Flux financiers illicites en Afrique et développement durable

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Flux financiers illicites en Afrique et développement durable
Flux financiers illicites en Afrique et développement durable

Africa-Press – Côte d’Ivoire. Les multiples crises en Afrique ont diverses causes. Parfois les conséquences de la crise deviennent des causes de sa persistance. Les Flux financiers illicites (FFI) font partie de ces phénomènes qui perpétuent les crises et sont des obstacles au développement du continent. Ils sont combattus par les États et les organisations internationales, notamment l’ONU (Organisation des Nations unies), le PNUD (Programme des Nations unies pour le développement), le FMI (Fonds monétaire international), etc., ainsi que l’Union africaine qui vient de publier un rapport sur leur impact sur notre continent. Belle occasion pour en parler et cerner certaines nuances et dire tout le mal qu’ils font, les FFI.

Les flux financiers illicites sont des mouvements de fonds d’un pays à un autre avec des infractions de la loi sur leur origine, leur transfert ou leur utilisation. Ce sont des sommes considérables, mesurées en milliards de dollars envolés du continent africain. Des sommes soustraites aux ressources des États avec des conséquences sur la gouvernance de ceux-ci et leur autonomie.

Les FFI regroupent, selon la littérature, les capitaux gagnés par la corruption, la contrebande, la fraude fiscale. Concernant la fraude fiscale, les tentatives d’optimisation fiscale, l’évasion fiscale, le transfert des bénéfices même s’ils sont de nature différente ont les mêmes effets et sont des FFI. Les FFI sont des crimes financiers qui servent souvent à d’autres activités criminelles comme le terrorisme, la traite des êtres humains, l’esclavage, le kidnapping, etc. Les flux financiers illicites peuvent être générés par des fausses factures commerciales, des transferts de richesse à l’étranger ou leur dissimulation à l’intérieur du pays.

Le volume des pertes dues aux flux financiers illicites sur le continent

Les FFI sont de l’argent volé, donc dissimulé, caché à l’État qui n’a pas de moyens pour le comptabiliser. C’est donc par des estimations qu’on arrive à voir le bout émergé de l’iceberg de cette hémorragie financière. Le constat est clair: les différents experts qui se sont penchés sur le problème concernant l’Afrique, que ce soit ceux de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED) de l’Union africaine, arrivent à la somme comprise entre 88,3 et 89 milliards de dollars américains de pertes par an du fait des flux financiers illicites, soit la somme de 44 500 milliards de francs CFA. Cela fait un défaut de 3,7 % du Produit intérieur brut de l’Afrique.

Ce qui est important, c’est que les FFI avoisinent le total des « flux entrants de l’Aide publique au développement (APD), évalués à 48 milliards de dollars, et des Investissements directs étrangers (IDE), estimés à 54 milliards de dollars ». Cela veut dire qu’il sort de l’Afrique plus d’argent que ce qu’elle reçoit, car l’estimation des flux financiers illicites est en dessous de la réalité. C’est vraiment tout le contraire de ce que les partis d’extrême droite d’Europe et des États-Unis disent à leurs électeurs. L’Afrique n’est pas sous perfusion de l’extérieur, mais spoliée par l’étranger et certains Africains. L’Afrique est une source de financement des pays développés.

Les FFI concernent aussi les trafics d’’espèces sauvages, la cybercriminalité, les financements politiques durant les élections, le secteur extractif qui représente 50 % de ces flux, avec particulièrement l’or, le diamant, le platine. Puis viennent les pratiques fiscales et commerciales avec les fausses facturations, le blanchiment d’argent et la corruption. Dans les fausses facturations, il y a les sous-facturations pour payer moins de taxes en Afrique, et les surfacturations pour envoyer l’argent à l’étranger, surtout quand les entreprises minières bénéficient des exonérations de droits de douane et d’impôts. Les multinationales, elles, usent de la technique comptable des prix de transfert pour soutirer des bénéfices d’Afrique.

Le Burkina Faso et les FFI dans le secteur extractif

Notre pays connaît aussi des flux financiers illicites qui se manifestent particulièrement dans le secteur minier. Selon des sources bien informées, sur une dizaine d’années entre 2012 et 2021, le pays a perdu 18,28 % de ses recettes minières. Ici aussi l’évasion fiscale, la fraude fiscale, le blanchiment d’argent, la corruption et le détournement de fonds publics sont à l’œuvre. Et l’or est la ressource la plus touchée avec un écart de 39 tonnes d’or qui ne vont pas dans les caisses de l’État entre 2014 et 2019.

Quand on parle d’argent, on voit les chiffres et on oublie le mal que l’argent volé fait aux hommes. Parce que ces sommes dérobées ont un effet sur le développement, la vie des populations. Ce sont les investissements qui ne sont pas faits dans les services publics comme la santé, l’éducation, les infrastructures. Ce sont des secteurs essentiels qui boostent la productivité et créent des avantages comparatifs pour les investisseurs. Les flux financiers illicites vont avec la corruption qui pousse des ailes et la société qui se délite et perd sa cohésion. La lutte contre les flux financiers illicites est une affaire de toute la société, les gouvernants africains doivent se faire aider par la société civile, les journalistes, les lanceurs d’alerte.

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