Dossier Thomas Sankara : Me Bénéwendé Sankara revient sur 25 ans de calvaire judiciaire

Dossier Thomas Sankara : Me Bénéwendé Sankara revient sur 25 ans de calvaire judiciaire
Dossier Thomas Sankara : Me Bénéwendé Sankara revient sur 25 ans de calvaire judiciaire

Africa-Press – Burkina Faso. Pour le deuxième numéro du club de la presse organisé par le Centre national de presse Norbert Zongo, c’est maître Bénéwendé Stanislas Sankara qui était face aux journalistes. Il est revenu sur les 25 ans de la bataille judiciaire pour faire juger le dossier Thomas Sankara.

« Dossier Thomas Sankara : péripéties et enseignement d’un marathon judiciaire de 25 ans ». C’est sur ce thème que s’est tenu ce deuxième numéro du club de la presse. Pendant deux heures d’horloge, Me Bénéwendé Stanislas Sankara a entretenu les journalistes sur le thème. Il est revenu sur son parcours en tant qu’avocat de la famille du président assassiné le 15 octobre 1987, mais aussi d’homme politique.

En ce qui concerne le dossier Thomas Sankara, il a indiqué que c’est en septembre 1997, soit dix ans après l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons, qu’il sera approché par l’avocat de la famille Sankara inscrit au barreau de Paris, afin qu’il puisse déposer une plainte au Burkina Faso. Aucune enquête n’avait été ouverte auparavant. Le 29 septembre 1997, la plainte sera donc déposée. Dès lors s’en suivra une longue bataille qui va les conduire jusque devant les juridictions internationales en 2006, après avoir épuisé les recours au plan national pour faire aboutir le dossier.

« Toutes les procédures étaient verrouillées, nous étions obligés de partir à l’international. Nous sommes allés devant le Comité des droits de l’homme de l’ONU qui a rendu une décision, les constatations, pour observer que l’Etat du Burkina Faso a violé le pacte relatif aux droits civils et politiques. Ce comité a condamné l’Etat du Burkina Faso à faire une enquête, à établir un certificat de décès conforme, à faire en sorte qu’il y ait un procès équitable », a expliqué Me Sankara.

Malgré les décisions rendues par le Comité des droits de l’homme de l’ONU, le dossier Thomas Sankara ne connaîtra pas d’avancée notable pendant de nombreuses années, l’Etat du Burkina Faso ayant refusé d’exécuter la décision. « Le Burkina a évoqué plus tard un communiqué administratif qui disait en substance que les réformes entreprises par le pays sont démocratiques », a déploré l’avocat.

Il a fallu attendre l’insurrection populaire pour donner un nouveau souffle au dossier Thomas Sankara. Le juge d’instruction en charge du dossier mettra ainsi six ans pour mener l’enquête. « Le juge a fait un travail méticuleux, rigoureux. Il s’est donné tout le temps. Il a fait son travail de façon professionnelle », a déclaré Me Sankara. Et enfin le procès débutera le 11 octobre 2021 et s’achèvera le 6 avril 2022 avec le verdict.

« Pendant 25 ans, ça n’a pas été facile pour les avocats de la famille Sankara. Pendant les 25 ans, nous avons travaillé avec bonne foi parce que le président Thomas Sankara était aimé à travers l’Afrique et les gens avaient soif de vérité », a indiqué l’avocat.

Il assure également que la pression internationale a joué un rôle dans l’aboutissement du dossier Thomas Sankara et ce, malgré les obstacles politiques qui se dressaient sur le chemin des avocats des familles des victimes.

Affaire Thomas Sankara, un fonds de commerce pour Me Sankara ?

A la question de savoir si Me Sankara ne se serait pas enrichi avec le procès Thomas Sankara, l’avocat a répliqué que l’affaire a été pour lui un combat de toute une vie et non un fonds de commerce. « Quand j’entends dire que l’affaire Thomas Sankara a été un fonds de commerce pour moi, je réponds que c’est plus qu’un fonds de commerce.

C’est un capital. Un capital d’investissement de toute ma vie dans un combat pour la vérité. Est-ce que c’est la pauvre veuve Mariam ou les enfants qui sont dans la nature qui peuvent m’enrichir. Moi seul sais ce que j’endure, ce que je dépense et je sais ce que chacun fait comme sacrifice dans ce dossier. Mariam Sankara a dit d’ailleurs au cours de la conférence de presse tenue à l’issue du verdict que nous avons travaillé gratuitement et elle tenait à nous en remercier », a-t-il martelé.

Selon Me Sankara, ce qu’il retient de la longue bataille pour l’aboutissement du dossier Thomas Sankara, c’est qu’il faut la mobilisation, l’engagement et de la constance pour faire bouger les choses et surtout, il faut bannir la peur. « On affronte les risques, les menaces. Mais il faut aussi travailler à éviter de tomber dans ces risques (…) Nous avons été confrontés à la calomnie, la médisance, aux ragots. Et souvent ce sont nos confrères même qui le font. Je n’intègre pas la peur dans ce que je fais », a-t-il laissé entendre.

Pour ce qui concerne les restes de Thomas Sankara et de ses compagnons d’infortune, il assure qu’ils sont sous scellé, en lieu sûr. Ils seront inhumés en temps opportun après un choix consensuel du lieu où aura l’inhumation. Justine Bonkoungou

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