Procès Sankara et compagnons : Le tribunal rejette une demande d’expertise psychiatrique de l’accusé Yamba Elysée Ilboudo

Procès Sankara et compagnons : Le tribunal rejette une demande d'expertise psychiatrique de l'accusé Yamba Elysée Ilboudo
Procès Sankara et compagnons : Le tribunal rejette une demande d'expertise psychiatrique de l'accusé Yamba Elysée Ilboudo

Africa-Press – Burkina Faso. Après les questions du Parquet et de la partie civile à l’accusé Yamba Elysée Ilboudo, la parole est revenue aux avocats de la défense. Et c’est l’avocat de l’accusé, Me Éliane Kaboré, qui l’a naturellement prise en premier. S’appuyant sur ce qu’elle qualifie d’ “incohérences” dans son récit, elle a demandé une expertise de l’état psychique de son client, Yamba Elysée Ilboudo.

Me Éliane Kaboré dit observer qu’il y a beaucoup d’incohérences dans le récit de Yamba Elysée Ilboudo. Elle note qu’il a des trous de mémoire. Me Kaboré dit aussi avoir relevé que depuis que son client a été appelé à la barre, hier mardi 26 octobre 2021, il a dit “35 fois : je ne sais pas” à des questions qui lui sont posées et a rappelé “cinq fois” qu’il a été victime d’un accident qui lui laisse des séquelles.

L’avocat dit avoir également appris, de son épouse, que depuis que Yamba Elysée Ilboudo a été victime de l’accident en 1989 (qui l’a plongé dans un coma et pour lequel, il a été évacué en France), il parle parfois seul.

Elle confie en outre avoir constaté que par plusieurs fois, l’accusé n’a pas pu donner le nombre exact de ses enfants. “Tantôt cinq, tantôt six… Mais en réalité, il a sept enfants”, certifie son conseil, Éliane Kaboré. Une situation qui l’a alertée sur la possibilité d’un déficit mental de son client, depuis cet accident de 1987 sus-évoqué. Yamba Elysée Ilboudo a été de nouveau victime d’un accident en mai 2021, dont il traîne encore les cicatrices. L’avocat remet au tribunal et au Parquet, des documents justifiant l’état de forme de l’accusé. Le tribunal va provoquer l’avis des autres parties sur cette requête de Me Éliane Kaboré.

Les avocats des victimes se montrent défavorables à la requête. Pour Me Prosper Farama, tout le monde peut avoir des trous de mémoire sur des faits plus ou moins lointains, sans que cela ne constitue pour autant une défaillance des facultés mentales. Me Guy Hervé Kam relève que la “demande ne repose pas sur l’état mental de l’accusé, mais sur les incohérences de l’accusé à la barre”. Aussi se demande-t-il pourquoi c’est maintenant que l’avocat soulève le problème, alors qu’elle a disposé de deux mois (elle a été commise d’office en septembre 2021).

L’agent judiciaire de l’État abonde dans la même trajectoire que la partie civile. Il craint que si cette requête passe, d’autres accusés emboîtent le pas. Ce qui va retarder le procès et coûter de l’argent à l’État. Pour le tribunal, de tels éléments ne sauraient être des arguments pour l’agent judiciaire de l’État pour refuser la demande. Il précise qu’une telle demande est d’ailleurs un droit reconnu aux accusés. Finalement, l’agent judiciaire de l’État se cantonne à dire que la requête arrive tardivement.

Le Parquet rappelle pour sa part que depuis la veille, il a demandé, vainement, à avoir les documents médicaux de l’hôpital d’accueil de l’accusé en France. Cela aurait permis, de son avis, d’avoir une situation sur son état exact à ce niveau.

Le Parquet se convainc d’ailleurs que les oublis que manifeste Yamba Elysée Ilboudo relèvent d’une stratégie de défense. “Il ne s’agit pas d’incohérences, mais d’une stratégie de défense”, conclut le ministère public.

Ces arguments n’emportent pas la conviction des avocats de la défense. Des intervenants vont aller dans le sens de la requête de Me Éliane Kaboré, en soulignant entre autres que ce procès est historique pour le Burkina Faso. Ce qui implique qu’il faut poser tous les actes nécessaires au bon déroulement du procès, faire en sorte à ne pas avoir à regretter de n’avoir pas posé tel ou tel autre acte. “Même s’il faut l’état psychique de tous les accusés, il faut le faire. C’est la vérité on cherche”, a partagé Me Olivier Somé.

Me Aouba Zaliatou pense qu’être dans le coma est de nature à altérer les facultés mentales et que la seule façon d’être donc sûre de l’état de la personne, c’est de faire une expertise.

C’est sur ces entrefaites que le tribunal va suspendre l’audience autour de 12h30 pour plancher sur la requête. A la reprise à 14h, le tribunal va juger la requête recevable, mais la rejette comme étant injustifiée. L’interrogatoire se poursuit donc, toujours avec l’accusé Yamba Elysée Ilboudo. O.L

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burkina Faso, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here