Littérature : « L’Afrique n’a ni langue, ni monnaie, ni religion. Comment les autres peuvent-ils nous respecter dans ce contexte ? »

Littérature : « L’Afrique n’a ni langue, ni monnaie, ni religion. Comment les autres peuvent-ils nous respecter dans ce contexte ? »
Littérature : « L’Afrique n’a ni langue, ni monnaie, ni religion. Comment les autres peuvent-ils nous respecter dans ce contexte ? »

Africa-Press – Burkina Faso. « Les secrets de la coutume moaga ». C’est le titre du livre, volume II, de l’écrivain autodidacte, l’ancien député, Raphaël Koudwango Kouama. Il a été officiellement présenté au public ce samedi 25 mars 2023 à Ouagadougou à travers une cérémonie de dédicace qui a enregistré la présence de plusieurs personnalités coutumières, politiques et administratives. L’œuvre, qui parle de mariage traditionnel, de circoncision et de cérémonies funèbres dans l’univers moaga, est une invite à la jeune génération à ne pas tourner dos aux valeurs traditionnelles.

« Les secrets de la coutume moaga », volume II, est une chronique qui englobe un ensemble de mœurs. Cette œuvre qui est une suite logique du volume I aborde les sujets, entre autres, de mariage traditionnel, de circoncision et de cérémonies funèbres dans l’univers moaga. « Nous avons vu que notre tradition est en train de disparaître », partage l’auteur, pour qui, transmettre, en tant qu’aîné, ce qu’il a reçu comme valeurs des parents et grands-parents à la nouvelle génération est un devoir. Raphaël Koudwango Kouama estime que toutes les sociétés ont, autant qu’elles sont, des valeurs qui méritent d’être connues, promues et sur lesquelles les jeunes doivent s’appuyer pour bâtir leur avenir. D’où son invite à ne pas tourner dos aux valeurs traditionnelles, à plutôt y puiser des éléments pour avancer.

« L’Afrique n’a pas de langue, elle n’a pas de monnaie, elle n’a pas de religion. Comment les autres peuvent-ils nous respecter dans ce contexte ? (…). Nous devons travailler pour que nos enfants, nos petits-enfants, puissent connaître certaines valeurs. Avant l’arrivée des religions dites importées (religion chrétienne, religion musulmane), nos ancêtres avaient leur religion : la tradition, les fétiches. Aujourd’hui, on est envahi par les autres, qui sont en train de travailler de sorte que nous puissions perdre notre identité. L’Afrique n’est pas respectée ; c’est parce que nous avons abandonné notre culture, nous avons perdu notre identité. Les autres n’acceptent pas ce que les Africains acceptent de faire. Nous voulons donc faire savoir à la nouvelle génération qu’il faut travailler pour retourner à la source, y puiser des éléments pour son devenir. Notre rôle, c’est de transmettre à la nouvelle génération, ce que faisaient nos ancêtres », a commenté Raphaël Koudwango Kouama.

Pour Adama Ahmadé Siguiré, éditeur-écrivain, conférencier et expert en relations humaines, critique de l’œuvre, « Les secrets de la coutume moaga » est une invite à la jeunesse (africaine) à ne pas se confondre aux autres, mais à plutôt avoir son identité, tout en ayant un esprit ouvert sur le monde. « Aujourd’hui, le mariage est devenu quasiment un acte banal, avec assez de divorces. Alors qu’avant, il était l’union de deux familles, deux communautés, un acte symbolique très fort, si fait qu’on ne pouvait pas se lever du jour au lendemain pour répudier sa femme, comme cela se passe de nos jours », soulève en illustration Adama Ahmadé Siguiré, pour qui, on ne doit donc pas tout balayer du revers de la main, les éléments de la culture. Aussi exhorte-t-il les autorités et personnalités à écrire et à ne pas rester dans l’oralité, car « l’écriture valorise la culture ».

Selon le parrain, le Ouidi Naaba Kiiba, ministre du Mogho Naaba et doyen de la Cour, si la circoncision répond aujourd’hui à une simple préoccupation d’hygiène, elle était, dans la tradition, une initiation, une étape de maturité de l’individu, qui le responsabilisait et le plaçait dans le cercle d’un certain nombre de valeurs de protection et de défense de la société. « Aujourd’hui, quand vous regardez les pays qui occupent les premiers rangs de développement au monde et qui servent d’exemples, ce sont tous des pays qui n’ont pas abandonné leur culture pour celles des autres. Ils ont simplement pris des éléments sur celles des autres pour renforcer les leurs », a relevé l’autorité coutumière.

Le représentant du président de la cérémonie de dédicace, le ministre de la communication, de la Culture, des Arts et du tourisme, Valentin Kambiré, chargé de mission, a d’abord loué la régularité de l’auteur avant de mettre en exergue son choix de s’attarder sur les valeurs endogènes. Il a confié que le ministère en charge de la culture travaillera à la promotion de cette œuvre qui vient ainsi « ajouter la terre à de la terre ».

Volumineux de 120 pages, « Les secrets de la coutume moaga », volume II, est accessible à la somme de 3 000 FCFA.

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