Africa-Press – Burkina Faso. C’est une nouvelle qui vient bouleverser les plans des “délinquants financiers”, comme un gardien surpris par un lobe en pleine lucarne. Après l’annonce du ministre de l’économie, le directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, Bruno Raymond Bamouni, a révélé la perte de près de 34 milliards de francs CFA due aux chèques impayés. C’est donc pour cette raison qu’à partir du 1er octobre 2025, les chèques ne seront plus acceptés pour les opérations financières de l’administration publique. Impôts, taxes, contributions de toute nature… devront désormais passer par des canaux digitaux ou, dans une moindre mesure, par des paiements en espèces. La décision du gouvernement burkinabè d’interdire l’utilisation des chèques dans l’administration publique marque, selon l’économiste et expert en inclusion financière, Dr Jean Noël Bonkoungou, un tournant décisif vers la modernisation et la sécurisation des transactions de l’État.
L’heure n’est plus aux demi-mesures, à en croire les premiers responsables du ministère de l’Économie et du Trésor public du Burkina Faso. Face à la multiplication des chèques impayés et aux pertes qu’ils génèrent, la décision d’interdire leur utilisation dans l’administration publique s’est imposée comme une mesure de salubrité financière. L’objectif ici est de stopper « l’hémorragie financière », de protéger la trésorerie de l’État, et de restaurer la confiance dans la collecte des recettes publiques.
« Une innovation irréversible »
Cette décision, si elle peut surprendre certains, reçoit le soutien d’experts en économie et en finance digitale, à l’instar de Dr Jean Noël Bonkoungou. Ce dernier affiche sa satisfaction quant à l’application de cette initiative. « Je tiens à féliciter cette initiative qui est très salutaire dans la mesure où nous sommes en train d’aller vers la digitalisation de nos services financiers. Cette innovation est très importante pour réduire les malversations financières », a-t-il affirmé.
L’économiste rappelle un cas récent de détournement des fonds du Trésor public. « En témoigne le récent cas où un de nos compatriotes avait réussi à falsifier la signature de son directeur des finances afin de pouvoir soutirer des ressources au niveau du Trésor public. Le fait de mettre fin à ces chèques au profit des usagers, je trouve, en tant qu’économiste, que c’est une bonne chose. Car la digitalisation des services financiers est irréversible. Ce qui va nous permettre de faire un gain essentiel, en réduisant au maximum les pertes financières de l’État », a confié Dr Bonkoungou.
Le nouvel outil des contribuables
Le Burkina Faso n’avance pas à l’aveugle. Pour accompagner cette transition, le gouvernement a lancé une plateforme digitale. « Mettre fin au paiement via les chèques n’est pas une fatalité, car le gouvernement a déjà développé des initiatives en mettant en place Faso Arzeka qui est une plateforme qui regroupe pratiquement l’ensemble des institutions financières. Il suffit juste de l’installer, et peu importe où vous êtes, vous pouvez l’utiliser pour vos transactions », assure l’expert en inclusion financière et en finance digitale.
À cette solution s’ajoutent les services de mobile money, déjà largement adoptés par les populations. Ainsi, les paiements aux régies financières, les règlements de marchés publics ou les virements aux acteurs du secteur informel devraient être plus rapides, plus fiables et mieux contrôlés.
Un appel à l’adaptation et à la confiance
Certes, les paiements en espèces vont continuer d’exister pour les petits montants, mais ils ne représenteront plus qu’une part marginale. Dr Jean Noël Bonkoungou invite donc les citoyens et les entreprises à franchir le pas.
L’économiste plaide aussi pour un effort de pédagogie. Sensibiliser les contribuables et les usagers de l’administration permettra de lever les appréhensions et de garantir le succès de cette réforme. « Ce que nous avons recommandé lorsque je soutenais ma thèse, c’est de travailler à la digitalisation des services financiers. Mais cela passe également par la sensibilisation de la population, qui va lui permettre de connaître les pans importants de cette innovation financière », a-t-il indiqué.
Vers une administration plus transparente
Avec cette décision, le Burkina Faso veut écrire une nouvelle page de sa gouvernance financière, celle d’un État plus transparent et plus réactif. « C’est une véritable révolution financière », résume Dr Bonkoungou.
En privilégiant les paiements digitaux et les virements bancaires, le gouvernement entend non seulement sécuriser les flux financiers, mais aussi réduire les délais de traitement, et offrir aux usagers un service plus rapide et plus fiable. L’ambition est de restaurer la confiance entre l’État et ses citoyens, d’assainir la collecte des recettes et de renforcer la traçabilité des fonds publics. Pour le Trésor, comme pour l’économiste, le temps du chèque est révolu, place désormais à l’ère de la digitalisation des services financiers.
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