Greffes d’organes : « Une seule personne peut en sauver jusqu’à 7 »

Greffes d’organes : « Une seule personne peut en sauver jusqu’à 7 »
Greffes d’organes : « Une seule personne peut en sauver jusqu’à 7 »

Africa-Press – Burkina Faso. Le 7 février 2023, l’Agence de la biomédecine publiait son compte-rendu d’activité de prélèvement et de greffe d’organes et tissus en 2022. Avec une tonalité plutôt positive puisque le nombre de greffes d’organes est en hausse de 4% par rapport à 2021, malgré une année encore marquée par les contraintes sanitaires et les vagues d’épidémies hivernales. Et il en va de même des prélèvements de tissus sur donneurs décédés, en hausse à 6 226 en 2022 contre 5 899 en 2021. « Ce sont de bonnes nouvelles car cela signifie que nous avons pu répondre aux besoins de plus de patients mais cela reste insuffisant en regard du nombre d’inscrits sur les listes d’attente », souligne le professeur Michel Tsimaratos, directeur médical et scientifique à l’Agence de la biomédecine. Ils sont en effet près de 20.000 en attente d’un organe dont 10.810 peuvent être contactés immédiatement pour une intervention dans un délai très court.

Un taux d’opposition élevé en France

Cette inadéquation entre besoins et organes disponibles est pour partie due au taux d’opposition (33% en 2022) particulièrement élevé en France. Si la loi valide le principe du « consentement présumé » qui fait de toute personne décédée un donneur potentiel d’organes ou de tissus, elle prévoit le droit de s’y opposer. Ce peut être en s’enregistrant sur le Registre national des refus ou en exprimant sa volonté, par écrit ou par oral, à ses proches. « C’est dans cette situation, extrêmement difficile à vivre, avec l’annonce concomitante du décès et de la demande de prélèvement que la famille, qui sans consigne et dans le doute, peut faire état d’une opposition au don. Un seul refus et ce sont plusieurs malades qui sont privés de chances : une seule personne peut en sauver jusqu’à 7 », résume Michel Tsimaratos.

Alors que 80% des Français sont favorables au don de leurs propres organes après leur mort, seuls 47% en ont parlé à leurs proches. « Il n’y a qu’une seule solution pour changer cet état de fait : s’exprimer. Que l’on soit opposé au don ou favorable à cette démarche, il faut communiquer ses volontés à ses proches, à sa famille ou à sa personne de confiance ».

Site de l’agence de biomédecine, information sur l’inscription au registre national des refus de don d’organes. Crédits : GARO / Phanie / Phanie via AFP.

Recours aux donneurs vivants

Autre difficulté pour les équipes de coordination des greffes : une diminution du nombre de donneurs en état de mort encéphalique liée à la baisse de la mortalité routière et à l’amélioration du traitement des pathologies vasculaires cérébrales. Pour y faire face, l’Agence de la biomédecine, dans le cadre du Plan Greffe 2022-2026, veut développer les prélèvements multi-sources comme ceux dits de Maastricht III, qui concernent les patients décédés d’un arrêt cardiaque après une limitation ou un arrêt des thérapeutiques.

Mais le Plan Greffe prévoit aussi d’intensifier la pratique des prélèvements sur donneur vivant. Pour les organes, cela concerne presque essentiellement le rein (511 en 2022) et beaucoup plus rarement le lobe du foie (20 en 2022) et uniquement des parents pour leurs enfants. « Pour les malades éligibles et atteints d’une maladie rénale chronique, la greffe du rein constitue le meilleur traitement possible. Et recevoir un rein d’un donneur vivant est la meilleure façon d’être greffé », explique le médecin. Ce donneur doit faire partie de l’entourage du patient et, bien sûr, effectuer cette démarche sans contraintes : un juge est chargé de le vérifier et de l’attester.

« C’est pour les proches la seule façon d’agir concrètement, et finalement cette situation où l’on peut apporter une aide concrète et médicalement profitable est très rare. Quelques consultations suffisent pour savoir s’il y a compatibilité entre les deux personnes « , souligne-t-il. Outre le rein, plusieurs cellules et tissus peuvent être obtenus de donneurs vivants. Ce sont les cellules souches hématopoïétiques qui peuvent être prélevées dans la moelle osseuse ou directement dans le sang (après un traitement qui booste leur production) et pour les tissus, les os après une chirurgie comme le remplacement de la tête fémorale, les veines saphènes ou la membrane amniotique après un accouchement. Ils sont traités différemment des organes : ils sont stockés dans des banques de tissus avant leur utilisation.

Amélioration des techniques et traitements post-greffes

La prise en charge des patients bénéficie également des nombreuses avancées techniques qui permettent de mieux conserver les organes et d’augmenter leur tolérance à l’ischémie avant implantation. Des machines sont ainsi utilisées pour perfuser les greffons, de sang, de liquide d’oxygénation ou même d’hémoglobine issue d’un ver breton avec la solution HEMO2life. D’autres dispositifs comme ce « nez » permettent de déceler précocement, chez les greffés du poumon, les premiers symptômes de rejet. Le suivi des greffés bénéficie aussi de progrès dans la prévention des effets secondaires liés aux médicaments immunosuppresseurs, systématiquement prescrits après la chirurgie. « Mais avant tout ce dont nous avons besoin, je le répète, c’est de plus de donneurs et donc que plus de gens s’expriment en faveur du don d’organes. C’est le seul moyen de sauver plus de vies », conclut Michel Tsimaratos.

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