Africa-Press – Burkina Faso. Issouf Ouattara est un produit du Centre de formation de Matourkou de Daouda Sanou dit Famoso. Il totalise dix-sept sélections en équipe nationale avec, à la clé, deux CAN dont la plus aboutie en 2013 en Afrique du Sud. A l’international, Issouf Ouattara a joué au Portugal, en France, en Arabie Saoudite, à Chypre et en Egypte. Dans cette interview qu’il nous accorde, celui qu’on a surnommé Carlos du fait de ces lourdes frappes, revient sur sa carrière. Il donne également son appréciation sur le groupe actuel des Etalons.
: Comment se porte Issouf Ouattara ?
Issouf Ouattara: Issouf Ouattara se porte très bien. C’est vrai qu’on a raccroché les crampons mais on se maintient comme on peut. Pour l’instant en tout cas, tout va très bien. Il n’a y a pas de souci.
En quelle année avez-vous arrêté votre carrière ?
Si ma mémoire est bonne, j’ai mis fin définitivement à ma carrière il y a de cela un an et demi. Le dernier club dans lequel j’ai joué est Salitas FC ici, au Burkina Faso. J’y ai passé six mois et après j’ai décidé d’arrêter et de passer à autre chose.
Dans quelles activités vous vous investissez actuellement ?
Personnellement, je suis dans l’import-export. J’ai ma structure et tout se passe très bien. On va pour l’instant se concentrer sur ça. J’ai aussi ma licence CAF (entraîneur) pour la Fédération burkinabè de football (FBF). Cela veut dire que je n’ai pas totalement abandonné le football. Même si on a nos petites activités de gauche à droite, on reste toujours à côté.
Quels sont les différents clubs dans lesquels Issouf Ouattara a joué ?
Il faut d’abord préciser que j’ai été formé au Centre de formation de Matourkou par Daouda Sanou, à Bobo-Dioulasso. Je tiens à mentionner cela car c’est un monsieur à respecter et à féliciter pour tout ce qu’il a fait pour nous et pour le football burkinabè, de façon générale. Après le Centre de formation de Matourkou, j’ai évolué à l’AS SONABEL en 2006. Après l’AS SONABEL, j’ai déposé mes valises à l’Etoile filante de Ouagadougou (EFO) pour une saison. Passée cette étape au Burkina Faso, Je me suis envolé pour le Portugal, notamment à União Desportiva de Leiria et au DC Trofense de 2008 à 2011. Après le Portugal, j’ai fait un tour en France, particulièrement à Nîmes Olympique, de 2011 à 2012. J’ai joué également en Bulgarie, à Chypre et en Libye. Tout s’est très bien passé dans tous ces clubs que j’ai cités. L’avant dernier pays dans lequel j’ai fait valoir mes talents, c’est l’Egypte. Tout ne s’est pas bien passé dans ce pays. Après l’Egypte, j’ai terminé avec l’Arabie saoudite.
C’est dans lequel de ces clubs vous aviez le plus gros salaire ?
(Rires). Je dirais que c’est au Portugal. Oui au Portugal j’avais un bon salaire. Sur les papiers en Egypte, j’avais aussi un bon salaire. Mais j’ai eu des soucis en Egypte avec plusieurs mois d’arriérés de salaire. On parle de près de 600 000 dollars, environ 300 millions de francs CFA. En voulant le revendiquer, mon passeport a été bloqué. J’ai envoyé cette affaire à la Confédération africaine de football (CAF) ensuite au Tribunal administratif du sport (TAS). Jusque-là, je n’ai pas encore eu gain de cause.
D’où vous vient le surnom Carlos, faisant allusion au joueur brésilien, Roberto Carlos ?
Très jeune, dans les équipes du quartier, j’avais de longues et lourdes frappes. Dans mon quartier, en son temps, j’avais un ami Yoruba, qui est lui-même surnommé Abedi Pélé. C’est lui qui m’a surnommé Carlos. J’avais entre 11 et 12 ans. Ce surnom m’a suivi jusque dans ma carrière professionnelle.
Que retenez-vous de votre parcours et de votre carrière de façon générale ?
Je peux affirmer sans hésiter que nous avons eu une bonne et fructueuse carrière. Personnellement, j’ai fait une belle carrière parce que ce n’est pas simple. Ce n’est pas facile de quitter son pays pour l’Europe et faire autant de clubs. J’ai joué en ligue 1 et 2 française, au Portugal, à Chypre, en Arabie saoudite, etc. Ce n’est pas donné. Au Centre de formation à Matourkou, on était nombreux, environ une trentaine. Ce n’est pas tout le monde qui a eu la chance de sortir et de goûter aux championnats européens. Je suis fier de cela. Avec l’équipe nationale, j’ai contribué à écrire les plus belles pages de l’histoire du Burkina en phase finale d’une CAN en Afrique du Sud, en 2013. Je n’oublierais jamais ces moments.
Avez-vous des souvenirs douloureux qui vous ont marqué dans cette carrière ?
Evidemment. C’est sans conteste mon passage en Egypte. Mon passage dans ce pays a été très douloureux pour moi. Les clauses du contrat qui m’ont amené là-bas n’ont pas été respectées. Rien de tout ce qui était convenu n’a été respecté. Entre temps, le club a bloqué mon passeport. Cet épisode me reste toujours en travers de la gorge. Je n’arrive pas à le digérer, mais c’est la vie. Tout ne peut pas être rose. Il y a des moments difficiles qu’on est obligé de traverser. Le plus important c’est de rester fort et de rester digne.
Comment jugez-vous le niveau actuel du groupe des Etalons ?
A mon avis, le niveau est bon. Ce sont de jeunes joueurs talentueux qui sont ensemble. C’est un bon groupe, il suffit seulement qu’ils soient solidaires entre eux. Je trouve qu’il n’y a pas de leader qui pourra conduire le groupe. Par exemple à notre époque, il y avait des leaders comme Charles Kaboré et autres. Mais chez les jeunes, je ne vois pas un leader qui peut pousser les autres à redoubler d’efforts et monter plus haut. Mais je pense qu’il faut leur donner du temps. Avec de l’abnégation et du travail, je crois qu’ils vont faire de grandes choses.
Jusqu’où pensez-vous qu’ils peuvent arriver à la CAN au Maroc ?
(Rires). Tout dépendra d’eux. Je ne leur souhaite que le meilleur. Il leur faut, comme je l’ai dit, rester soudés.
Un dernier mot ou un appel à lancer ?
C’est d’appeler tous les Burkinabè à soutenir l’équipe nationale qui est là. Ils ont beaucoup de talents. Mais ce sont de jeunes joueurs qui ont besoin de soutiens et de conseils. N’oubliez pas que le football peut contribuer à faire oublier un tant soit peu ce que nous traversons. A la CAN 2013, après chaque match, les voisins, pour ne pas dire tout le quartier, se retrouvaient chez nous pour faire la fête. Il n’y a que le football qui peut nous permettre de voir cela.
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