Les magistrats en grève pour protester contre la soustraction d’une détenue par des militaires

Les magistrats en grève pour protester contre la soustraction d’une détenue par des militaires
Les magistrats en grève pour protester contre la soustraction d’une détenue par des militaires

Africa-Press – Burkina Faso. Les magistrats burkinabè ont décrété, samedi, une grève consistant à suspendre toutes les activités en juridiction pour protester contre la soustraction en prison vendredi soir, d’une détenue par un groupe de militaires, alors que cette dernière était sous mandat de dépôt en compagnie de huit autres personnes.

Dans une déclaration, l’intersyndicale des magistrats du Burkina Faso « appelle l’ensemble des magistrats du Burkina Faso à la suspension de toutes les activités en juridiction jusqu’à l’intégration de la dame dite guérisseuse traditionnelle à la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou », lit-on dans une déclaration du syndicat.

L’intersyndical des magistrats explique que ces derniers temps, l’opinion publique a été « choquée » en découvrant, à travers une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, une scène de torture d’un quinquagénaire par des individus qui auraient agi sous l’égide d’une guérisseuse traditionnelle qui serait leur patronne.

Une enquête policière a permis de mettre la main sur neuf personnes et le parquet a décidé d’engager des poursuites judiciaires pour des faits « de torture, de coups et blessures volontaires et de séquestration » contre elles.

Vendredi, alors que des mandats de dépôt venaient à peine d’être décernés contre les mis en cause pour les besoins de la procédure, « l’on a constaté un encerclement du Palais de justice du Tribunal de grande instance Ouaga II par un groupuscule de militaires encagoulés et armés, à bord notamment de deux pickups et d’un blindé pour, disent-ils, « libérer la guérisseuse » des mains des agents de la Garde de Sécurité Pénitentiaire », a expliqué le syndicat.

La détenue du nom de Nikiéma Amsétou a été remise à des éléments qui disent relever de l’Agence nationale de renseignement (ANR) sans accord du Procureur et ce, sur instructions du Directeur général de l’administration pénitentiaire, déclarant lui-même plus tard avoir agi sur instructions du ministre en charge de la Justice et des Droits humains, a soutenu le syndicat des magistrats.

Le Procureur général du Burkina Faso, Laurent Poda a pour sa part expliqué dans un communiqué que les « faits ainsi relatés, établis dans leur matérialité et non contestables dans leur véracité, constituent une entrave grave à l’action judiciaire qui, faut-il encore le rappeler, ne reste attachée qu’aux principes édictés par la Constitution et les lois qui régissent notre pays ».

« J’interpelle monsieur le ministre de la Justice sur la nécessité qui lui incombe de respecter les principes de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la justice, tout en l’invitant à prendre toutes dispositions utiles en vue de la réintégration de Nikiéma Amsétou » en prison, a-t-il dit.

Le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo, a réagi en marquant la compréhension du gouvernement « face à ces réactions » avant de rassurer l’opinion que « toutes les dispositions sont prises pour réserver le meilleur traitement à ce dossier dans le strict respect des principes de l’État de droit, de tolérance zéro à l’impunité, de préservation de la paix sociale et de la sécurité ».

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