Africa-Press – CentrAfricaine. La Lune « rouille » à cause de la Terre, dans les régions polaires de notre satellite naturel notamment. Des chercheurs de l’université de sciences et de technologies de Macao en Chine viennent de confirmer ce fascinant phénomène par des expériences de laboratoire. Les résultats sont détaillés dans la revue Geophysical Research Letters.
Tout commence en 2020 lorsqu’une équipe de l’université d’Hawaï (Etats-Unis) réexamine les données de l’orbiteur indien Chandrayaan-1 qui a analysé les glaces d’eau et la composition minéralogique de la Lune entre 2008 et 2009. Elle fait alors une surprenante découverte. Les mesures spectrales dévoilent en effet la présence d’hématite sur la surface de notre compagnon céleste, dans les hautes latitudes notamment: un oxyde de fer très commun sur notre planète, plus connu sous le nom de « rouille ».
Espèces oxydantes
Problème: les conditions qui règnent sur la Lune ne sont pas du tout propices à l’oxydation du fer, par manque d’espèces chimiques oxydantes qui captent les électrons notamment. C’est même plutôt le contraire puisque le vent solaire projette sur notre satellite des espèces réductrices, à savoir l’hydrogène, qui cèdent des électrons. Comment expliquer alors la présence de rouille sur la Lune?
Des chercheurs américains formulent l’hypothèse suivante: l’oxygène qui fait rouiller certains minéraux de Lune proviendrait de la haute atmosphère terrestre. Il serait en effet soufflé et transporté par les vents magnétiques terrestres, lorsque notre planète se trouve cinq jours par mois devant la Lune par rapport au Soleil (ce qui protège celle-ci, au passage, des espèces réductrices venant de notre étoile).
Transport de matière
Les chercheurs de Macao valident aujourd’hui, expérimentalement, la possibilité d’un tel transport de matière qui produit de la rouille sur l’astre sélène. Ils ont soumis en effet des analogues de minéraux lunaires (fer métallique, sulfure de fer, ilménite) à diverses particules: des ions oxygène et hydrogène notamment, possédant en outre différents niveaux d’énergie.
Or les ions oxygène de haute énergie, comme ceux véhiculés par les vents magnétiques terrestres, déclenchent bel et bien des réactions d’oxydation et la formation d’hématite. Les ions hydrogène suscitent en revanche la réaction inverse, réduisant l’hématite en fer métallique. Les particules de faible énergie se révèlent par ailleurs inefficaces. Ces résultats apportent ainsi une validation expérimentale solide à « la présence et la distribution d’hématite » sur l’astre sélène, concluent les chercheurs, ainsi qu’ »aux échanges de matière entre la Terre et la Lune ».
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