Africa-Press – Benin. Il était conservé depuis près de 65 ans dans un bocal en verre, dans une maison de l’État du Missouri, aux États-Unis. Un sac en fibres végétales tissées vieux d’au moins 500 ans – et qui a peut-être jusqu’à 2000 ans – a été remis par une particulière au musée de l’Université de l’Arkansas. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des artefacts amérindiens « pré-contact » (c’est-à-dire avant que ces peuples autochtones n’entrent en contact avec les colons européens) en matière organique les mieux conservés jamais découverts dans cette partie du monde.
La petite bourse servait à transporter des graines et des outils dont certains étaient encore à l’intérieur au moment de sa découverte dans les années 1960 par Andy Juel et Jerry Webber, deux habitants de la région. Le premier avait alors toujours raconté à sa famille que le sac se trouvait dans une petite grotte située près d’une corniche rocheuse des monts Ozarks, sur lesquels il se promenait avec son ami ce jour-là.
Wife’s grandfather found this ~2,000 year old seed bag just sitting on a Missouri Ozarks hill, still filled with ancient seeds
byu/hopalongrhapsody inmissouri
Surprise de taille
De tels abris sous roches, qui offrent une certaine sécheresse et dans lesquels règnent des températures stables, sont propices à la bonne conservation des artefacts en matière organiques – même si dans ce cas précis, la conservation peut être qualifiée d’exceptionnelle.
C’est Jess Mayberry, la petite fille d’Andy Juel, qui a souhaité confier toutes ces années plus tard l’objet au musée, sans être toutefois certaine de son intérêt archéologique. « J’adorais ce sac quand j’étais petite, et quand j’ai remarqué que les graines commençaient à tomber, j’ai eu peur que nous ne fassions pas tout notre possible pour le préserver », a-t-elle confié au média américain Fox2. « Pour être honnête, nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre », a de son côté écrit l’époux de Jess Mayberry dans un long post sur Reddit. « Nous avions seulement envoyé des photos au musée par e-mail et ils nous avaient demandé d’apporter l’objet. Dès qu’ils ont posé les yeux sur le sac, nous avons été surpris de constater que l’atmosphère était presque empreinte d’admiration et de respect. »
Un objet ancestral
Pour les archéologues, il n’y a pas l’ombre d’un doute: la bourse est amérindienne et très ancienne. D’abord parce qu’elle présente de fortes similitudes avec deux exemplaires connus en moins bon état – l’un trouvé en 1932 à Barry County, toujours dans le Missouri, à seulement quelques kilomètres de la grotte visitée trois décennies plus tôt par Andy Juel ; un autre découvert à peu près à la même époque dans la région également, à Eden Bluff.
L’archéologue Mary Suter, de l’université de l’Arkansas, comparant le sac avec un autre exemplaire connu. Crédits: hopalongrhapsody/Reddit
Ensuite parce que les abris sous roche ont été occupés par les populations autochtones des Ozarks durant une période spécifique, qui s’arrête juste avant leur rencontre avec les Européens.
Enfin, parce que les outils, au nombre de sept (outils en pierre et pointes de flèches) pointent là encore dans la même direction. Leur typologie correspond à deux périodes: Archaïque moyenne, de 2000 à 5000 avant J.-C. (il y a environ 4000 à 7000 ans), et Sylvicole, de 1000 avant J.-C. à 1000 après J.-C. (il y a environ 1000 à 2000 ans). Toutefois, même datés, ces outils ne peuvent indiquer la période de production du sac lui-même.
Les trois outils et quatre pointes de flèches retrouvés dans le sac. Crédits: hopalongrhapsody/Reddit
Attribué à la tribu Osage
Les experts estiment que la bourse pourrait avoir été fabriquée par la tribu des Osages, celle-là même qui a inspiré à Martin Scorsese pour son film Killers of the Flower Moon. Une datation au radiocarbone – si celle-ci est acceptée par la tribu Osage, une condition que s’impose l’établissement public – devrait venir confirmer sa fourchette de datation.
Jess Mayberry a fait savoir qu’elle avait souhaité faire don du sac au musée de l’université de l’Arkansas (même si celui-ci avait été trouvé dans le Missouri) en raison des recherches approfondies qu’elle mène sur les fibres et les artefacts autochtones, mais aussi « parce que le sac a été trouvé près du campus et des abris où l’université mène ses fouilles. » Par ailleurs, la tribu Osage a pris pour habitude à de confier à l’institution une partie de son patrimoine archéologique pour lui assurer les meilleures conditions de conservation.
L’exemplaire d’Eden Bluff. Crédits: hopalongrhapsody/Reddit
Interrogé là encore par Fox2, Mel Zabecki, archéologue à l’Université de l’Arkansas à qui le sac a été remis, a déclaré que « ce type de vestiges organiques est extrêmement rare. » L’expert s’est dit « surpris et très enthousiaste de découvrir quelque chose de nouveau et de si bien conservé. » « Il est magnifiquement préservé, on dirait qu’il a été fabriqué hier. »
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