Africa-Press – Burkina Faso. Le capitaine Fayçal Zouré a été enlevé samedi 30 mars à son domicile de Ouagadougou par des hommes armés en civil. Il rejoint la longue liste des personnalités civiles et militaires qui ont disparu ces derniers mois.
L’information n’a pas été relayée à la une des médias burkinabè, mais elle a été diffusée par plusieurs opposants à la junte d’Ibrahim Traoré sur les réseaux sociaux. Elle a depuis été vérifiée par Jeune Afrique: samedi 30 mars, le capitaine Fayçal Zouré a été enlevé à son domicile de Ouagadougou. Ce jour-là, il est environ 20 heures lorsque des hommes armés en civil stationnent leurs véhicules devant chez lui, à Karpala, un quartier du sud-est de la capitale. Ils pénètrent dans la cour, puis l’emmènent de force sous les yeux médusés de sa famille.
Pour l’heure, il est difficile de connaître les raisons précises de cet enlèvement, qui vient s’ajouter à la longue liste des disparitions forcées dans le pays. Mais, encore une fois, les regards se sont rapidement portés sur la junte au pouvoir, qui multiplie les arrestations – y compris d’officiers – en ayant recours à ce mode opératoire depuis quelques mois.
Le 27 septembre 2023, le gouvernement avait annoncé avoir déjoué « une tentative de coup d’État ». Dans la foulée, plusieurs officiers avaient été arrêtés. Parmi eux figuraient le commandant Abdoul Aziz Aouoba, qui dirigeait le Commandement des opérations spéciales (COS), le lieutenant-colonel Boubacar Keïta, directeur de l’Institut supérieur d’études de protection civile (ISEPC), le lieutenant-colonel Cheick Hamza Ouattara, commandant de la légion spéciale de la gendarmerie nationale, et le capitaine Christophe Maïga, commandant adjoint de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale (Usign). Le commandant Ismaël Touhogobou, ancien chef de corps à Djibo, avait, lui, été tué lors de son « interpellation » à Ouagadougou. Plus récemment, mi-janvier, le lieutenant-colonel Evrard Somda, ancien chef d’état-major de la gendarmerie nationale, avait à son tour été enlevé chez lui par des hommes armés, devant son épouse et ses enfants.
Formé au PMK et à Saint-Cyr
Décrit comme discret et méticuleux, le capitaine Zouré était un officier apprécié de ses hommes. Arrivé au Prytanée militaire de Kadiogo (PMK) en 2003, il évolue au sein de la même promotion que le capitaine Anderson Medah, directeur de cabinet d’Ibrahim Traoré. Il effectue ensuite des études de droit à Ouagadougou avant de poursuivre sa formation militaire. En 2015, il complète son cursus par un passage à l’école d’officiers de Saint-Cyr, en France, où il se spécialise en infanterie.
Lorsqu’il rentre au Burkina Faso, en 2019, sa hiérarchie décide de l’affecter à l’École nationale des sous-officiers d’active en tant qu’instructeur, en périphérie de Ouagadougou. Puis, en 2021, il fait partie d’un détachement de militaires burkinabè au sein de la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, avec lequel il est déployé dans la région de Tombouctou. Le capitaine Zouré avait ensuite suivi une formation en renseignement au Maroc. À son retour à Ouagadougou, il y a quelques mois, il avait intégré la direction du renseignement militaire.
Source: JeuneAfrique
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