SNGD), la part contributive de la diaspora au PIB national était de l’ordre de 2,8% pour l’année 2023. Sa contribution au Produit intérieur brut (PIB) atteint actuellement 3% selon le Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) », a laissé entendre le chef de la diplomatie burkinabè, ajoutant que selon la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, les Burkinabè de l’extérieur transfèrent annuellement par des canaux légaux plus de 200 milliards de francs CFA.
« La Banque mondiale fait ressortir respectivement les chiffres de 348 058 662 000 francs CFA, 319 409 440 000 francs CFA et 352 935 240 000 francs CFA, au titre des transferts de fonds de la diaspora burkinabè, au cours des années 2021, 2022 et 2023. Ces montants dépassent l’aide publique au développement que les pays de l’OCDE devraient allouer à notre pays », a-t-il détaillé.
Plus de 500 millions de contributions à l’actionnariat populaire
Deuxièmement, la diaspora intervient à travers la participation aux différentes initiatives de développement au niveau national. Elle apporte pour ainsi dire sa contribution à l’actionnariat communautaire afin de soutenir le développement national à travers la création d’entreprises communautaires. « Selon l’Agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire (APEC), les Burkinabè vivant à l’extérieur constituent la deuxième force de souscription à l’actionnariat populaire. En fin octobre 2025, le montant total reçu des Burkinabè de l’extérieur au titre de l’actionnariat populaire se chiffrait à 593 530 000 FCFA. Cette contribution pourrait être améliorée », a précisé Jean-Marie Karamoko Traoré.
Par ailleurs, de 2023 à 2025, le cumul des contributions reçues de la diaspora à travers le canal du ministère des Affaires étrangères concernant le Fonds de soutien patriotique s’élève à 1 123 241 165 francs CFA. Pour l’année 2025, précise l’orateur du jour, les contributions qui ont fait l’objet de cérémonies officielles de remise au ministère des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur se chiffrent à 165 240 007 francs CFA. En sus, les contributions en nature pour 2025 ont une valeur estimative de 19 625 000 francs CFA.
« A cela s’ajoute de nombreux dons en nature qui ont également été fait par la diaspora en soutien aux personnes déplacées internes et aux VDP (sacs d’habillement et savons, vivres et produits alimentaires, sacs de chaussures, engrais bio, motos ; taxi-moto ; liaisons satellitaires ; liaisons radios ; colis de nattes pour les volontaires pour la défense de la patrie ; colis de nattes pour les personnes déplacées internes) a égrené le ministre, qui souligne que les Journées nationales d’engagement patriotique et de participation citoyenne organisées par les missions diplomatiques et postes consulaires, permettent de sensibiliser la diaspora sur le bien-fondé de leur contribution au développement de la mère patrie.
Un transfert de compétences fructueux
Au titre des investissements de projets, la diaspora finance des Petites et moyennes entreprises familiales, lance des projets d’infrastructures locales, participe à des opérations d’investissement et crée des entreprises directement ou à travers des ONG/associations. « Avec la dynamique en cours insufflée par les plus hautes autorités de notre pays, les Burkinabè de l’extérieur se sont davantage orientés vers la réalisation d’investissements productifs. Le ministère travaille à fournir l’accompagnement nécessaire à la diaspora », a-t-il informé.
Au sujet des transferts de compétences, des cadres burkinabè qualifiés rejoignent des centres d’innovation et d’excellence à l’étranger, où praticiens, ingénieurs, scientifiques et inventeurs travaillent, a annoncé le ministre. « Ils y trouvent ainsi des opportunités pour mieux valoriser leur savoir-faire en termes de technicité et de plus-value financière. En vue de mettre ce savoir-faire à la disposition des centres de formation et de recherche du Burkina Faso, des initiatives de divers ordres sont développées en vue de profiter des compétences de la diaspora burkinabè », a-t-il lâché.
« Le transfert de compétences et de savoir-faire de la diaspora burkinabè dans divers domaines, notamment la santé, les TIC, l’ingénierie et l’enseignement, apporte significativement de l’expertise, des mentorats, des formations pratiques et surtout des formations supérieures et universitaires et des partenariats universitaires/entreprises. « À ce jour, sans être exhaustif, ce transfert de compétences est constaté notamment dans l’enseignement supérieur où des Burkinabè de l’extérieur sont sollicités pour partager leurs connaissances dans des unités de formation et de recherche du Burkina Faso », a développé M. Traoré.
La diaspora, impliquée dans l’organisation d’événements culturels
Sur la coopération décentralisée entre des collectivités étrangères et burkinabè, le ministre rassure: « les actions de partenariat sont parfois suscitées par la diaspora burkinabè résidant dans les communes étrangères d’accueil. Ainsi, les actions des collectivités ne se limitent pas à une démarche humanitaire, mais prennent la forme d’un véritable partenariat de territoires. » Et à propos de la participation au rayonnement culturel, il souligne leur implication dans l’organisation de journées culturelles. « Ces journées permettent de maintenir le lien de rattachement à la mère patrie et de mieux promouvoir les potentialités culturelles et touristiques. Elle œuvre également à promouvoir les grandes manifestations culturelles, artisanales et touristiques telles que le SIAO, le FESPACO, le SITHO, etc. », souligne-t-il.
Erwan Compaoré
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