Africa-Press – Burkina Faso. Imaginez une créature marine de la taille d’un doigt humain, dotée de trois yeux, de pinces épineuses et d’une bouche circulaire tapissée de dents acérées. Voici Mosura fentoni, la dernière découverte issue des célèbres schistes de Burgess, situés dans le parc national Yoho, en Colombie-Britannique (Canada). Ce site, vieux de 506 millions d’années, abrite la plus étonnante faune fossilisée jamais découverte sur Terre. Elle témoigne d’une formidable période d’innovations évolutives qui s’est déroulée sur 40 millions d’années: c’est l’explosion du Cambrien. Cette époque a vu l’apparition d’innombrables formes de vies dont certaines ont constitué la base de la plupart des grands groupes d’animaux modernes. La faune de Burgess contient également une quantité de configurations cellulaires énigmatiques et exotiques qui se sont révélées être autant d’essais infructueux.
Un segment abdominal inédit
Parmi toutes ces étranges formes de vie, les radiodontes sont l’un des groupes les plus notables, pour deux raisons principales. La première est leur étrange aspect: ils évoquent vaguement la morphologie des crustacés, et particulièrement des crevettes pour certains, mais leur taille peut varier, selon les espèces, de quelques centimètres à près de deux mètres pour les anomalocarididés, considérés comme les superprédateurs de cette époque et sans doute comme les premiers que la Terre ait connus.
La deuxième raison qui suscite l’intérêt des chercheurs pour les radiodontes tient au fait qu’ils sont considérés comme étant à la base de la lignée des arthropodes supérieurs qui comprend aujourd’hui tous les animaux dotés d’un exosquelette, d’un corps segmenté et de membres articulés. C’est-à-dire les insectes, les araignées, les crustacés et les myriapodes ! Les comprendre, c’est comprendre l’origine et l’évolution de groupe.
Mosura fentoni présente une particularité jamais observée auparavant chez les radiodontes: une région abdominale segmentée à l’arrière de son corps. « Mosura possède 16 segments très compacts garnis de branchies à l’arrière de son corps, une convergence évolutive remarquable avec des groupes modernes comme les limules, les cloportes ou encore les insectes, qui possèdent aussi des segments respiratoires à l’arrière de leur corps », explique dans un communiqué Joe Moysiuk, qui a dirigé l’étude publiée dans la revue Royal Society Open Science. Si la fonction exacte de ces segments reste incertaine, les chercheurs suggèrent une adaptation à un mode de vie particulier nécessitant une respiration très efficace.
Des fossiles exceptionnellement préservés
Les fossiles, découverts principalement au sein des collections du Musée Royal de l’Ontario (ROM) entre 1975 et 2022, révèlent des détails d’une rare finesse, notamment le système nerveux, le système circulatoire et le tractus digestif. « Très peu de sites fossilifères dans le monde offrent un tel niveau de précision pour l’anatomie interne », précise Jean-Bernard Caron, co-auteur de l’étude. « Nous pouvons observer des traces correspondant à des faisceaux nerveux associés aux yeux, similaires à ceux des arthropodes actuels ».
Autre particularité notable: Mosura possédait un système circulatoire ouvert, sans artères ni veines, où le sang était propulsé par le cœur dans de grandes cavités internes, ou lacunes. Ces structures apparaissent dans les fossiles sous forme de taches réfléchissantes. « La conservation exceptionnelle des lacunes circulatoires chez Mosura confirme l’ancienneté de ce type de système chez les arthropodes », conclut Joe Moysiuk.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burkina Faso, suivez Africa-Press