![«Une vraie arnaque» – Recrutement au poste d’assistant dans le Supérieur en Côte-d’Ivoire [certificat de non bégaiement] «Une vraie arnaque» – Recrutement au poste d’assistant dans le Supérieur en Côte-d’Ivoire [certificat de non bégaiement]](https://static.africa-press.net/cote/sites/43/2021/10/img-616ed33bafb0d.jpg)
Africa-Press – Côte d’Ivoire. Lu pour vous
Dénonçons cet état de fait
Depuis le samedi 9 octobre 2021, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique (MESRS) a publié les résultats du concours de recrutement dit complémentaire de l’année 2020.
Quel bilan peut-on faire de ce recrutement ?
Il faut, a priori, constater que faire acte de candidature à ce concours n’est pas à la portée de tous, du point de vue financier.
En effet, pour chaque université où le candidat postule, il doit impérativement constituer un dossier :
un exemplaire de la thèse,
un certificat de nationalité,
un casier judiciaire de moins de trois (3) mois,
un extrait d’acte de naissance de moins de six (6) mois,
une photocopie légalisée de tous les diplômes obtenus depuis le BAC,
un porte-document vendu à 2000 francs aux candidats pour ce qui concerne l’université Alassane Ouattara de Bouaké ,
une clé USB de deux (2) gigas vendue à 4000 francs à l’université Lorougnon Guédé de Daloa,
un certificat de non bégaiement valable uniquement que dans l’université ou la structure qui l’a délivré et bien d’autres dépenses annexes à couper le souffle).
Ce qui signifie que, si le postulant fait le choix de cinq (5) structures dans le cadre de sa candidature, ce dernier devra débourser cinq (5) fois le montant prévu par structure. Soulignons que cette candidature multiple est une nécessité pour multiplier les chances du candidat.
Encore faut-il mettre en relief l’opacité totale qui règne autour du nombre de places disponibles par discipline dans telle ou telle université. Ce camouflage est un piège sans fin car les postulants, ne sachant à quoi se résoudre, déposent à flots leurs dossiers ; ce qui engloutit le peu d’argent dont ils disposent, souvent pour un seul poste disponible, poste déjà réservé pour un candidat dont le tuteur se trouve au sommet de l’État.
À cela s’ajoutent les frais de déplacement, de résidence et de restauration vu que pour faire acte de candidature, le postulant doit se rendre physiquement dans chaque structure où il est censé postuler.
Par exemple, pour un Docteur ou un Ingénieur qui veut faire acte de candidature à Korhogo, Bouaké, Man, San Pedro et Daloa en vue de multiplier ses chances de réussite, il devra sillonner toutes ces villes pour y déposer un dossier physique de candidature dans un délai intenable.
Et chose aberrante, que dis-je ? Chose sadique, il devra fournir un certificat de non bégaiement délivré par chacune de ces structures (certificat dont le coût oscille entre dix mille (10.000) et quinze mille (15.000) francs CFA selon les structures. Autrement, il verra sa candidature rejetée. Sans compter que le coût de ce recrutement est de 50.000FCFA par université au choix.
Une fois le dépôt de dossiers terminé, le candidat doit encore se rendre dans chaque structure pour une prétendue audition, audition où les dés sont déjà pipés. Là encore, les frais de déplacement, d’hébergement et de restauration s’imposent et la programmation connaît un chevauchement dû à l’autonomie des structures.
Ce manque de coordination fait courir les candidats, d’une ville à l’autre, avec tous les dangers que cela suppose, l’esprit braqué sur les horaires de passage et la peur d’arriver en retard, retard qui sous-entend un possible report de l’audition avec son corollaire de dépenses supplémentaires. Quelle misère pour des candidats dont les ressources proviennent, pour la plupart, d’endettement, quand on sait qu’ils sont à la recherche d’un premier emploi pour la plupart !
Lors des auditions, face à la prestation très brillante de certains candidats, le jury se sent obligé de féliciter ces candidats tout en les mettant en garde que sa voix ne compte pas et que la liste des admis se décide au sommet de l’État, précisément au Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
Quelle est cette farce qui consiste à constituer un jury et à décider d’une liste des admis au mépris du travail effectué par ce jury ?
Pourquoi les jurés se prêtent-ils encore à ce jeu malsain et dégradant qui se heurte aux principes scientifiques dont ils sont, par principe, les dignes défenseurs ? Naturellement, la réponse est simple : les membres du jury sont rémunérés pour cette fallacieuse mission.
Ils ne sauraient cracher sur ces émoluments consistants qui leur sont versés dans le cadre de cette comédie universitaire.
Des enseignants, qui souhaitent garder l’anonymat, ont confessé que les cinq (5) majors de leur liste, comme par enchantement, ne figurent pas sur la liste des candidats admis tandis que des candidats jugés moins méritants après leur délibération sont déclarés admis par le MESRS.
Pour camoufler cette mascarade, la liste des admis n’a pas été publiée cette année comme cela se faisait par le passé. Chaque candidat est appelé à consulter individuellement son résultat à l’aide de son numéro de candidature. Ce qui permet de couvrir ce crime odieux contre les têtes pensantes du pays.
Pourquoi une telle cruauté ? Le Président de la République devrait permettre d’absorber ces jeunes qui ont souffert dans leur vie pour arriver là, où aujourd’hui des docteurs depuis 3, 4 voire 5 ou 6 ans. Autrement, c’est l’apocalypse assurée sur tous les plans dans notre pays qu’il veut émergent.