Union Européenne et France: Dilemme Financement Élections

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Union Européenne et France: Dilemme Financement Élections
Union Européenne et France: Dilemme Financement Élections

Africa-Press – CentrAfricaine. Anicet Georges Dologuélé dénonce la dépendance financière totale de la République centrafricaine envers ses partenaires internationaux pour les élections.

La République centrafricaine se retrouve dans une situation paradoxale à quatre mois des élections générales. Anicet Georges Dologuélé, chef de file de l’opposition et membre de la commission des finances à l’Assemblée nationale, a levé le voile sur une réalité inquiétante: “Il y a zéro centime dans le budget pour financer les élections à venir”.

Cette révélation place l’Union européenne et la France dans une position délicate. Depuis 1993, la République centrafricaine n’a jamais organisé seule ses consultations électorales, s’appuyant systématiquement sur le soutien financier de l’UE, de Paris et de la MINUSCA. Cette fois encore, ces partenaires devront financer un scrutin qui combine quatre élections simultanées: présidentielle, législatives, municipales et régionales.

Le président de l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA) exprime de sérieuses réserves sur la capacité de l’Autorité Nationale des Élections à mener cette mission. “L’ANE n’a pas de COPEC, elle ne parvient pas à gérer le fichier électoral, et la révision des listes traîne depuis un an”, observe-t-il. Confier quatre élections simultanées à une institution qui peine déjà avec ses missions de base paraît irréaliste aux yeux de l’opposition comme des observateurs internationaux.

Cette défaillance institutionnelle s’accompagne d’une crise politique persistante. Malgré les déclarations de “main tendue” du président Faustin-Archange Touadéra lors de la fête nationale du 12 août, l’opposition continue d’être présentée comme “ennemie de la paix”. Face à cette contradiction, Dologuélé maintient sa proposition d’une médiation régionale par un chef d’État d’Afrique centrale pour relancer le dialogue.

L’enjeu dépasse la seule organisation électorale. L’opposition brandit désormais la menace d’un boycott si les conditions d’un scrutin transparent ne sont pas réunies. Cette perspective place les bailleurs internationaux devant un choix cornélien: financer des élections potentiellement contestées ou suspendre leur soutien au risque d’aggraver l’instabilité.

“Sans compétiteurs, pourquoi l’UE sortirait-elle l’argent des contribuables pour faire de Touadéra un empereur?”, interroge Dologuélé, qui mise sur cette logique pour faire pression sur le pouvoir. La position de la MINUSCA, qui s’était abstenue de participer au référendum constitutionnel de 2023 en raison de violations démocratiques, renforce cette approche.

L’opposition espère que les “problèmes graves” constatés à Bangui inciteront les partenaires internationaux à conditionner leur aide financière à des réformes préalables. Cette stratégie vise particulièrement la révision de la Constitution de 2023, dont certaines dispositions comme l’interdiction faite aux binationaux de briguer la présidence restent controversées.

L’Union européenne et la France se trouvent ainsi confrontées à un dilemme politique majeur. Continuer à financer un processus électoral entaché de dysfonctionnements ou exercer une pression accrue en faveur de réformes démocratiques? Leur décision pourrait redéfinir l’avenir institutionnel de la République centrafricaine et l’équilibre des forces politiques dans le pays.

Source: Corbeau News Centrafrique

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