Africa-Press – Burkina Faso. Le lundi 26 mai 2025 restera gravé dans la mémoire de Kiléa Franck Nazaire Garanet. L’impétrant a soutenu avec brio sa thèse de doctorat unique en santé publique, option épidémiologie, à l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) de Ouagadougou. Couronnée de la mention “Très honorable”, cette soutenance s’est déroulée à l’École doctorale des sciences de la santé (ED-2S), au sein du Laboratoire de santé publique (LASAP). C’était en présence d’un jury de haut niveau venu apprécier le travail rigoureux d’un chercheur au parcours déjà riche et inspirant.
Intitulée « Les troubles hypertensifs chez les femmes enceintes et les issues défavorables de la grossesse au Burkina Faso », la thèse du nouveau docteur aborde un problème de santé publique crucial. Les troubles hypertensifs de la grossesse (THG) comptent parmi les complications les plus fréquentes et les plus redoutées de la maternité, tant pour la mère que pour l’enfant. En dépit de leur importance, ces troubles restent encore insuffisamment étudiés dans le contexte burkinabè, où les données précises sur leur ampleur et leurs déterminants manquent cruellement pour orienter les politiques de prévention.
C’est donc dans cette brèche que s’est engagée la recherche de Kiléa Franck Nazaire Garanet, avec le soutien financier de l’Académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES), dans le cadre des projets de recherche pour le développement. Ce travail a été conduit sous la direction du Pr Séni Kouanda, éminent directeur de recherche à l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS), et la co-direction du Pr Fati Kirakoya, professeure titulaire à l’Université libre de Bruxelles.
Une méthodologie rigoureuse au service de la science
Pour mener à bien cette recherche, le doctorant a adopté une méthodologie mixte rigoureuse. Une étude transversale a d’abord été réalisée dans six centres de santé en milieu rural et semi-urbain de la région du Centre-nord, afin d’estimer les comportements à risques liés aux maladies cardiovasculaires chez les femmes enceintes. Puis, une analyse des données issues du système de surveillance démographique et de santé de Kaya (Kaya HDSS) a permis d’examiner plus finement la relation entre les troubles hypertensifs et les issues défavorables de la grossesse. Des analyses statistiques multivariées, notamment la régression de “Poisson modifiée’’ et la régression logistique exacte, ont permis de tirer des résultats solides et exploitables.
Des résultats révélateurs et porteurs d’enseignements
Les résultats de la recherche montrent une prévalence préoccupante de comportements à risque. Les résultats des travaux de l’impétrant ont montré que 53,5 % des femmes enceintes interrogées consommaient insuffisamment de fruits et légumes, et 79,4 % avaient une activité physique insuffisante. Selon Kiléa Franck Nazaire Garanet, ces facteurs sont plus fréquents chez les femmes de plus de 30 ans, sans emploi, vivant en milieu semi-urbain ou appartenant à des ménages relativement aisés.
La prévalence des troubles hypertensifs de la grossesse, bien que relativement faible, est estimée à 1,4 % (1,6 % en milieu rural contre 1,2 % en milieu semi-urbain) et n’est pas anodine. Pour l’impétrant, les femmes atteintes présentent un risque accru d’accouchement par césarienne et d’issues périnatales défavorables, notamment lorsque leur tension artérielle dépasse certains seuils.
Une reconnaissance méritée d’un parcours exceptionnel
À travers cette nouvelle soutenance, Kiléa Franck Nazaire Garanet confirme un parcours universitaire remarquable. Ce second doctorat vient s’ajouter à une thèse de doctorat d’État en médecine soutenue il y a 14 ans dans la même université ainsi qu’à deux masters spécialisés: l’un en politiques nutritionnelles à l’université Senghor d’Alexandrie et l’autre en épidémiologie et biostatistique à l’Institut africain de santé publique (IASP).
Depuis 2019, il est chargé de recherche accrédité par le CAMES et il n’a cessé d’enrichir la production scientifique burkinabè et internationale. Il a déjà publié cinq articles scientifiques, dont trois dans le cadre de sa thèse, et a présenté ses travaux dans six conférences scientifiques à travers le monde.
Un jury conquis par la rigueur et la pertinence du travail
Le jury était composé de sommités académiques venues de plusieurs horizons, notamment du Pr Issaka Sombié à l’Institut supérieur des sciences de la santé (INSSA), du Pr Hyacinthe Zamane de l’UJKZ, du Pr Issaka Tiembré à l’université Félix-Houphouët-Boigny de Cocody) et du Pr Smaïla Ouédraogo de l’UJKZ. Ils ont salué la pertinence du sujet, la solidité méthodologique et la clarté dans la restitution des résultats. Ce qui a prévalu à attribuer à l’impétrant la mention “Très honorable”.
En choisissant de se pencher sur les troubles hypertensifs pendant la grossesse, Franck Garanet apporte une contribution précieuse à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale au Burkina Faso. Ses résultats plaident pour une prise en charge plus précoce et plus proactive des femmes enceintes à risque, mais aussi pour une réorientation des politiques publiques de santé maternelle, à la lumière des évidences scientifiques produites localement.
Au-delà de son apport académique, cette thèse est une interpellation pour les décideurs. La lutte contre les issues défavorables de la grossesse passe aussi par une meilleure prévention, une éducation sanitaire adaptée et une prise en compte effective des facteurs sociaux et comportementaux dans la stratégie de santé publique.
Avec ce second doctorat, Kiléa Franck Nazaire Garanet tourne une page pour en ouvrir une autre, encore plus riche de perspectives. Son engagement pour l’amélioration de la santé maternelle, son expertise en épidémiologie et sa capacité à faire le pont entre recherche, action et plaidoyer en font sans conteste un acteur sur qui l’on pourra compter dans le domaine de la santé publique en Afrique de l’Ouest.
Dans une époque où les données scientifiques doivent guider les politiques de santé, le parcours du Dr Garanet est un appel à croire en l’excellence africaine, au service de la vie.
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