Africa-Press – Burkina Faso. À Vancouver, une équipe chirurgicale a réussi à redonner la vue à des patients aveugles grâce à une opération inédite utilisant… une dent. Une première au Canada qui ouvre de nouvelles perspectives pour les personnes atteintes de cécité cornéenne sévère.
Après deux décennies passées dans le noir, Brent Chapman, 34 ans, a pu échanger un regard avec son chirurgien, le Dr Greg Moloney, de l’Hôpital Mount Saint Joseph. Un moment d’émotion intense. « C’était le tout premier regard que j’échangeais avec un autre être humain en 20 ans », confie-t-il, en larmes.
Atteint du syndrome de Stevens-Johnson depuis l’adolescence, Brent avait subi plus de 50 opérations sans succès avant cette nouvelle technique: l’ostéo-odonto-kératoprothèse (OOKP), surnommée « dent dans l’œil ».
Cette procédure spectaculaire consiste à façonner une dent du patient pour y insérer une lentille. L’implant est d’abord logé dans la joue pendant plusieurs mois, afin que le corps développe un apport sanguin autour du tissu reconnu comme sien. Ensuite, il est transplanté et fixé à l’avant de l’œil.
Selon le Dr Moloney, « la dentine est un tissu biologique parfait qui empêche le corps de rejeter l’implant ». Les résultats internationaux sont prometteurs: après 30 ans, 90 % des prothèses sont toujours en place et environ 60 % des patients conservent une vision utile.
Brent n’est pas seul à bénéficier de cette avancée. À Victoria, Gail Lane, 75 ans, aveugle depuis dix ans, a pu voir pour la première fois le visage de son conjoint, Phil. « Je commence à distinguer les traits des gens, c’est enthousiasmant. Je peux même choisir mes vêtements sans aide ! », se réjouit-elle. Ces gestes simples lui redonnent une autonomie perdue depuis longtemps.
Le Dr Moloney raconte avoir rencontré Brent il y a 15 ans, alors qu’il était encore résident. L’absence de solution l’avait marqué. « C’est son cas qui m’a poussé à me former en Australie et à ramener cette technique au Canada », raconte-il.
Pour lui, il faudra attendre une décennie pour parler de véritable succès, mais les perspectives sont réelles. « Si la seule raison de ne pas offrir cette opération est qu’elle est difficile, alors ce n’est pas une raison suffisante », insiste-t-il.
Aujourd’hui, Brent redécouvre les visages, les paysages, et même les films. Entre émotion, science et persévérance, cette première canadienne redonne l’espoir à des milliers de patients dans le monde.
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