ZES : retour à la case de départ ?

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ZES : retour à la case de départ ?
ZES : retour à la case de départ ?

Africa-Press – Burundi. Le projet de construction de la Zone Economique Spéciale (ZES) de Warubondo a été un échec cuisant pour le gouvernement du Burundi. La ZES était pourtant destinée à devenir « un pôle d’investissement par excellence ». Le projet ne s’est pas concrétisé. Le gouvernement qui avait résilié le contrat avec la société de gestion de cette zone rétropédale sur sa décision. Retour sur les méandres du projet qui rêvait de « transformer l’économie burundaise ».

Le Conseil des ministres du 10 mai 2023 s’est penché sur la problématique de la construction de la ZES à Warubondo à Gatumba en commune Mutimbuzi de la province de Bujumbura. La ZES de Warubondo avait, entre autres objectifs, de stimuler la croissance économique du pays, d’introduire l’innovation industrielle et le développement, de diversifier les produits d’exportations, d’attirer les investissements directs étrangers, d’augmenter les recettes, etc. Cette zone qui était destinée à devenir « un pôle d’investissement par excellence » ne le sera finalement pas. Le projet est actuellement à l’arrêt.

Une résiliation hasardeuse du contratDe ce conseil des ministres, nous apprenons que le gouvernement avait résilié en 2022 le contrat avec la société Procev, signataire de la convention de construction des infrastructures.

Le 8 septembre 2021, le conseil des ministres avait analysé une note sur les mesures à prendre pour prévenir un éventuel dysfonctionnement de la ZES de Warubondo et des recommandations avaient été émises, entre autres, la résiliation du contrat entre Procerv et le Gouvernement du Burundi.

Pour mettre en exécution ces recommandations, une notification de résiliation du contrat a été envoyée à Procerv en date du 18 avril 2022. « Pour matérialiser cette notification, il faut aussi annuler la concession du Site Warubondo et la licence d’autorité de gestion du site à la société Procerv ».

La décision a-t-elle été prise en ignorant les clauses du contrat ? Actuellement, le gouvernement veut rétropédaler sur cette décision. Des conséquences pourraient être fâcheuses pour le Burundi. Les manquements sont des deux côtés, apprend-on du conseil des ministres du 10 mai.

Un projet de décret avait été analysé en conseil des ministres du 29 juin 2022 et une seule recommandation avait été émise : « Revisiter le contrat pour analyser en profondeur les manquements de chaque partie et vérifier systématiquement les manquements de chacune des deux parties ». La note conclut que les manquements se sont observés de deux parties. D’où une suggestion du conseil des ministres de surseoir la résiliation du contrat. Il faut éviter de lourdes conséquences liées à la rupture abusive du contrat.

Quid de l’état des lieux du projet ZES ?Le projet de ZES est actuellement à l’arrêt. Sur un terrain de 583 ha, quelques infrastructures du marché y sont érigées (six blocs constitués de boutiques, un hangar, un abattoir, un bloc administratif et des sanitaires). La partie restante sert actuellement de domaine agricole.

Même si le gouvernement ne révèle pas les fautes dont chaque partie est responsable, nous pouvons constater des défis environnementaux. La zone en question est fortement inondable. En cas de débordement de la rivière Rusizi, une grande partie est envahie par les eaux. En cas de pluie, les pistes qui mènent sur ce site deviennent boueuses. Donc, difficile d’y ériger des infrastructures qui pourraient être englouties d’un moment à l’autre.

Lors de la visite de l’ex Premier ministre, Alain Guillaume Bunyoni sur le site de Warubondo en février 2021, il a été révélé le problème de communication entre les parties prenantes comme défi à la base du non avancement des activités.

Le marché construit ne cadrait pas avec l’objectif du projet. Les cadres de la société Procerv ont été accusés de ne pas être présents sur le sol burundais pendant un long moment. Et de se justifier que c’était suite à la pandémie de la Covid-19.

A cela s’ajoutait le manque de feuille de route et de plan général de construction des infrastructures nécessaires. Les plans de construction n’ont pas été rendus disponibles alors que les premiers plans étaient obligatoires pour permettre le début des travaux. « L’Etat ne pouvait pas envisager d’électrifier la zone, de la servir en eau ou de construire la route menant à cette zone sans préalablement avoir toutes les données nécessaires », commentait Alain Guillaume Bunyoni.

Quid du projet en soit ?Le projet de ZES remonte à fin décembre 2015. Le conseil des ministres du 22 décembre 2015 avait décidé de mettre sur pied une commission technique chargée sa mise en application. Il était question d’identifier les terrains réservés à l’implantation d’une zone économique spéciale, d’élaborer les instruments de mise en œuvre d’une ZES et de formuler toutes les recommandations qu’elle jugerait pertinentes. Ladite commission a présenté son rapport en juin 2016 au Deuxième vice-président de la République.

En 2017, le gouvernement du Burundi avait signé un mémorandum d’entente avec la société ProCerv des Emirats Arabes Unis (EAU), alors basée à Nairobi pour l’exploitation de la ZES de Warubondo. Cette dernière avait en outre la tâche de chercher des investisseurs ainsi que de mener des études de faisabilité afin de présenter un modèle d’une ZES.

C’est en 2018 que le projet a démarré. En plus d’un marché moderne, il était prévu la mise en place d’un parc solaire pour alimenter la ZES en électricité, la construction des hangars industriels et le captage de l’eau par forage de puits, selon les informations inscrites sur les restes de la pancarte sise à l’entrée de ladite zone. Sauf que tout cela se fait encore attendre.

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