CE Qu’Il Faut Savoir
Les tensions entre l’Éthiopie et l’Érythrée refont surface, notamment autour du port d’Aseb, symbole de souveraineté. Le Premier ministre éthiopien a évoqué l’importance d’un accès maritime, tandis que le président érythréen a rejeté toute ingérence éthiopienne, soulignant la complexité des relations entre les deux pays malgré un accord de paix en 2018.
Africa. Après deux ans seulement depuis la fin de la guerre du Tigré, les tensions entre l’Éthiopie et l’Érythrée refont surface, cette fois par le biais de la mer Rouge, où le port d’Aseb érythréen ravive les différends historiques entre les deux pays.
La ville côtière, située à seulement 60 kilomètres de la frontière éthiopienne, est devenue un symbole renouvelé de souveraineté et d’identité nationale, ainsi qu’un théâtre de tensions régionales croissantes, comme le souligne un rapport d’Africa Report.
En octobre, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a suscité un large débat en déclarant devant le parlement que “l’accès de l’Éthiopie à la mer est une question de survie”, considérant que priver son pays d’un accès maritime constitue “une injustice historique, géographique et légale”.
Cette déclaration, qui a été interprétée par certains comme un appel à l’intégration régionale, a été perçue à Asmara comme une menace voilée à la souveraineté nationale, selon Africa Report.
Le président érythréen Isaias Afwerki n’a pas tardé à répondre, affirmant dans une interview télévisée que “la sécurité de la mer Rouge concerne uniquement les pays côtiers”, en référence claire à son refus de tout rôle éthiopien dans la gestion de ce passage vital.
Le rapport indique que cette divergence de discours reflète la profondeur du fossé entre les deux pays, malgré l’accord de paix signé en 2018.
Historiquement, le port d’Aseb était la bouée de sauvetage économique de l’Éthiopie, absorbant plus de 90 % de son commerce extérieur avant l’indépendance de l’Érythrée en 1993. Il abritait la seule raffinerie de pétrole du pays, ce qui en faisait, selon le chercheur Brook Hailu, “plus qu’un simple port, mais un symbole de la souveraineté économique éthiopienne”.
Cependant, après l’arrivée au pouvoir de la ‘Front révolutionnaire démocratique’ en Éthiopie, la perception des ports a changé, étant considérés comme des outils commerciaux négociables, et non comme des droits souverains.
Le chercheur juridique Tilahun Adamu, dans une interview avec Africa Report, souligne que “la direction éthiopienne de l’époque a raté une occasion historique de maintenir une présence à Aseb, ou même de négocier à ce sujet, rendant le dossier en suspens et sans fin”.
Aujourd’hui, cette question refait surface, alimentée par des facteurs politiques internes plus que géographiques.
Le gouvernement éthiopien, comme le précise le rapport d’Africa Report, cherche à utiliser le récit du “mer comme droit existentiel” pour mobiliser le soutien populaire et renforcer sa position intérieure, face à des défis économiques et sécuritaires croissants.
En revanche, l’Érythrée maintient sa position ferme qu’il n’y a pas de discussion sur la souveraineté des ports, et que tout arrangement avec l’Éthiopie doit se faire par des accords bilatéraux clairs.
Cependant, la paradoxale situation est que le port d’Aseb lui-même souffre de stagnation depuis la guerre des frontières (1998-2000) et que son infrastructure est vieillissante, limitant sa capacité à jouer un rôle économique efficace.
L’expert maritime Hamidi Abdi, dans une interview avec Africa Report, avertit que le conflit autour d’Aseb dépasse le simple désaccord logistique, devenant une question d’identité nationale et un outil de pression régionale.
Il ajoute que toute tentative de reposer le dossier sans un véritable consensus pourrait conduire à une crise diplomatique ou même à un affrontement direct.
Dans ce contexte, des complications supplémentaires émergent, notamment la crise soudanaise, que des responsables africains ont qualifiée lors des récentes réunions sur la migration de “l’une des crises humanitaires les plus complexes du continent”.
Le rapport souligne que l’absence d’accès humanitaire et la difficulté d’acheminer l’aide au Soudan reflètent la fragilité de l’architecture régionale, compliquant davantage toute initiative collective pour gouverner la mer Rouge ou gérer les conflits frontaliers.
De plus, l’absence de mécanismes régionaux efficaces pour résoudre les conflits et la multiplicité des voies de médiation extérieure affaiblissent la capacité de l’Union africaine à contenir les tensions.
Africa Report affirme que la gestion du dossier d’Aseb ne peut être dissociée d’une crise plus large concernant l’équilibre des pouvoirs dans la Corne de l’Afrique, où les intérêts nationaux se croisent avec l’héritage des guerres et des séparations, en l’absence d’une vision commune pour l’avenir de la région.
En fin de compte, Aseb reste plus qu’un simple port: c’est un nœud historique, un symbole de souveraineté, et un point de test permanent de la fragilité de la paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée.
Alors que les revendications éthiopiennes s’intensifient et qu’Érythrée maintient ses positions, la mer Rouge demeure un théâtre ouvert aux possibilités d’escalade ou de détente, conclut Africa Report.
Le port d’Aseb a historiquement été crucial pour l’Éthiopie, représentant plus de 90% de son commerce extérieur avant l’indépendance de l’Érythrée en 1993. Avec la montée au pouvoir de la ‘Front révolutionnaire démocratique’, la perception des ports a changé, les considérant comme des outils de négociation plutôt que comme des droits souverains.
Aujourd’hui, la question du port d’Aseb est ravivée par des facteurs politiques internes en Éthiopie. Le gouvernement éthiopien utilise le discours sur l’accès maritime pour mobiliser le soutien populaire face à des défis économiques croissants, tandis que l’Érythrée maintient une position ferme sur la souveraineté des ports, rendant toute négotiat.





