Ce qui s’est réellement passé à l’église le « 40ème CECA » de Teza à Kamenge

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Ce qui s’est réellement passé à l’église le « 40ème CECA » de Teza à Kamenge
Ce qui s’est réellement passé à l’église le « 40ème CECA » de Teza à Kamenge

Africa-Press – Burundi. C’est un tweet qui a jeté le pavé dans la mare. Un homme aurait été attaqué par une trentaine de femmes adeptes de l’église ‘‘Le 40ème Ceca’’ (Communauté des Eglises Chrétiennes en Afrique) de Kamenge en voulant récupérer sa femme et ses deux enfants. La nouvelle a vite fait le tour des réseaux sociaux. La photo de cet homme ensanglanté illustrant ce tweet a ensuite suscité l’émoi des internautes. Mais que s’est-il réellement passé ? Un reporter de Yaga s’est rendu sur place pour comprendre le fin mot de cette histoire.

Trouver une église à Kamenge, c’est presque chercher une aiguille dans une botte de foin. Tellement, les églises ‘’born again’’ foisonnent dans chaque quartier de la zone Kamenge, difficile parfois de les différencier. Entre-temps, il faut trouver Teza, le quartier où se trouve l’objet de notre curiosité. On fait le tour de chaque rue de Teza. Aucune trace de ‘’Le 40ème Ceca’’. Nous voilà repartis pour un autre tour en prenant soin de bien compter les rues. On s’arrête sur chaque église pour s’enquérir de son nom. Chou blanc encore. On se décourage. Sur le point de jeter l’éponge, une amie me branche avec un quelqu’un qui connaîtrait chaque coin du quartier. Et, rebelote ! Après des heures de recherches fastidieuses, nous voilà devant la fameuse église. Elle ne paie pas de mine. Une petite bâtisse en briques cuites. Même pas de crépissage, encore moins de clôture. Je comprends pourquoi il a été difficile de la trouver. Elle se trouve sur une rue dorsale reliant la 10ème avenue à la 11ème. Maintenant, il faut trouver des gens pour nous raconter ce qui s’est passé. De l’autre côté de la route, des femmes. L’une d’elles frit les patates douces sur un ‘’Mbabura’’, à l’ombre d’un acacia. Une autre est couchée sur une natte au bord de la route. Plus loin encore, un autre groupe est en train de causer. J’aborde celle qui fait des frites. Je lui pose la question de savoir si c’est là l’église où il y a eu bagarre la veille. Pas le temps de terminer la phrase qu’elle me dit d’aller parler à la femme couchée sur une natte, sans même me demander mon identité.

À mon approche, la femme se lève déjà et m’écoute. Très vite, elle me résume ce qui s’est passé. Il était plus de 22h du soir quand Olivier Ndizeye aurait envoyé 4 personnes (2 hommes et 2 femmes) pour l’aider à récupérer sa femme et ses deux enfants chez le pasteur Pierre Ndagijimana, où ils résidaient depuis mercredi de la semaine passée. Il n’y avait pas de séance de prière comme cela a été dit. La femme de M. Olivier n’a voulu rien entendre parce qu’il était tard. Le pasteur qui dormait à l’intérieur de la maison qui se trouve derrière l’église a été réveillé par les discussions animées entre les nouveaux venus et les membres de sa famille.

Comment la bagarre a-t-elle éclaté ?Selon le témoin, quand le pasteur est sorti de sa maison, il a dit aux émissaires d’Olivier qu’il pouvait récupérer ses enfants et sa femme, mais qu’il devait le faire à des heures normales. Ces derniers ne l’entendaient pas de cette oreille. Ils ont ensuite appelé Olivier au téléphone pour l’informer de la situation. C’est quand Olivier a débarqué que l’affaire s’est corsée. Il aurait voulu récupérer ses enfants par la force, ces derniers se sont réfugiés dans la maison du pasteur où le mari « lésé » les a poursuivis. Une lutte s’est alors engagée entre le pasteur et Olivier. Ce dernier aurait même infligé une gifle à un petit enfant du pasteur. ‘‘L’homme de Dieu’’ est parti rameuter ses ouailles qui sont venues le défendre.

Cette version des faits est appuyée par la belle-mère du pasteur qui a toutefois tenu à préciser que son gendre est parti pour avertir ‘’Nyumbakumi’’ et non pas alerter ses adeptes.

Nous avons contacté Olivier. Il a accepté qu’il a envoyé des gens (dont deux voisines) pour essayer de récupérer sa femme et ses enfants qui avaient quitté le foyer conjugal à cause d’une dispute. Lui est resté en retrait sur sa moto. Face au refus du pasteur, il a essayé de venir convaincre le pasteur, d’autant plus qu’il avait l’aval de sa belle-mère qui ne pouvait pas descendre à Bujumbura pour réconcilier les deux époux. C’est quand il est entré chez le pasteur que ce dernier et ses amis armés de bâtons, de morceaux de planche et des briques lui sont tombé dessus. C’est comme ça qu’il a été blessé, d’après ses dires.

Un foyer qui boîteEt la femme d’Olivier ? Irambona Raïssa a fait savoir qu’elle est venue s’installer chez le pasteur parce qu’il y avait eu une mésentente entre elle et son mari le mardi de la semaine précédente. S’en est suivi une querelle au foyer. La famille du pasteur lui venait en aide quand son mari était emprisonné (elle affirme que son mari est sorti de prison le 02 mai 2022). C’est pour cela qu’elle s’était réfugiée chez le pasteur en attendant que les choses se tassent. La suite de l’histoire, on la connaît.

Pacifique Nahimana, ‘’Nyumbakumi’’ (Chef de cellule) de Teza s’étonne quand même beaucoup que M. Olivier soit venu la nuit dans sa cellule sans l’avertir alors qu’il savait qu’il y avait un différend entre lui et sa femme. Il ne comprend pas non plus comment il a pu s’introduire la nuit chez le pasteur sans son accord. Il est aussi convaincu que si Olivier s’était adressé à l’administration, le différend aurait pu être résolu pacifiquement.

Les développements de l’affaireQuand la toile s’est indignée de l’affaire en voyant le visage ensanglanté d’un homme venu récupérer sa femme « qui venait de passer une semaine à l’église », l’administration a senti le besoin de sévir. Le pasteur a été arrêté. Olivier et ses amis aussi. Mais ces derniers ont été relâchés par après. Le 24 janvier, c’est au tour de l’église de sentir la main de fer de l’administration. Dans une correspondance envoyée au représentant légal de l’église Le 40ème CECA, il lui a été notifié qu’elle était fermée parce qu’il y a eu une bagarre et qu’un citoyen y a été violenté. Ce n’est pas tout. Une hygiène lacunaire, loger les gens à l’insu de l’administration sont, entre autres, les griefs que l’administrateur de Ntahangwa reproche aussi à cette église.

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