Africa-Press – Benin. Femmes et hommes ne sont pas égaux devant le sport et certains de ses bénéfices. Les 150 minutes d’activité physique modérée à intense recommandées pour prévenir la survenue ou la progression d’une maladie coronarienne profitent jusqu’à trois fois plus aux femmes qu’aux hommes, concluent de nouveaux travaux publiés dans Nature Cardiovascular Research.
Si les causes physiologiques de cette différence sont encore à explorer, son existence même appelle à retravailler les recommandations afin de les personnaliser en fonction du sexe.
Les femmes ont besoin de deux fois moins d’activité physique pour le même bénéfice
530 minutes par semaine, soit environ 1h15 par jour: c’est le temps qu’un homme doit passer, en moyenne, à pratiquer un exercice physique modéré à intense s’il veut réduire de 30% son risque de développer une maladie coronarienne. Généralement causées par l’obstruction des artères coronaires (menant au cœur) par une accumulation de graisses, les maladies coronariennes sont la deuxième cause de mortalité en France.
Pour une femme, diminuer de 30% le risque d’en souffrir ne demandera en moyenne que 250 minutes d’exercice hebdomadaire, soit moins de la moitié ! En 2024, une étude avait déjà démontré une différence conséquente entre les sexes quant à la mortalité toutes causes confondues. Les femmes y bénéficiaient d’une survie maximale avec 150 minutes d’activité physique hebdomadaire, contre 300 chez les hommes.
Un bénéfice triplé chez les femmes souffrant de maladies coronariennes
Ce doublement du bénéfice se confirme quant au risque de survenue d’une maladie coronarienne, et devient encore plus impressionnant lorsqu’on se concentre sur les personnes qui en souffrent déjà. « Les patientes atteintes de cardiopathie coronarienne qui respectaient la recommandation des lignes directrices de 150 minutes d’exercice par semaine ont vu leur risque de mortalité diminuer de trois fois par rapport aux hommes », détaille auprès de Sciences et Avenir Jiajin Chen, premier auteur de ces travaux et chercheur à l’Université de Xiamen (Chine). « Nous avons été très surpris. »
Cette étude, basée sur les données de plus de 85.000 personnes dans l’immense base de données de la UK Biobank, révèle un biais important dans les bénéfices tirés de l’activité physique. « Parmi les participants respectant les niveaux d’activité recommandés par les directives (150 minutes par semaine), les femmes ont connu une réduction relative de 22 % du risque d’incidence de maladies coronariennes, contre 17 % chez les hommes », pointe Jiajin Chen.
Hormones ou composition des muscles? Des mécanismes à explorer
Physiologiquement, les raisons expliquant cette différence entre les sexes ne sont pas connues. Les chercheurs avancent cependant plusieurs hypothèses. La première implique les oestrogènes, hormone produite en plus grande quantité par les femmes au cours de leur cycle menstruel, et qui peut favoriser la perte de graisse corporelle pendant l’exercice. « Une étude a montré que la supplémentation en œstrogènes peut augmenter l’oxydation des lipides chez les hommes pendant l’exercice, ce qui est connu pour améliorer les résultats cliniques dans les cas de cardiopathie coronarienne », explique Jiajin Chen. D’autres études devront se pencher sur ce point, d’autant que la présente étude comportait majoritairement des femmes ménopausées.
La deuxième hypothèse, qui peut se combiner à la première, repose sur la composition des muscles. Ces derniers se composent de fibres musculaires de deux types: les fibres lentes (type 1) sont plutôt associées à l’endurance et la posture, tandis que les rapides (type 2) permettent force et puissance. « Les hommes ont généralement un pourcentage plus élevé de fibres musculaires de type 2, tandis que les muscles squelettiques des femmes sont dominés par les fibres de type 1, ce qui entraîne des différences dans le métabolisme musculaire », commente Jiajin Chen. Notamment, les femmes semblent avoir une plus grande capacité à métaboliser (utiliser) les graisses pendant l’exercice.
Tenir compte du sexe dans les recommandations d’activité physique
Si ces résultats sont importants, c’est que les recommandations actuelles reposent sur des données récoltées sur l’ensemble de la population. « Nos résultats indiquent que les bienfaits cardiovasculaires de l’activité physique diffèrent selon le sexe, ce qui suggère l’intérêt potentiel d’approches spécifiques au sexe et individualisées pour la prévention et la prise en charge des maladies coronariennes », pointe Jiajin Chen.
D’autant que les femmes, qui en tireraient pourtant le plus grand bénéfice, manquent plus d’activité physique que les hommes. « À l’échelle mondiale, la prévalence d’une activité physique insuffisante était supérieure de 5 points de pourcentage chez les femmes par rapport aux hommes (33,8 % contre 28,7 %) », écrivent les chercheurs dans la publication. Jiajin Chen espère d’ailleurs que leurs travaux « pourront inciter les femmes à pratiquer une activité physique. »
Reste à s’attaquer aux raisons qui éloignent les femmes du sport, qu’un éditorial dans la revue The Lancet Public Health qualifie de « nombreuses et complexes ». Parmi elles, des normes genrées qui instillent dès l’enfance un manque de confiance et de plaisir dans la pratique sportive, un moindre financement et accès aux sports féminins et le manque de temps des femmes adultes qui cumulent emploi rémunéré, tâches domestiques et parentales.
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