Africa-Press – CentrAfricaine. A quel point les microplastiques qui s’accumulent en masse dans tous les écosystèmes et dans la chaîne alimentaire humaine perturbent nos organismes, et menacent notre santé? La science commence à en avoir une petite idée. Une recherche présentée lors d’un congrès européen de gastroentérologie, l’UEG, et conduite par le Cbmed, un centre de recherche autrichien, a notamment mis en évidence pour la première fois l’incidence des microplastiques sur les bactéries de nos intestins.
Les chercheurs ont analysé les selles de cinq volontaires en bonne santé et ont cultivé les microbiomes qu’elles contenaient. Ces cultures bactériennes ont ensuite été mises en présence de divers microplastiques très communs, polystyrène, polypropylène, polyéthylène, téréphtalate, à des concentrations analogues à celles auxquelles les humains sont exposés dans leur vie de tous les jours.
Résultat: de manière générale, les microplastiques n’influent pas sur la concentration totale des microbiomes. Il y a autant de bactéries après qu’avant. En revanche, lorsqu’on se penche sur la composition fine des différentes espèces, les différences s’avèrent frappantes.
Les microplastiques bouleversent le pH des flores bactériennes
Premier indice de cette perturbation: lorsque des flores bactériennes sont exposées à des microplastiques, les chercheurs ont notamment remarqué une augmentation de l’acidité des milieux, signe de changements majeurs dans la composition des populations.
Poussant plus loin leurs analyses, ils ont pu noter une hausse ou au contraire une décroissance de certaines espèces en fonction des microplastiques auxquels elles se trouvaient exposées. Plusieurs familles bactériennes étaient concernées: Lachnospiraceae, Oscillospiraceae, Enterobacteriaceae, Ruminococcaceae, la majorité d’entre elles appartenant au phylum des Bacillota, un groupe clé de bactéries pour la digestion et la santé globale de nos intestins.
Ces perturbations dans la composition des familles bactériennes s’accompagnent donc de changements dans les molécules relarguées par les bactéries qui jouent sur l’acidité des microbiotes.
Un impact majeur, de l’estomac au cerveau
Les chercheurs n’ont pu s’empêcher de remarquer que certains de ces dérèglements correspondaient à ceux que l’on pouvait trouver lorsqu’on analysait les microbiotes de personnes souffrant de dépression ou d’un cancer colorectal.
A ce stade, les chercheurs ne savent pas encore définir les raisons de telles variations microbiennes face à l’exposition aux microplastiques. Il semble que ces derniers créent des environnements chimiques ou physiques qui favorisent certaines espèces et en desservent d’autres. Et d’évoquer par exemple les biofilms, ces amas de bactéries, qui se formeraient à la surface de ces polluants pour former des niches très stables et prolifiques. Sans oublier que ces microplastiques issus de la dégradation d’emballages et d’objets divers charrient avec eux des molécules chimiques qui peuvent avoir également une influence directe sur le métabolisme bactérien.
Même si ce premier résultat n’est que préliminaire, il démontre l’impact des microplastiques, que l’on retrouve partout, dans les océans, les sols, les nuages, l’estomac des animaux, les nôtres. Pas étonnant que leur impact sur notre santé puisse être aussi vaste et que les bactéries de notre flore intestinale en soient les premières victimes.
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