Africa-Press – Côte d’Ivoire. La Côte d’Ivoire a mis en avant, lors de la conférence régionale sur l’intégrité de l’information organisée à Praia (Cap-Vert), les initiatives engagées pour contrer la désinformation et la manipulation de l’opinion via les plateformes numériques devenues des armes redoutables entre les mains des groupes terroristes en Afrique de l’Ouest et au Sahel, appelant à une réponse collective et coordonnée.
Selon la directrice générale de la Communication et des Médias, Mme Gertrude Dammond, qui représentait le ministre ivoirien de la Communication, Amadou Coulibaly, les terroristes ciblent en priorité les populations vulnérables, exploitant leur réceptivité aux messages de haine, aux fausses informations et aux théories complotistes, rapporte une note d’information transmise par l’Autorité nationale de la presse (ANP) présente à cette rencontre de haut niveau.
Cette propagande numérique vise à semer la confusion, à affaiblir la confiance envers les institutions et à recruter de nouveaux adeptes, transformant ainsi l’espace virtuel en champ de bataille idéologique.
Consciente de cette menace, la Côte d’Ivoire a multiplié les dispositifs pour sécuriser son espace numérique, à travers l’adoption d’une loi modifiée sur la communication audiovisuelle, responsabilisant les influenceurs et permettant de suspendre les plateformes diffusant des contenus malveillants, le renforcement de la législation sur la cybercriminalité, avec des sanctions doublées et la création de structures spécialisées comme l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC), en appui aux forces judiciaires, notamment la section antiterroriste du tribunal d’Abidjan.
Parallèlement, une vaste campagne nationale d’éducation numérique – #EnLigneTousResponsables – lancée en 2023, sensibilise les citoyens à l’analyse critique de l’information et à la détection des manipulations. Ses slogans, dont « Ne croyez pas à tout ce que vous voyez en ligne » et « Stop au sorcier numérique », visent à renforcer la résilience informationnelle face aux discours extrémistes.
Les premiers impacts révèlent plus de 50 000 personnes formées en deux ans et une augmentation des plaintes déposées au PLCC, passées de 4 520 en 2023 à 12 100 en 2024. Pour les autorités ivoiriennes, ces chiffres traduisent à la fois une meilleure vigilance des citoyens et une plus grande confiance dans les dispositifs de protection.
Toutefois, Mme Dammond a insisté sur le fait que la désinformation ne connaît pas de frontières, soulignant que, de plus en plus transnationale, la menace terroriste impose une coopération renforcée entre États, société civile et secteur privé. « En unissant nos expertises et nos ressources, nous pouvons transformer l’espace numérique d’un lieu de risques en un levier de cohésion sociale et de respect des droits humains », a-t-elle plaidé.
L’expérience ivoirienne est désormais présentée comme un modèle à étendre aux autres pays de la sous-région, où la fragilité sociale et les tensions sécuritaires rendent les sociétés particulièrement exposées à la manipulation numérique. La conférence de Praia, soutenue par l’UNESCO, le GIZ, le Canada et l’Union européenne, constitue un pas vers cette approche collective, indispensable face à une menace qui ignore les frontières.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Côte d’Ivoire, suivez Africa-Press