Mohamed Ali Nasra
Africa-Press – Comores. Musicien et militant culturel, le président de l’association Mwamala, Chakires, a repris les rênes après plusieurs années d’inactivité. Entre relance des projets, solidarité artistique et transmission, il ravive cette structure emblématique, au service de la culture comorienne. Il a accepté de répondre à nos questions.
Question: Pourriez-vous nous parler de l’association Mwamala ?
Chakires: L’association Mwamala a été créée en 2001 et présidée à l’époque par le docteur Abdourahim Said Bacar. Lorsqu’il est devenu membre du gouvernement, il a été remplacé par Mze Mbae, puis par Elarif Mdahoma Ali. En 2012, j’ai pris la présidence pour un mandant de deux ans. Après mon départ, l’association est restée inactive. À mon retour au pays, j’ai décidé de relancer Mwamala en recontactant les anciens membres encore sur place. Aujourd’hui, nous avons repris nos activités, notamment avec le projet Live Beach Plage, une campagne de sensibilisation autour de la musique, de l’environnement et de l’entrepreneuriat, prévue pour le mois de mai.
Question: Vous développez aussi des projets musicaux. Pourriez-vous nous en parler ?
Chakires: Oui, j’ai notamment produit un album avec l’association Ulanga, qui est une maison de production basée à La Réunion. Ce qui est intéressant, c’est qu’à Saint-Denis, nous disposons d’une licence 2 et 3 d’entrepreneur du spectacle, ce qui nous confère une vraie légitimité. Cela m’a motivé à relancer Mwamala avec l’idée de créer un partenariat, même indirect, avec Ulanga. Les deux structures ont des statuts différents: Ulanga est une association régie par la loi 1901. Mais je cherche à bâtir un lien pour renforcer nos actions respectives.
Question: Quel est le rôle de Mwamala dans la vie culturelle comorienne ?
Chakires: Mwamala s’est toujours consacrée aux activités culturelles et artistiques. Comme nous ne bénéficions pas d’un soutien direct du ministère de la culture, nous avons dû trouver d’autres moyens pour organiser des événements. Plutôt que de lancer un festival, nous avons misé sur la fête de la musique. Depuis 2002, nous réunissions chaque année des artistes de trois îles. En 2014, après les inondations qui ont touché Foumbouni, Vouvouni et Nioumadzaha, nous avons organisé un grand concert solidaire en collaboration avec Me Saïd Larifou. Des artistes de tout l’océan Indien ont participé, au profit des sinistrés. C’était un moment fort. Nous avons aussi travaillé avec le système des Nations Unies, qui nous permettait de financer certaines actions en contrepartie de campagnes de sensibilisation que nous mettions en place en amont. Aujourd’hui on peut le dire que nous fait renaître Mwamala, pour redonner vie à notre culture.
Question: Envisagez-vous un rapprochement entre l’association Ulanga et Mwamala ?
Chakires: Bien sûr. Aujourd’hui, Ulanga Prod a plusieurs partenaires. Pour que Mwamala puisse en bénéficier, il serait utile d’instaurer un lien officiel entre les deux structures. Cela faciliterait l’accès aux financements et permettrait d’élargir notre champ d’action.
Question: Comment avez-vous débuté dans la musique ?
Chakires: J’ai commencé très jeune, aux côtés de Soulaimana Mze Cheikh. On ne vivait que pour la musique. Nous étions impliqués dans plusieurs associations de village. Plus tard, j’ai eu l’opportunité de partir travailler dans un hôtel à Mayotte. Pendant ce temps, Soulaimana fondait le groupe Mwezi en France. De mon côté, j’ai aujourd’hui, huit albums à mon actif. Nous étions autodidactes au départ. Grâce à mon expérience à Mayotte, j’ai pu enseigner dans quelques établissements. Une fois arrivé à La Réunion, j’ai suivi une formation en musique inclusive. Aujourd’hui, j’ai la capacité d’enseigner dans une école de musique et de transmettre à mon tour.
Source: lagazettedescomores
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