Africa-Press – Burkina Faso. Dans le cadre de la deuxième édition de la journée des communautés de la région du Nord, qui s’est tenue les 30 et 31 mai 2025 à Gourcy, province du Zondoma, s’est joué, dans l’après-midi de ce vendredi 30 mai 2025, un match de football qui a mis aux prises les équipes des villages de Minima et de Mako, sous le regard du haut-commissaire du Zondoma. Ces deux villages étaient autrefois à couteaux tirés en raison de la gestion des ressources naturelles partagées, notamment la gestion foncière. Après s’être affrontés à la finale de la première édition de la journée des communautés, les deux villages se retrouvent encore cette année pour ce qui peut être qualifié de « match de la paix ». Un match atypique où l’accent a été mis sur le renforcement des liens entre les deux communautés plutôt que sur l’enjeu sportif.
Après 2024, la deuxième édition de la journée des communautés de la région du Nord s’est tenue les 30 et 31 mai 2025 à Gourcy, province du Zondoma, sous le thème « Ressources naturelles partagées, un avenir commun: renforcer les liens pour une coexistence pacifique ». Cette journée, qui vise à consolider les liens entre les différentes communautés et contribuer à un mieux vivre-ensemble, se tient dans le cadre du projet « Renforcement de la résilience communautaire des ménages agrosylvopastoraux dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Nord et du Centre-Nord (RESICOM) » mis en œuvre par le consortium Solidar Suisse et SOS Sahel.
Un match atypique
Elle a débuté ce vendredi 30 mai 2025 par un match de football qui a mis aux prises les équipes des villages de Minima et de Mako. Il s’est agi d’un match atypique où les buts marqués normalement sont refusés et les tirs hors cadre validés, où l’arbitre se prend pour un joueur et dribble, où le joueur qui commet une faute doit porter son adversaire pendant quelques secondes, où l’on tire le pénalty en donnant dos aux buts ; un match au cours duquel on marque une pause pour boire de la boisson du terroir, etc. Ce match empreint de ‘‘Rakiré’’ (parenté à plaisanterie), disputé dans une ambiance bon enfant, s’est terminé sur un score nul (1-1), selon l’arbitre. En effet, deux buts marqués hors cadre par deux dames, représentant chacune une équipe, entrées en cours de match juste pour tirer des penaltys imaginaires accordés par l’arbitre, ont été les seuls validés par ce dernier après avoir consulté la VAR (assistance vidéo) ‘‘mythique’’ que lui seul pouvait voir.
Les trois buts valides marqués par Mako et le but valide de Minima, tous de beaux buts, ont été refusés par l’arbitre, le seul vrai et incontesté maître du terrain qui peut réellement donner le nom de l’équipe vainqueur de cette rencontre. Pour dire que l’enjeu sportif importait peu. Toutes deux gagnantes pour leurs efforts pour la paix et la cohésion sociale, les deux équipes sont réparties chacune avec la somme de 75 000 F CFA. Le plus jeune joueur de la rencontre avait 39 ans et le plus vieux, 68 ans.
L’unique but du match: la cohésion sociale
Selon les initiateurs et les représentants des deux équipes, le plus important a été atteint à travers ce match de la paix. Deux villages réconciliés qui donnent maintenant l’exemple de cohésion sociale et de vivre-ensemble harmonieux.
Le haut-commissaire de la province du Zondoma, Sidiki Nabé, s’est réjoui de constater que ce match a permis à ces deux villages de taire les querelles passées pour cultiver les valeurs de paix, de cohésion et de solidarité. « Nous avons deux villages qui, naguère, ne filaient pas le même coton ; mais qui, aujourd’hui, grâce à cette activité, ont fumé le calumet de la paix. Les retours que nous avons eus depuis l’année dernière montrent que les deux communautés s’entendent parfaitement et c’est tout ce que nous recherchons. Nous allons en profiter pour remercier Solidar Suisse à travers le projet RESICOM, qui accompagne les efforts du gouvernement en matière de cohésion sociale, de vivre-ensemble et de paix. Nous souhaitons vraiment que de telles activités se multiplient pour raffermir davantage le tissu social, la cohésion sociale. C’était un match très plaisant, très spectaculaire avec un arbitre atypique. L’objectif principal, c’était le brassage, la solidarité, la communion. À travers ce match, nous allons pouvoir donner l’exemple à toutes nos communautés, à tous nos villages de se donner la main et de regarder dans le même sens », a déclaré Aboubacar Sidiki Nabé.
Pour Micheline Ouaméga, chargée de programmes économie et travail à Solidar Suisse, représentant le directeur pays de l’ONG, cette initiative est un succès. « Voir ces deux villages jouer dans une si belle ambiance et un match qui a été joué sans vainqueur: seul l’arbitre peut dire qui a gagné, c’est vraiment un pari réussi pour nous », a-t-elle indiqué.
« À travers les journées des communautés, nous recherchons le renforcement de la cohésion sociale. Depuis quelques années, les conflits au Burkina Faso et dans la région du Nord en particulier ont été exacerbés avec la situation que nous vivons, et beaucoup plus entre les agriculteurs et les éleveurs, notamment autour des ressources naturelles partagées. Donc, nous avons voulu promouvoir une gestion apaisée des ressources naturelles partagées, et les villages de Mako et de Minima sont deux villages qui avaient jadis quelques soucis, à cause de la gestion des terres. Ce match entre ces deux villages a renforcé la cohésion entre les deux communautés. À l’issue de la première édition, chacun des deux villages a organisé une activité et a invité l’autre. Nous avons vu que notre objectif en organisant la première édition était atteint et ces deux villages sont revenus cette année pour renforcer les acquis et montrer que la première édition était un succès », a ajouté Micheline Ouaméga.
Multiplier les initiatives en faveur de la paix
Même son de cloche chez les représentants des deux équipes qui se réjouissent de l’organisation une nouvelle fois de ce match. Ils appellent par ailleurs les autorités à multiplier ces initiatives afin de renforcer davantage la cohésion sociale, gage d’une paix durable.
« Ce match était le bienvenu. C’est parce que ce genre d’initiative manque qu’il y a souvent des conflits, des mésententes. Ces genres de rencontres renforcent la cohésion, l’entente, la cohabitation pacifique. Le football rassemble beaucoup les gens ; et à travers ça, si les gens se connaissent, s’il y a la cohésion, l’amitié, la parenté à plaisanterie, même s’il y a une mésentente, un souci, ça n’ira pas loin ; une solution sera vite trouvée. Nous invitons les autorités à multiplier ces genres d’initiatives en invitant des villages d’autres contrées pour renforcer la cohésion sociale », a confié Madi Ouédraogo, capitaine de Mako.
« C’était une belle rencontre empreinte d’amitié et d’entente. Nous remercions vraiment les initiateurs de ce match de football. Nous sommes très contents, nous sommes devenus amis avec les habitants de Mako. Nous souhaitons que de telles initiatives se multiplient et perdurent », a souligné de son côté Abdoulaye Kindo, capitaine de Minima.
Cette deuxième édition de la journée des communautés de la région du Nord s’est poursuivie le samedi 31 mai 2025 avec des activités telles que des représentations théâtrales, des séances de partage d’expériences dans la gestion des conflits liés aux ressources naturelles et sur les impacts du projet RESICOM, des prestations artistiques, etc.
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