Séisme en Iran : Explosion Nucléaire ou Phénomène Naturel ?

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Séisme en Iran : Explosion Nucléaire ou Phénomène Naturel ?
Séisme en Iran : Explosion Nucléaire ou Phénomène Naturel ?

Nathalie Mayer

Africa-Press – Burundi. En octobre dernier, un tremblement de terre secouait l’Iran. Et avec lui, les réseaux sociaux et même une partie des médias. Ils se sont montrés prompts à adhérer à la théorie qu’un essai nucléaire secret était à l’origine du séisme. Des chercheurs ont enquêté. Ils livrent aujourd’hui leurs résultats.

Le 5 octobre 2024, un tremblement de terre de magnitude 4,6 secouait les alentours de la ville de Semnan, dans le nord de l’Iran. A priori, rien de très étonnant. Le pays se situe en effet dans une région sismiquement active, à la convergence de deux plaques tectoniques, les plaques arabique et eurasienne. Mais dans les minutes qui ont suivi le séisme d’octobre dernier, les réseaux sociaux – et même certains médias – s’enflammaient, pointant du doigt la responsabilité du gouvernement qui aurait mené, en souterrain, un essai nucléaire secret.

Des sismologues de l’université Johns-Hopkins (États-Unis) ont enquêté. Et les résultats qu’ils publient dans la revue Seismica sont sans appel. En utilisant des données provenant de stations de surveillance sismique, les chercheurs concluent que le tremblement de terre a pris naissance le long d’une faille en pente douce. À l’endroit où la croûte terrestre est déformée par la collision entre l’Arabie et l’Eurasie. Un processus qui correspond tout à fait à l’activité sismique naturelle de la région. De quoi exclure tout lien avec une source particulièrement inhabituelle ou un essai nucléaire.

Les ondes sismiques ne mentent pas

« Les ondes sismiques véhiculent des informations sur le tremblement de terre. En enregistrant les ondes à différents points de la surface de la Terre, nous pouvons déterminer quelles étaient les propriétés de la source qui les a produites, explique Benjamin Fernando, le sismologue à la tête de l’équipe de l’université Johns-Hopkins. Dans ce cas, la source était ce que nous appelons une faille inverse, un mouvement associé à l’écrasement de la croûte terrestre lors de la collision des plaques arabique et eurasienne. Les essais nucléaires ont des signatures très différentes. Des signatures explosives. »

Pour comprendre comment la rumeur de l’essai nucléaire s’est propagée dans une région où les tensions géopolitiques sont déjà grandes, les chercheurs ont remonté le fil de l’histoire. Jusqu’au tout premier tweet faisant la suggestion, 27 minutes seulement après la survenue du tremblement de terre. Ils notent que l’un des messages les plus largement partagés promouvant la théorie des essais nucléaires provenait d’un compte lié à des campagnes de désinformation soutenues par la Russie. Et qu’après les réseaux sociaux, de nombreux médias dans différents pays – y compris la France – se sont saisis de la prétendue affaire. Citant d’autres exemples faux de séismes provoqués par une explosion nucléaire et relayant des données incorrectes sur celui-ci.

Combattre la désinformation en ligne et dans les médias

Alors que faire pour éviter que cela se reproduise ? Les chercheurs ont une proposition. Se basant sur ce que certains médias ont naturellement mis en place à ce moment-là. À savoir, l’appel à des commentaires éclairés d’experts locaux et aux données sismiques officielles. Les scientifiques recommandent aussi une plus grande collaboration entre les sismologues afin de permettre de corriger rapidement les interprétations erronées et de lutter plus efficacement contre la désinformation.

Les chercheurs de l’université Johns-Hopkins estiment que les scientifiques pourraient être en mesure de publier rapidement après un tremblement de terre des rapports suffisamment détaillés pour rétablir la vérité des faits. « En amplifiant le contenu provenant de comptes-rendus scientifiques vérifiés, nous pourrions réduire le nombre de récits trompeurs. Cela peut se faire par le biais d’un partenariat entre les plateformes de médias sociaux et des sismologues ou des agences de confiance comme l’U.S. Geological Survey », conclut Saman Karimi, co-auteur de l’étude et géophysicien à l’université Johns-Hopkins.

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