Africa-Press – Burkina Faso. Vous ne supportez plus vos lunettes? Si vous résidez outre-Atlantique, vous pourrez sans doute à l’automne prochain choisir (ou pas) de les reléguer au fond d’un tiroir et d’opter pour un collyre (à condition de payer sans doute plus de 50 dollars par mois). La Food and drug administration vient en tout cas de donner son feu vert à un nouveau traitement permettant de corriger la presbytie de l’adulte. Baptisé Vizz et développé par la firme Lenz Therapeutics, il vient rejoindre d’autres produits similaires disponibles, eux, depuis déjà quelques années.
De quoi s’agit il? Dans tous les cas, de substances aux propriétés dites cholinergiques déjà utilisées dans le traitement du glaucome. Pour ces collyres positionnés comme une alternative aux lunettes, le principe est le suivant: agir au niveau des muscles dits ciliaires, soit ceux d’une structure de l’oeil appelée corps ciliaire située en arrière de l’iris, dont le rôle est de moduler le pouvoir convergent du cristallin et de permettre l’accommodation dans le domaine de la vision.
Des effets secondaires bénins et transitoires
La goutte de collyre produit un effet dit sténopique qui a pour effet d’augmenter la profondeur de champ, sans provoquer de vision trouble. Ici avec Vizz, c’est l’acéclidine qui contracte le muscle de l’iris ; cela réduit le diamètre de la pupille d’environ 2 mm. Avec les deux autres produits déjà commercialisés aux Etats Unis, l’un depuis 2021 (Vuity – AbbVie) puis Qlosi, (Allergan) en 2023, il s’agissait de pilocarpine.
Les différents essais cliniques dits Clarity (dits 1, 2 et 3) menés avec Vizz ont été publiés ces derniers mois dans différentes revues scientifiques et leurs résultats régulièrement présentés par Lenzz lors de congrès internationaux. Selon ces données, plus de cinq cents patients ont à ce jour été inclus et plus de 30.000 jours de traitement cumulés ont été analysés. Concrètement, l’amélioration de la vision de près est ressentie après environ 30 minutes, avec un effet pouvant durer jusqu’à 10 heures avec une seule instillation.
Avec une concentration de 1,44 % d’acéclidine dans sa dernière version, l’action de Vizz s’effectuerait de manière plus sélective et plus fine que ses prédécesseurs, ce qui lui permet de revendiquer moins d’effets secondaires. Car, selon les résultats communiqués par le laboratoire, si la tolérance semble à ce jour satisfaisante et qu’aucun effet indésirable grave n’a été mentionné, il en existe bel et bien, même s’ils sont bénins et transitoires. Les plus fréquents relèvent de l’irritation oculaire (20 %), d’une vision assombrie (16 %) mais aussi des maux de tête (13 %). Quant aux effets sur le long terme d’une instillation quotidienne, ils sont encore inconnus, le recul étant à ce jour insuffisant.
Un « changement de paradigme dans la prise en charge de la presbytie »
Pour sa part, le laboratoire précise que les premiers échantillons seront disponibles aux Etats-Unis en octobre et qu’une commercialisation est prévue d’ici la fin de l’année. Pour le Dr Marc Bloomenstein, le chercheur ayant mené les essais chez Lenz, la récente approbation de la FDA s’inscrit évidemment comme un « changement de paradigme dans la prise en charge de la presbytie », ce trouble visuel survenant avec l’âge et concernant potentiellement à terme tout le monde ou presque.
Reste à savoir comment les utilisateurs accueilleront ce collyre, dont le prix de vente devrait avoisiner 80 euros par mois pour les produits à base de pilocarpine, et quelles données de pharmacovigilance apparaîtront à long terme. Car si la simplicité d’usage peut séduire des millions de presbytes désireux de se passer de lunettes, une large diffusion – favorisée par l’arrivée d’autres traitements en développement – risque d’entraîner l’apparition de signalements d’effets indésirables.
Comme avant toute toute médication, les voix les plus modérées prôneront donc un usage ponctuel plutôt que régulier afin de jouer la carte de la prudence. Primum non nocere. Car pour mémoire, les lunettes restent dépourvues d’effets secondaires, ne pouvant qu’être perdues ou cassées.
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