Mobiliser des ressources domestiques pour financer la planification familiale

Mobiliser des ressources domestiques pour financer la planification familiale
Mobiliser des ressources domestiques pour financer la planification familiale

Africa-Press – Burkina Faso. Le financement de la planification familiale est supporté à hauteur de plus de 60% par les partenaires financiers qui, pour certains, quittent le pays en raison de la situation sécuritaire et politique. La part contributive de l’État ne fait que baisser d’année en année, dû à la situation sécuritaire qui nécessite que le Burkina investisse des ressources plus importantes dans l’effort de paix. La gratuité de la planification familiale s’en trouve donc menacée. D’où la nécessité de mobiliser des ressources au niveau local et dans le privé pour combler le gap.

Depuis 2020, la planification familiale est gratuite au Burkina Faso. Cette gratuité a, bien entendu, contribué à augmenter le taux de prévalence contraceptive qui est actuellement à 28%, selon les résultats du round 10 de la phase 4 de l’enquête PMA menée par l’Institut supérieur des sciences des populations (ISSP). Malheureusement, la gratuité de la planification familiale pourrait être menacée, au regard de la faiblesse du financement ces dernières années.

Les dépenses en matière de planification familiale étaient majoritairement financées par les partenaires à hauteur de 60% sur la période 2011-2018. Ce financement du monde extérieur a connu une légère hausse progressive en 2012 avec un pic en 2015, soit une part contributive de 80% des dépenses de la planification familiale en 2016 et 2017. L’essentiel de ce financement était destiné à l’achat des produits contraceptifs.

En 2023, les produits contraceptifs ont coûté 3 656 372 430 F CFA. L’État a contribué à l’achat de ces produits à hauteur de 10%, soit 351 659 436 F CFA. À titre de comparaison, en 2020, les produits contraceptifs ont coûté 2 350 087 344 F CFA, financés à hauteur de 38% par le budget de l’État. En 2022, cette part contributive de l’État était de 23%.

En trois ans donc, la part contributive de l’État à l’achat des produits contraceptifs est passée de 38% à 10%, soit une baisse de 20%. Une situation qui s’explique par le fait que la grande partie du budget de l’État est désormais orientée vers la défense. Alors que l’État finance de moins en moins la planification familiale, on note également une baisse de la contribution des partenaires extérieurs. Il s’avère donc nécessaire de travailler à mobiliser des ressources domestiques pour financer la planification familiale. Et cela passe par le plaidoyer auprès du privé.

Le directeur de la santé de la famille par intérim, Mahamadi Cissé, souligne que la question de la planification familiale est une priorité pour le pays. « La planification familiale réduit à elle seule de 30% la mortalité maternelle. Alors que dans nos actions prioritaires, la réduction de la mortalité maternelle figure en bonne place (…). En ce qui concerne le financement de la planification familiale, l’État fait déjà un gros effort, notamment dans l’achat des produits contraceptifs. Une part importante du budget est allouée à l’achat des produits contraceptifs. Nous avons aussi la part des partenaires, mais nous avons des gaps qu’il faut combler. Il faut savoir que l’accompagnement des partenaires n’est pas un acquis pour toujours. Nous pensons donc qu’il faut que nous comptions sur nos forces. Nous avons du potentiel que nous pouvons encore mobiliser, surtout si les gens ont une bonne compréhension de la planification familiale. Nous pourrions avoir même des particuliers qui acceptent d’accompagner le financement de la planification familiale », a indiqué M. Cissé.

Il a rappelé que la planification familiale comprend plusieurs axes. La sensibilisation, le renforcement de capacités des prestataires, le renforcement du plateau technique sont autant d’axes de la planification familiale, qui peuvent être financés par les ressources domestiques. Pour Aguiébina Ouédraogo, l’atteinte des objectifs en matière de planification familiale est un impératif pour le Burkina Faso dans sa quête de la maîtrise de la démographie et de la réduction des décès maternels et infantiles.

De son point de vue, l’accès des femmes à la planification familiale et des adolescents et jeunes à la contraception, permettra de changer la structure de la population, dans l’optique de la capture du dividende démographique.

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