Africa-Press – Burundi. 50 ans après la création de l’organisation communautaire: la Cédéao des Peuples incontestable est restée une chimère. Au cas où la rupture serait irréversible avec l’Aes qui en est issue, celle-ci éviterait cette erreur en œuvrant à placer les populations au cœur de ses préoccupations.
Ce 28 mai 2025 marque les 50 ans de la Cédéao. Durant cette période, elle a, certes, fourni assez d’efforts, entrepris plusieurs initiatives, et posé beaucoup d’actions salutaires, surtout en terme d’intégration économique. Cependant, des failles énormes de gouvernance endogène ont sapé quelque part les résultats positifs qu’elle a obtenus. Une chose est incontestable: la Cédéao des Peuples, dont l’impérieuse nécessité a été mentionnée et fixée comme objectif à atteindre, dans le protocole additionnel de cette organisation sous-régionale, est restée jusqu’ici une chimère. Cette réalité a fortement écorché l’image et le crédit de la Cédéao auprès de ses ressortissants que nous sommes. Nous avons été nombreux, à tort ou à raison, à la qualifier de syndicat de Chefs d’Etats de l’Afrique de l’Ouest. C’est explicable et compréhensible à plus d’un titre.
L’Alliance des États du Sahel (l’Aes) n’est pas issue d’un processus révolutionnaire, fondé sur une volonté de redéfinition et de remise en cause systémique de la problématique de l’intégration et de l’unité sous-régionale. Non ! Elle a plutôt été la conséquence d’une stratégie réactionnaire motivée par le repli sur soi pour être à l’abri d’attitudes ou de postures, normatives ou pas, de la Cédéao face aux dynamiques sociopolitiques enclenchées dans les 3 pays du Sahel central entre 2020 et 2024.
Pourtant, l’Aes a été accueillie à bras ouverts par une forte majorité de ses populations, qui continuent toujours, à bien des égards, à lui fonder un énorme espoir et à la soutenir. Cela est parce que, d’une part, la Cédéao a été largement en deçà de nos attentes et, d’autre part, parce que l’Aes enregistre quelques avancées indéniables, malgré les énormes difficultés transversales qui aspergent cette nouvelle entité, qui a réduit le nombre des pays membres de la Cédéao à 12.
De cette courte et modeste réflexion improvisée, deux (02) hypothèses peuvent être succinctement analysées dans le rapport Aes – Cédéao dans le contexte actuel de rupture entre les 2 entités:
Primo, une continuité de l’Aes au sein de la Cédéao peut être envisagée. C’est possible et faisable. Je peux me tromper sur toute la ligne, mais elle devrait arriver. J’ai expliqué pourquoi et comment dans une sortie il y a quelques mois. Dans ce cas de figure, l’Aes connaîtra forcément une nouvelle réadaptation…
Secundo, l’Aes poursuivra son évolution dans le cadre de la reconfiguration de la géopolitique du Sahel, dont elle est d’ailleurs la cause principale. Dans cette hypothèse, le plus grand défi qu’elle doit relever sera de s’inscrire dans le schéma irrévocable de l’Aes des Peuples. C’est-à-dire, une Aes qui place les populations au cœur de toutes les préoccupations, en les associant aux prises et à l’implémentation des décisions majeures qui ont des conséquences historiques, socio-économiques, culturelles et sécuritaires sur leur existence.
Voilà à mon avis, le combat que doivent mener tous les citoyens conscients de l’Aes, en lieu et place d’un soutien inconditionnel, indéfectible et aveugle aux dirigeants et aux régimes de l’Aes, au nom d’un patriotisme, d’un panafricanisme et d’un souverainisme dont les contours, le contenu et les objectifs restent le plus souvent flous et des moins sincères.
En tout cas, c’est cela mon humble cheval de bataille pour une Aes des Peuples, afin d’éviter que nous ne tombions dans une Aes des Chefs d’Etats, comme nous l’avons reproché aux Chefs d’Etats de la Cédéao. Ce risque demeure, et c’est pourquoi la vigilance et la veille doivent être permanentes.
Source: abamako.com
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