Affaire Yekatom-Ngaïssona: Enjeux du Jugement Historique

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Affaire Yekatom-Ngaïssona: Enjeux du Jugement Historique
Affaire Yekatom-Ngaïssona: Enjeux du Jugement Historique

Africa-Press – CentrAfricaine.
À l’approche du verdict dans l’affaire Yekatom et Ngaïssona, premier jugement de la Cour pénale internationale dans la situation en République centrafricaine II, Corbeaunews Centrafrique s’est entretenu avec Fadi El Abdallah, porte-parole de la Cour pénale internationale, afin d’éclairer les enjeux juridiques et sociaux de cette décision historique.
CNC: Quelle est la portée juridique et symbolique de ce premier jugement dans le cadre de la situation en République centrafricaine II devant la Cour pénale internationale?

Fadi El Abdallah: Ce jugement marque une étape importante dans le cadre de la situation en République centrafricaine II, ouverte par la Cour en 2014. Il s’agit du premier verdict rendu dans ce contexte, ce qui représente une avancée majeure sur le plan judiciaire. Les juges de la CPI ont examiné, en profondeur et de manière indépendante et impartiale, des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis lors du conflit, en respectant pleinement les droits de toutes les parties et participantes, y compris la présomption d’innocence des accusés.

CNC: Quels sont les éléments clés qui ont guidé les juges dans leur évaluation des preuves et dans la détermination de la responsabilité pénale des accusés?

Fadi El Abdallah: Les juges de la CPI se fondent uniquement sur les preuves présentées pendant le procès. Cela inclut des témoignages, des documents, des rapports d’experts, des images ou encore des communications interceptées. Dans cette affaire, ils ont analysé des preuves détaillant la chaîne de commandement, le contexte des violences, et les rôles spécifiques qui auraient été joués par Alfred Yekatom et Patrice-Edouard Ngaïssona. La chambre de première instance a également évalué la crédibilité des témoins et la cohérence des faits, dans le respect scrupuleux des droits de la défense et du principe de la présomption d’innocence.

CNC: En quoi ce verdict constitue-t-il une étape significative dans la lutte contre l’impunité des crimes graves commis en RCA?

Fadi El Abdallah: Ce verdict représente une étape importante dans le processus judiciaire engagé par la CPI dans le cadre de la situation en République centrafricaine II. Il montre que des allégations de crimes graves – tels que les meurtres, les déplacements forcés, le recrutement d’enfants soldats ou la persécution – peuvent faire l’objet d’un examen approfondi devant une juridiction internationale indépendante.

Cela souligne le rôle de la justice internationale de venir en complément aux tribunaux nationaux pour assurer que personne ne sera en dessus de la loi.

CNC: Quelle place la Cour accorde-t-elle aux attentes des victimes et aux communautés affectées dans ce procès historique?

Fadi El Abdallah: La CPI accorde une place centrale aux victimes dans ses procédures. Dans cette affaire, 1 965 victimes ont été autorisées à participer à la phase de procès. Elles sont représentées par deux équipes d’avocats (une pour les anciens enfants-soldats et une autre pour les victimes d’autres crimes), ce qui leur permet de faire entendre leurs perspectives, de soumettre des observations et de poser des questions via leurs représentants légaux. Cette participation garantit que la voix des victimes et de leurs communautés est entendue et prise en compte dans le déroulement du procès.

CNC: Comment la Cour entend-elle renforcer la compréhension de ce jugement auprès de la population centrafricaine, notamment dans les zones les plus touchées par les violences?

Fadi El Abdallah: La Cour mène des activités d’information publique en République centrafricaine, notamment à travers son programme de sur le terrain. Des résumés du jugement en langue accessible, des émissions radio, des discussions communautaires et des visites et missions d’information sont organisés pour expliquer les décisions de la Cour. L’objectif est de rendre la justice internationale plus compréhensible et plus proche des populations concernées, en particulier dans les zones les plus touchées par les événements jugés.

Avant le prononcé du verdict, des membres de l’équipe de la CPI participent à des émissions à la télévision et à la radio, en collaboration avec des représentant(e)s de la société civile et des associations des victimes partenaires, pour fournir des explications techniques sur la procédure et le rôle de cette décision dans le processus judiciaire. Ces interventions se font à la fois en français et en sango, afin d’être accessibles au plus grand nombre.

Le jour du verdict, une retransmission en direct sera organisée depuis à Bangui, rassemblant environ 300 personnes, dont des représentants des communautés de victimes, des organisations de la société civile partenaires de la Cour, ainsi que des journalistes locaux spécialisés en justice.

L’équipe de la CPI en République centrafricaine répondra aux questions des journalistes, en français et en sango, comme cela a été le cas pour toutes les grandes étapes judiciaires dans le cadre de la situation en RCA. Ces efforts visent à garantir une information claire, factuelle et équilibrée, dans le respect des principes de transparence et d’accès à la justice à travers l’accès à l’information.

CNC: Quel sera l’impact de ce jugement sur les autres affaires en cours ou à venir concernant la RCA, en particulier en matière de jurisprudence et de stratégie judiciaire?

Fadi El Abdallah: Chaque affaire reste indépendante et évaluée selon ses propres preuves.

CNC: Ce jugement peut-il contribuer à restaurer la confiance des citoyens centrafricains dans les mécanismes internationaux de justice et de réparation?

Fadi El Abdallah: Oui, nous l’espérons. En assurant un procès équitable et transparent, la CPI vise à renforcer la confiance des citoyens dans le droit et dans les mécanismes internationaux. La justice avance à son propre rythme en fonctions des besoins de protection et de vérification des preuves, mais elle persévère dans son projet au service des victimes et de la vérité.

Nous remercions chaleureusement M. Fadi El Abdallah pour ses éclairages précieux. À travers cette interview, Corbeaunews Centrafrique souhaite contribuer à une meilleure compréhension du travail de la Cour et de son impact auprès des communautés centrafricaines.

Source: Corbeau News Centrafrique

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