Africa-Press – Burkina Faso. Bonjour camarades et merci à tous d’être là ce matin pour le lancement de la Semaine du numérique. Merci donc au pays invité d’honneur, le Ghana. Merci aux pays frères du Mali, du Niger qui sont là aussi pour nous accompagner dans cette révolution de l’intelligence artificielle qui, aujourd’hui, est en train de dominer le monde.
Je m’en voudrais bien de commencer à parler sans rendre grâce à Dieu, et aussi rendre un hommage vibrant à nos vaillantes forces combattantes sur le terrain qui, depuis ces dernières semaines, font un travail extraordinaire. Je le dis parce que je ressens de la fierté ces dernières semaines: pendant que l’ennemi croit qu’il est en train de nous faire plier, c’est en ce moment que le moral de nos hommes rebondit et ils font un travail exceptionnel. Je tiens à leur rendre hommage, à les féliciter, et je souhaite donc qu’on prenne une minute de silence pour prier pour le repos des âmes de tous ceux qui ont perdu la vie dans ce combat.
Je vous remercie. 20e anniversaire donc de la Semaine du numérique. Cela fait des décennies, si je peux le dire, que nous célébrons donc cette Semaine du numérique. Mais je pense que ce 20e anniversaire doit être l’occasion de marquer aussi une pause, de faire le point de situation, de voir où est-ce que nous en sommes pour pouvoir nous projeter dans le futur.
Le Burkina Faso vient de très loin en matière de numérique et je peux dire que nous sommes encore très loin. Beaucoup de choses ont été faites ces dernières années, mais nous avons un programme articulé en 12 points que nous voulons lancer pour être, en 2030, à un certain niveau qui puisse nous permettre de dire qu’en 5 ans, nous avons fait un bond d’au moins 100 ans. Et Madame la Ministre a pris l’engagement, avec toute son équipe, de pouvoir mettre en œuvre ce programme, et soyez sûrs que nous sommes là pour vous accompagner, quand vous voulez, pour que cette révolution soit un succès.
Le Burkina Faso a besoin de cette révolution numérique qui doit nous permettre de nous placer à un certain niveau de développement dans la sphère mondiale. Aujourd’hui, quoi qu’on veuille, aucun domaine ne pourra se propulser sans le numérique. C’est pratiquement impossible.
Nous avons tantôt parlé de la lourdeur administrative, des tracasseries et de tout ce dont sont victimes toutes les populations. Toutes les couches de nos populations sont victimes de certaines lenteurs au niveau de l’administration. Mais seule la digitalisation, le numérique, peut nous permettre de faire un bond significatif, d’offrir des services rapides et donc à moindre coût, et de faire une économie d’échelle dans ces services, pour que nous puissions avancer dans notre administration, que ce soit dans le domaine de la santé, le domaine de l’éducation, de la sécurité, de la défense. Tous les domaines ont besoin aujourd’hui du numérique pour pouvoir avancer.
Nous parlons donc d’un pays qui, aujourd’hui, cherche à combattre un phénomène qui gangrène l’Afrique tout entière, la corruption. Nous ne pouvons pas lutter contre la corruption sans intégrer le volet digital. Si nous voulons effectivement lutter contre la corruption, il va falloir qu’on accepte de digitaliser beaucoup de procédures, qu’on accepte donc le numérique dans tout ce que nous faisons dans l’administration. C’est la seule façon de pouvoir lutter contre la corruption, et notre pays en a besoin. Notre pays en a drastiquement besoin, d’autant plus que nous sommes en train de mettre beaucoup d’énergie pour que beaucoup de secteurs soient digitalisés et nous permettent de faire un bond significatif dans la lutte contre la corruption.
Je vous invite donc à continuer dans ce sens, à intégrer, à fédérer tous les ministères sur les différentes plateformes que vous êtes en train de développer pour que cette lutte contre la corruption voie un grand avancement dans les 2–3 ans à venir.
Si nous voulons aussi des instruments de sécurité performants, nous n’avons pas le choix que d’intégrer l’intelligence artificielle. Je pense que c’est une occasion de pouvoir aussi informer beaucoup de jeunes sur ce que c’est que l’emploi judicieux de l’intelligence artificielle, de prendre des exemples concrets en matière de sécurité, en matière de défense.
Je vous prends un exemple: l’analyse de certaines données a forcément besoin d’intelligence artificielle pour aller très vite et être très concret. Aujourd’hui, la démographie et toutes les données récoltées par les capteurs, si je peux dire, de la sécurité ont besoin d’une analyse rapide et succincte pour pouvoir donner des conclusions qui permettent aux différentes forces de pouvoir agir à temps et pouvoir anticiper sur tout ce qui peut toucher à la sécurité de notre pays.
Aujourd’hui, en termes de défense, qui ne serait pas content que, de sa position, il puisse peut-être avoir des images et des coordonnées d’une situation particulière, les transmettre à une unité qui a déjà la situation en temps réel et qui doit intervenir sur le terrain? Ça permet de sauver des vies parce que ça vous permet de mieux préparer et d’anticiper la situation.
Mais tout cela ne peut se faire que lorsque nous développons sérieusement nos infrastructures numériques et nous sommes sur cette lancée, parce que le Burkina Faso, comme je l’ai dit, vient de très loin. Nous avons passé tout le temps à héberger nos données à l’étranger. Ça veut dire que nous ne sommes pas maîtres de nos propres données, que nous produisons, et nous ne pouvons pas parler de souveraineté si nous n’hébergeons pas nous-mêmes nos propres données que nous produisons ici et qu’on passe le temps à aller les exposer, à les mettre chez les autres.
Donc la question de souveraineté intègre impérativement la question aussi du numérique. Aujourd’hui, nous sommes en train donc d’acquérir des data centers pour pouvoir, au fur et à mesure, héberger toutes nos données que nous produisons ici sur place, et aussi les différentes applications que les jeunes sont en train de développer, à qui d’ailleurs je tire mon chapeau.
Féliciter toutes les équipes qui participent à ce combat avec nous, parce que le Burkina Faso, rien qu’hier, importait des applications élémentaires dans notre administration. Nous ne pouvons pas parler d’indépendance et de souveraineté. Pour peu que nous ayons besoin d’une petite application pour faciliter un service, il faut aller la payer chez ceux-là qui sont en train de nous combattre. Nos données et toutes nos actions, tous nos mouvements, sont donc connus et su de tous.
Aujourd’hui, nous sommes en train de développer beaucoup d’applications dans beaucoup de ministères pour pouvoir aller très vite. Quand je prends rien que le ministère de la Justice: avant, il fallait quitter très loin, de son village, pour trouver une ville et pouvoir faire son certificat de nationalité, par exemple, ou un casier judiciaire. Mais aujourd’hui, à travers la digitalisation, nos ingénieurs ont créé des applications qui permettent à tout citoyen, à partir de sa position, de pouvoir avoir accès à ces services-là. Ça lui fait gagner en temps, en énergie, et il n’a plus besoin de dépenser en carburant pour pouvoir se rendre, avec tous les risques de la route, dans une zone quelconque pour pouvoir se procurer ces documents.
Ce sont des exemples concrets que nous pouvons prendre et qui nous permettent de dire que nous avons besoin d’avancer dans le numérique, de pouvoir soulager nos populations et lutter efficacement contre la corruption.
Ceci dit, on pourra se poser la question: comment est-ce que le Burkinabè lambda va faire pour pouvoir avoir accès à ces services, puisque tout le monde n’est pas forcément au même niveau en termes d’utilisation des téléphones ou des ordinateurs?
Mais j’ai instruit le ministère, qui a déjà réfléchi à une solution qui normalement doit commencer à être implémentée dans quelques semaines. Nous voulons construire, dans toutes les provinces et plus tard dans tous les départements, des Maisons du citoyen. Ce sont des maisons où des jeunes pourront être là, accompagnés avec tout le package numérique du Burkina Faso. Lorsqu’un citoyen a besoin d’un service, il pourra se rendre dans ces Maisons du citoyen et pouvoir avoir accès à ces services-là.
Donc, nous n’avons oublié personne. Tout le monde sera servi et nous pourrons être ensemble sur le bateau, et que personne ne soit à la traîne. C’est pour dire qu’il y a de vastes chantiers qui sont engagés à travers le ministère, et aujourd’hui, nous recrutons 10 à 20 fois plus d’ingénieurs dans le domaine du numérique pour pouvoir aller très vite.
En plus de tout cela, la formation est essentielle. Nous sommes en train de mettre l’accent sur les différentes écoles qui forment des ingénieurs pour que nous ayons de la matière. Et c’est là que j’interpelle la jeunesse.
C’est le moment pour vous de prouver que ce que les autres disent de nous, Noirs, vous puissiez prouver que tout est faux. Nous avons de l’intelligence, nous avons des cerveaux capables de concevoir, de concevoir bien et de concevoir utile pour nos populations.
Et donc, j’invite tous les jeunes qui seront inscrits dans ces différentes écoles, qui partent pour la quête de savoir d’ingénierie, à continuer à faire les recherches qu’il faut et développer tous les outils informatiques nécessaires dont a besoin notre pays, depuis le paysan jusqu’à l’administration, pour pouvoir donner un coup de pouce à notre quête de développement que nous sommes en train de mener.
Dans quelques semaines, s’il plaît à Dieu, nous allons lancer les travaux d’une académie polytechnique dans laquelle sera intégré ce volet de formation sur le numérique, et des ingénieurs pleins devront sortir de ces universités dans quelques années et pouvoir être au service du pays.
Aussi bien que nous parlons des bienfaits de l’intelligence artificielle, je vous enjoins de commencer la sensibilisation également de la jeunesse sur les méfaits de l’intelligence artificielle. L’intelligence artificielle est un outil qui doit nous permettre d’avancer, mais pas un outil qui doit désorienter la jeunesse. Il faut l’employer à bon escient, et ça, c’est un volet très important. Je pense que, par la sensibilisation, vous pourrez faire beaucoup de choses au sein de la jeunesse pour lui montrer les effets néfastes aussi de l’intelligence artificielle.
Nous n’avons pas dit de l’exploiter à d’autres fins. Beaucoup, aujourd’hui, le font déjà pour escroquer des individus, pour passer pour d’autres personnes, ainsi de suite, pour la désinformation et tout ce qui va avec. Il faut que ces pratiques puissent cesser, mais c’est aussi par la sensibilisation que nous pourrons y arriver. Et je compte sur la jeunesse, qu’elle pourra donc tirer le meilleur profit de l’intelligence artificielle pour travailler au profit de la nation.
Et quoi qu’on dise, c’est un domaine où les start-up sont en train de germer un peu partout, et ceux-là aussi doivent passer le message pour faire comprendre aux autres que c’est un domaine où l’homme peut se faire. Voilà, c’est très important. Il faut que les jeunes comprennent que créer des start-ups, créer des petites entreprises dans le domaine du numérique, pour aider et faciliter la vie des citoyens, ça vous permet, vous-mêmes aussi, de pouvoir vivre dignement au Burkina Faso.
Donc, j’exhorte tout un chacun à intégrer le volet du numérique. Je vous encourage, vous, ministère, à pouvoir lancer tous les vastes chantiers et notre programme des 12 points, des 12 engagements que vous avez pris sur 2030, que nous puissions atteindre nos objectifs bien avant 2030, et j’espère que c’est bien possible.
Donc, j’invite tout un chacun, tous les départements ministériels, à fédérer les énergies pour pouvoir faciliter la tâche à ceux-là qui sont censés vous accompagner dans ce développement du numérique à travers l’intelligence artificielle et favoriser le développement de notre chère patrie.
Merci beaucoup à tous. Je vous souhaite une très bonne Semaine du numérique et, Inch’Allah, on se retrouve à la session prochaine avec des innovations majeures, s’il plaît à Dieu, toujours pour le bonheur de nos populations.
Merci à tous d’être venus et merci aux pays frères qui sont là. Je vous souhaite un très bon séjour au Burkina Faso et que Dieu bénisse notre très chère patrie.
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