
Africa-Press – Burkina Faso. Une dalle de grès retrouvée en Australie conserve les plus anciennes empreintes de griffes jamais découvertes pour un tétrapode terrestre. Ces traces, d’une précision remarquable, appartiennent à un amniote primitif, groupe comprenant les reptiles, les oiseaux et les mammifères. Mais ces empreintes découvertes dans la formation Snowy Plains, au sud-est de l’Australie, datées précisément à 356 millions d’années, bouleversent totalement cette chronologie.
Des traces qui interrogent
« Il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien de griffes typiques des premiers reptiles, ce qui repousse leur apparition d’au moins 35 millions d’années », souligne Per Ahlberg, principal auteur d’une étude qui est publiée sur ce sujet dans la revue Nature. Jusqu’ici, la date communément admise pour l’apparition des premiers amniotes se situait autour de 320 millions d’années, à la fin du Carbonifère (-358 à -298 millions d’années). Elles obligent désormais à envisager une émergence bien plus précoce des amniotes, au Dévonien (−419 à −359 millions d’années) et une diversification beaucoup plus rapide des vertébrés terrestres qu’on ne le pensait auparavant.
Les empreintes australiennes se caractérisent par une morphologie très spécifique: cinq doigts nettement séparés se terminant par des griffes incurvées vers l’intérieur formant une sorte de « J » imprimé dans la roche. « Ces griffes ne laissent aucun doute: elles se comportent exactement comme celles de reptiles connus à des périodes bien plus récentes, tels que Notalacerta ou Varanopus », explique le paléontologue. Cette configuration est propre aux amniotes, alors que d’autres tétrapodes primitifs ne montrent pas ces caractéristiques.
Si cette interprétation est correcte, elle repousse l’origine des reptiles, et donc des amniotes dans leur ensemble, de 35 millions d’années au début du Carbonifère. De nouvelles empreintes fossiles de reptiles en Pologne, également présentées dans l’étude, apportent un argument supplémentaire à cette hypothèse. Elles sont moins anciennes que celles d’Australie, mais aussi nettement plus anciennes que les enregistrements précédents.
Une sortie des eaux plus rapide qu’imaginé
Le recalibrage de la chronologie évolutive suggéré par cette découverte est loin d’être anodin. Il implique une réduction significative de la fenêtre temporelle pendant laquelle la transition aquatique-terrestre aurait eu lieu. Au lieu d’un processus lent étalé sur plus de 80 millions d’années, cette transition pourrait avoir été plus rapide, condensée en environ 50 millions d’années seulement. « Cela signifie également que le registre fossile du Dévonien est bien plus incomplet que ce qu’on imaginait jusque-là. Des groupes avancés devaient déjà être présents durant cette période mais restent encore à découvrir », précise Per Ahlberg.
Par ailleurs, l’hypothèse selon laquelle l’extinction massive de Hangenberg, à la fin du Dévonien, aurait été un événement déclencheur de la diversification des tétrapodes modernes semble désormais caduque. Elle aurait plutôt agi comme un filtre sélectif, éliminant des lignées anciennes au profit de groupes déjà établis mais non encore documentés.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Burkina Faso, suivez Africa-Press