Au Burkina Faso, histoire d’un enrôlement forcé

Au Burkina Faso, histoire d’un enrôlement forcé
Au Burkina Faso, histoire d’un enrôlement forcé

Africa-Press – Burkina Faso. Son arrestation a soulevé une vague de protestation sur les réseaux sociaux. Le 22 mars, moins d’une semaine après sa prise de parole critiquant la réponse sécuritaire du capitaine Ibrahim Traoré, Boukaré Ouedraogo était embarqué par des militaires à sa sortie d’un entretien avec le président de la transition à Kaya. Membre de la société civile et président du mouvement « l’Appel de Kaya », il a été vu quelques jours plus tard en tenue militaire, en formation sur un champ de tirs, lui qui souffre d’un handicap visuel.

« Il faut que le président Ibrahim Traoré vienne sur le terrain pour s’imprégner des réalités. […] On ne peut pas gouverner sur Facebook. » Le 16 mars, entouré des membres de son collectif réuni à l’occasion d’une conférence de presse organisée à Tougouri (Centre-Nord), Boukaré Ouedraogo interpellait directement le président de transition sur la situation sécuritaire dans sa région. « Il faut que le président prenne des mesures fortes pour soulager les populations. » Une prise de position qui lui a valu messages d’intimidation et appels anonymes les jour suivants.

Mise en garde

Comme s’il répondait à son appel, Ibrahim Traoré organisait quelques jours plus tard, le 22 mars, une visite à Kaya, chef-lieu de la région, situé à 70 kilomètres de Tougouri. Dans son discours aux « forces vives de la nation », il n’a pas manqué de différencier « ceux qui luttent pour le Burkina et ceux qui luttent contre », tout en sommant ces derniers d’arrêter. Un avertissement lancé à Boukaré Ouédraogo ?

Le jour même, à la fin d’une audience avec le président à la résidence du gouverneur de Kaya, Boukaré Ouédraogo était arrêté « sur instruction de Traoré », selon un de ses proches. « Ils ont eu un entretien, et après ils l’ont embarqué », se souvient un témoin de la scène. Une arrestation « arbitraire portant atteinte à la liberté d’expression », selon le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC), qui ajoute que Ouédraogo a été « embarqué de force pour une destination inconnue ».

Enrôlement forcé ?

La réapparition du président de « l’Appel de Kaya » sur les réseaux sociaux ce 26 mars n’est donc pas passée inaperçue. Vêtu d’un treillis militaire aux couleurs du Burkina Faso, il apparaît dans une vidéo, genou à terre dans un champ, s’entraînant au tir. Au-dessus de lui, un homme lui montre les bons gestes, laissant penser qu’il suit une formation pour devenir Volontaire pour la défense de la patrie (VDP), les supplétifs civils de l’armée.

Pour son camarade cité plus haut, aucun doute sur l’authenticité des images : il s’agit bien de Boukaré Ouédraogo. Mais son enrôlement en tant que VDP est moins certain, notamment à cause de son handicap visuel. Selon lui, une autre explication est possible : « Il est probable qu’il ait été envoyé sur le terrain pour apprécier les efforts fournis par les forces de sécurité et les VDP. »

Être envoyé sur le terrain pour connaître les difficultés du front, nouvelle menace pour la société civile burkinabè ? Depuis le 25 mars, le responsable de la Coalition de convergence patriotique, qui avait demandé un remaniement ministériel en conférence de presse, aurait lui aussi été arrêté et enrôlé parmi les VDP.

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