CE Qu’Il Faut Savoir
Mohamed Al-Hafiz Ibrahim Hamid, un réfugié soudanais, partage son expérience traumatisante de la guerre à Fashir, au Soudan. Il décrit la vie sous le siège, la perte de proches, et la famine qui sévit dans la ville. Son récit met en lumière les atrocités commises par les forces de soutien rapide et les défis auxquels font face les civils en quête de survie.
Africa. Mohamed Al-Hafiz Ibrahim Hamid, un réfugié soudanais, a révélé des détails horrifiants sur la souffrance des habitants de Fashir, la capitale de l’État du Nord-Darfour, qui vivent sous le poids du siège et des bombardements incessants des forces de soutien rapide.
Dans son témoignage, Al-Hafiz a raconté comment il a perdu son neveu et son cousin lors d’un bombardement qui a frappé la ville, en plus de dizaines d’autres victimes. Bien qu’il ait été blessé, il a réussi à se soigner grâce à la proximité d’un centre médical.
Il a décrit la vie des habitants sous les bombardements comme une chasse continue pour survivre. Ils se cachaient derrière les murs des maisons et dans les ruelles étroites. Chaque fois que les bombardements diminuaient, ils retournaient chez eux, mais le calme ne durait qu’un quart d’heure avant que les frappes ne reprennent avec une intensité accrue, les maintenant dans un état de déplacement permanent au sein de leur propre ville.
Al-Hafiz a également évoqué une autre souffrance tout aussi terrible que les bombardements: la famine qui a frappé les habitants de Fashir. Il a expliqué que le plat de “l’ombaz” (les résidus de l’extraction d’huile) était devenu le seul aliment de base, sans pain, riz ou autres denrées alimentaires.
Il a souligné que ce plat, qui était autrefois bon marché, était devenu rare et coûteux avec l’intensification du siège et l’interdiction d’acheminer des fournitures de l’extérieur de la ville. Même les tentatives individuelles des assiégés pour faire passer de la nourriture étaient souvent réprimées par les forces de soutien rapide.
Décision de fuir
Face à ces conditions extrêmes, la double souffrance des bombardements et de la faim a poussé Al-Hafiz et sa famille à décider de quitter Fashir, malgré les avertissements et les dangers. La situation était devenue insupportable entre “la faim à l’intérieur ou la mort à l’extérieur”, ne leur laissant d’autre choix que de risquer leur vie pour fuir.
Al-Hafiz a élaboré une stratégie réussie pour échapper aux points de contrôle des forces de soutien rapide autour de la ville. Il a d’abord envoyé sa femme et ses enfants chercher un chemin sûr, puis les a rejoints plus tard avec ses frères Maysar et Al-Baqir, soulignant l’importance de partir très tôt, juste après la prière de l’aube, pour éviter les contrôles intensifiés.
Cependant, fuir Fashir assiégée a coûté cher à Al-Hafiz, entraînant la séparation de sa famille. Il a dû laisser deux de ses frères et un cousin derrière lui, et il n’a plus eu de nouvelles d’eux depuis les événements récents. Sa mère est également restée là-bas, sans qu’il sache ce qu’elle est devenue.
Au cours de son évasion, Al-Hafiz a rencontré de nouvelles souffrances, car le simple fait d’être originaire de la ville a suscité des soupçons et des accusations de port d’armes ou d’appartenance militaire, ce qui l’a exposé à des interrogatoires prolongés à chaque point de contrôle, notamment dans la région de Hamra Sheikh, connue pour ses interrogatoires sévères.
Ciblage des jeunes
Al-Hafiz a également documenté les pratiques les plus dangereuses des forces de soutien rapide sur la route, révélant comment elles ciblent spécifiquement les jeunes en les retenant pendant des jours ou des semaines, puis en contactant leurs familles par téléphone pour demander des sommes d’argent considérables en échange de leur libération.
Il a observé lui-même un bus rempli de jeunes chercheurs d’or qui ont été humiliés et retenus lors des contrôles.
En octobre 2025, les forces de soutien rapide ont lancé une attaque à grande échelle sur la ville de Fashir depuis plusieurs directions, marquant ainsi la fin d’une série d’opérations militaires qui ont dépassé 260 tentatives depuis le début du siège.
Les attaques se sont concentrées sur le quartier général de la sixième division d’infanterie, accompagnées de bombardements intensifs visant le grand marché et les zones de rassemblement des déplacés, entraînant une augmentation considérable des pertes civiles.
Les forces de soutien rapide ont annoncé leur contrôle total de Fashir, avec des rapports faisant état de la mort de plus de deux mille civils au cours des premiers jours de l’attaque, ainsi que de vagues de déplacements massifs de la population.
Cela a été suivi de déclarations de l’ONU, des États-Unis et du Royaume-Uni, appelant à l’ouverture de corridors humanitaires sûrs, avertissant du risque d’atteintes graves basées sur des motifs ethniques et tribaux, ce qui s’est effectivement produit selon les témoignages des survivants et des fuyards.
La ville de Fashir, capitale de l’État du Nord-Darfour, a été le théâtre de conflits violents depuis des années, exacerbés par des tensions ethniques et politiques. Les forces de soutien rapide, un groupe paramilitaire, ont intensifié leurs attaques, entraînant des pertes civiles massives et des déplacements forcés. La situation humanitaire s’est détériorée, avec des pénuries alimentaires et des violations des droits de l’homme signalées par des organisations internationales.





